Espion(s)

Histoire d'amour intense, rencontre de deux solitudes sur fond d'espionnage magistralement mis en scène dans une ville de Londres cosmopolite et filmée comme dans les plus beaux fleurons du cinéma d'espionnage de naguère où plane l'ombre d'Alfred Hitchcock (on pense notamment aux Enchaînés et Sueurs froides), Espion(s) surprend par sa virtuosité narrative et plastique, prend le spectateur aux tripes de la première à la dernière image et offre à Géraldine Pailhas et à Guillaume Canet deux de leurs plus beaux rôles. L'émouvante fragilité des deux interprètes principaux, l'excellence des seconds rôles (Stephen Rea, Hippolyte Girardot, Archie Panjabi) ainsi qu'une véritable identité esthétique et une optique réaliste tournée vers le terrorisme contemporain donnent au film de Nicolas Saada (ancien journalise aux Cahiers du cinéma) un éminent prestige surpassant en tous points tous les films de genre récents en particulier Secret défense. A l'instar de Pour elle de Fred Cavayé, Espion(s) confirme l'émergence d'un nouveau cinéaste sur lequel il faudra sérieusement compter.