Le travail ambitieux du chef opérateur Stéphane Fontaine, ayant officié chez Jacques Audiard pour De battre mon cœur s'est arrêté et pour Un Prophète, est méticuleusement retranscris. Le master respecte le grain cinéma vu en salles lors de sa sortie tout en mettant en valeur les ambiances glacées voire cliniques à dominante bleue et blanche (l'aéroport, les bureaux de la DST), ainsi que les atmosphères nocturnes balançant entre des noirs duvetés et des séquences plus hâlées. Les visages des comédiens manquent volontairement de détails et la caméra quasi-organique de Nicolas Saada s'attachant de près aux personnages est relativement soutenue par une compression correcte mais parfois hésitante dans les scènes sombres. C'est là tout le dilemme récurrent lors de la sortie en DVD ou Blu-ray d'un film prenant de tels partis-pris esthétiques : offrir une qualité d'image d'exception au risque de dénaturer les volontés artistiques du chef opérateur et du metteur en scène, ou bien comme c'est heureusement le cas ici, respecter les choix stylistiques d'origine au risque de proposer une image peu étincelante.
Trois lourdes pistes sont au programme. Si la piste DTS 5.1. l'emporte du point de vue clarté et abondance des surround, la piste DD 5.1. n'est pas en reste et délivre amplement et de manière dynamique la bande-originale signée Cliff Martinez, compositeur attitré de Steven Soderbergh sur une dizaine de films. Quelques effets bien sentis sont ainsi distillés durant le film sur les frontales sans pour autant engorger la compréhension des dialogues extraits efficacement de l'enceinte centrale. Le caisson de basses s'avère lui aussi énergique et se révèle encore plus saisissant sur la piste DTS. L'écoute se montre tout aussi remarquable en stéréo bien que l'atmosphère tendue et palpitante s'en trouve amoindrie par l'absence des enceintes latérales.
Pour son premier commentaire audio Nicolas Saada frappe fort ! A l'aise dès l'introduction, le metteur en scène se montre peu avare en anecdotes et péripéties de tournage et ne s'arrête jamais de remercier son équipe qui l'a soutenu pour son premier long métrage, du décorateur au compositeur en passant par le directeur de la photo et le monteur, signifiant ainsi qu'un film n'est pas l'affaire d'un seul homme mais avant tout d'une équipe. Le caractère enjoué et passionné du réalisateur est communicatif et Nicolas Saada affiche clairement ses références aux films et cinéastes qui l'ont bercés et inspirés (Alfred Hitchcock, Jean-Pierre Melville, Fritz lang). Parallèlement, le cinéaste croise le fond et la forme en dressant un exposé avisé du film de genre en l'occurence ici le film d'espionnage, et réalise une véritable déclaration d'amour aux comédiens et à la ville de Londres qu'il a tant aimé filmer. Dans ses propos, Nicolas Saada fait référence à quelques séquences coupées qu'on aurait bien aimé voir mais il faudra se contenter de ce remarquable commentaire audio.