Nous sommes devant une restauration datant de 2001 qui s'en sort bien pour un film tourné en 1968 avec un budget rikiki et réalisé à l'arrache. Comme c'est souvent le cas, l'ennui provient des couleurs claires, en particulier le blanc mettant en évidence un grain très prononcé (voir la scène de la photo à la 24ème minute) ainsi que divers scories qui ont échappé au scalpel numérique. La compression se fait de temps à autres trop hasardeuse (13ème minute) et les fourmillements sont légion (29ème minute, gros soucis durant cette séquence). Autrement, les couleurs sont correctement contrastées, les nombreux plans fixes sont d'une très honnête facture, le plein cadre 1.33 est respecté et le tout fleure bon la palette colorimétrique spécifique des sixties.
Boycottez à tous prix la piste française qui dénature complètement le film de Brian De Palma par l'utilisation de musiques de fond complètement opposées à celles de la version originale, comme par exemple à la 48ème minute (scène de la mystique) et à 1h19 de film. Bien que le générique Greetings Greetings Greeeeeetings soit un ton au-dessus de la version originale, la piste française demeure sale, les dialogues semblent avoir été enregistrés récemment dans une salle isolée mais les craquements, les grésillements et un souffle permanent nous font penser le contraire. A la dixième minute du film, les crépitations sont nombreuses, parfois la musique est aussi forte que les dialogues alors que sur la version originale elle est juste présente en fond sonore (exemple à la 29ème minute). La disparité est telle que même certains bruitages ont été recréés. Prenez par exemple à 1h18 du film où les roulements de tambours semblent avoir été réalisés au synthétiseur. Dernier exemple, la scène finale au Vietnam où les bruitages de coups de feu sortent directement d'une série télévisée.
Maintenant, devant la version originale, on est déjà plus rassuré. Les dialogues sont certes un peu étouffés et parfois très bas, mais le tout se maintient avec fluidité et naturel. Quelques parasites et un peu de friture sont à déplorer mais la piste reste en parfaite adéquation avec le film.
A FilmsActu, on aime Jean-Baptiste Thoret et dieu sait qu'il était la personne toute désignée pour évoquer le troisième film de Brian De Palma. N'omettant aucun élément historique sur la guerre du Vietnam et ses contestations ainsi que sur l'assassinat de John F. Kennedy, Thoret replace Greetings dans la filmographie de Brian De Palma avec dynamisme et didactisme, de la première à la toute dernière image. De la technique (influence de la Nouvelle Vague mais aussi d'Antonioni et son Blow Up) à la thématique (le voyeurisme, prémices de la future œuvre de De Palma) sans oublier le casting et ses scènes préférées, on ne saura que trop vous conseiller l'écoute de ce fascinant exposé qui vaut de loin tous les bonus imaginables habituellement servis dans l'unique but de remplir un DVD. Chaque détail y est abondamment abordé et décortiqué et une chose est sûre, vous ne verrez plus Greetings du même œil après écoute du commentaire.
Introduction à Greetings par Luc Lagier (8min31)
A l'instar de ses introductions réalisées habituellement pour l'éditeur MK2 (cf le DVD de Paranoid Park), le critique de cinéma, documentariste et auteur du livre Les Mille yeux de Brian De Palma replace, comme l'a fait précédemment Jean-Baptiste Thoret, le film dans son contexte. De ce fait, beaucoup de propos y sont redondants et n'apportent finalement que peu d'éléments inédits si vous aviez écouté le commentaire juste avant. De plus, le montage n'aide pas vraiment la redondance avec principalement un fond noir sur des écrits blancs et des images tirées du film.