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Greetings

Le 06/10/2007 à 08:02
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Notre avis
7 10 Bourré de références à ses maitres du cinéma (Hitchcock), et hommage direct aux cinéastes de la Nouvelle Vague (Truffaut, Godard, etc...), témoignage d'une époque (68 et la guerre du Vietnam), Brian De Palma signe un ovni cinématographique, drôle et singulier, qui renferme déjà ses futures thématiques telles que le voyeurisme. Robert De Niro apparaissait ici pour la seconde fois à l'écran dans un vrai premier rôle.

Critique Greetings

1968, la guerre du Vietnam bat son plein, les contestations fleurissent, la paranoïa s'installe progressivement depuis la remise en cause du rapport de la Commission Warren, chargée d'enquêter sur les circonstances de l'assassinat de JFK. Après plus de 550 témoins écoutés en 10 mois et 10 millions de dollars plus tard, le rapport est rendu : l'existence d'un complot n'est pas prouvée et Lee Harvey Oswald est retenu comme étant le seul responsable de cet assassinat. Pour une majorité d'Américains, Oswald fait partie d'une conspiration. Des cinéastes profitent de leur moyen d'expression pour traiter de cette folie collective. Greetings traite de ce sujet, non pas de la mort du président Kennedy mais de l'enquête sur son assassinat. Pour De Palma, plus on enquête moins on comprend. Dans son troisième film, un des trois personnages, Lloyd Clay (Gerrit Graham, le Beef de Phantom of the Paradise) ne croit pas à la thèse officielle défendue par la Commission et tombe dans l'obsession. Cette psychose quotidienne se reflète dans des scènes anodines où une vente clandestine d'un petit film érotique fait en réalité référence à la vente sous le manteau du film de l'assassinat de Kennedy échappé des mains de la Commission Warren qui était alors en plein essor. Ce film avait la particularité de proposer des images agrandies jusqu'à voir les dégâts corporels sur la personne même du président américain. Dès Greetings, Brian De Palma aborde la théorie du complot.


Critique Critique Greetings

 

Greetings sert également de document sur la jeunesse de l'époque. Les trois personnages principaux du film profitent de leur dernière part d'innocence, se courent après dans la rue, sautent par dessus les clôtures (images volées, ne manquez pas les réactions des passants et des policiers) et vivent leurs derniers jours comme si la fin du monde était proche. Brian De Palma filme sans autorisation avec un budget d'environ 30 000 dollars et laisse ses acteurs improviser la plupart du temps pendant 2 semaines. Le cinéaste participe activement à la contre-culture aux Etats-Unis alors en pleine révolution sexuelle.

Le film est composé de petites vignettes amusantes, parfois psychédéliques, et qui font réfléchir sur l'état d'esprit des Américains de 1968. Cette succession de séquences a pour unique but de contrecarrer complètement le discours d'ouverture du président américain Lyndon Johnson (qui a succédé à JFK en 1964) qui s'époumone à la télévision afin d'annoncer que le pays ne va pas si mal que ça même s'il a connu mieux. Le président est lui-même enfermé dans la télévision (le cadre dans le cadre) que finalement personne ne regarde, le petit écran étant devenu un objet du quotidien placé au milieu de la cafetière et des livres. La guerre du Vietnam est ainsi ancrée dans le quotidien, devenue banale.


Critique Critique Greetings

 

Enfin, Greetings est une déclaration d'amour au cinéma, celui de Godard (dans son montage aléatoire et saccadé mais aussi dans les ruptures de son, les acteurs s'adressant directement à la caméra, les faux raccords), à Truffaut et Hitchcock (dont le livre d'entretien est montré), et à Antonioni dont le film Blow-Up est ouvertement cité et plagié. C'est aussi un hommage au cinéma muet, au burlesque, avec une scène ouverte grâce à l'iris, par l'utilisation de l'accéléré et des cartons narratifs. Des références cinématographiques dont Brian De Palma se revendique tout en laissant apparaître les thèmes qui marqueront l'œuvre à venir du cinéaste, les bases qui feront son style au fil du temps. Le voyeurisme tient déjà une grande place dans Greetings avec la création du peep-art créé par Jon (Robert de Niro), l'art qui consistant à regarder des jeunes femmes se déshabiller... en réalité un stratège mis en place pour passer à l'acte sexuel, les hommes étant incapables d'aborder les femmes de manière banale. On l'aura compris, ces trois amis sont en réalité des metteurs en scène. L'un met en scène ses fantasmes en dirigeant des jeunes femmes qui s'effeuillent petit à petit devant son objectif, l'autre les diverses théories concernant l'assassinat de JFK, le dernier se met en scène afin de se faire passer pour ce qu'il n'est pas dans le but de se faire réformer. Trois jeunes réalisateurs en herbe dirigés eux-mêmes par le cinéaste Brian De Palma caché derrière sa caméra. Le cadre dans le cadre comme la toute première scène du film avec le président Johnson enfermé lui-même tel un pantin dans le cadre même de De Palma.


Critique Critique Greetings

 

La guerre du Vietnam est également un thème que l'on retrouvera plus tard dans Outrages en 1989. Greetings est une comédie burlesque voyeuriste et paranoïaque, une oeuvre ouvertement politique, contestataire, un engagement qui se fera plus rare par la suite chez le cinéaste. Le film fait rire mais également réfléchir et propose plusieurs modes de lecture.

 

En raison de quelques femmes montrées nues, le film est classé X aux Etats-Unis. Greetings engrange 3 millions de dollars à travers le monde et De Palma reçoit l'Ours d'argent au Festival de Berlin en 1969. Le film lance sa carrière de cinéaste international et De Palma réalisera une suite directe à Greetings avec Robert De Niro qui reprendra son rôle de Jon Rubin dans Hi, Mom! en 1970.





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