Tourné au format 1.37 plein écran et éclairé par le chef op' star Christopher Doyle, le film bénéficie d'un très joli transfert, d'une définition très appréciable et d'une image lisse et nette. On déplorera tout de même quelques troubles de l'image et des tonalités parfois ternes et légèrement trop sombres, mais heureusement d'autres plans (les scènes de mer) offrent une lumière naturelle généreuse et des noirs profonds (la séquence de nuit sur la voie de chemin de fer est tout simplement splendide).
L'éditeur ne propose qu'un mixage en DD 3.1 pour les deux langues, anglaise et française, et une piste stéréo anglaise. Dommage que le film n'ait pas été spatialisé en 5.1 car le son distille de bonnes ambiances musicales notamment, car la musique très riche et variée demeure très présente dans le film. Heureusement, chacun des trois canaux est utilisé à bon escient : les dialogues se répercutent très agréablement et avec précision sur la centrale tandis que la musique d'ambiance n'est jamais masquée par les dialogues, au contraire elle se montre dynamique et planante tout du long. La piste stéréo offre un son confortable et une belle clarté des dialogues.
Collection Gus Van Sant : sont disponibles les bandes-annonces des films de Gus Van Sant disponibles chez MK2, Mala Noche (1min21), Gerry (1min37), Elephant (48 secondes), Last Days (1min59) et Paranoid Park (1min31).
DVD 2
Préface (3min21)
L'introduction proposée par Luc Lagier aurait plutôt mérité de se trouver sur le premier disque comme MK2 le fait habituellement. En tout cas cette préface brillante et passionnante mérite qu'on s'y attarde. L'intervenant développe les principales thématiques du cinéma de Gus Van Sant, et expose les différences entre le roman de Blake Nelson et l'adaptation faite par le cinéaste, qui a complètement destructuré le récit.
Dans le labyrinthe (23min24)
Luc Lagier remet le couvert pour le bonheur des cinéphiles en synthétisant intelligemment les douze films mis en scène par Gus van Sant. Il y recoupe les thématiques (fameux thème du labyrinthe intérieur de ses personnages marginaux), les personnages, les décors, les récurrences, les rappels, le montage, l'évolution de son cinéma, intégrant la période hollywoodienne et son dernier opus à la rétrospective. Richement illustré d'images des films correspondants mais de trop peu nombreux extraits d'entretiens accordés par Van Sant, on ne saura que trop vous conseiller cette perspicace analyse disséquant en même temps l'affiche du film de façon inédite ainsi que la réalisation de Paranoid Park. Le seul bémol provient des propos redondants avec la préface en début d'interactivité. Il n'était donc pas bête de penser que l'introduction aurait plus eu sa place avant le film.
Making-of (26min20)
Dans sa forme, le segment est traditionnel, ni bon ni mauvais, tout juste divertissant. Aux images désormais traditionnelles de prises de vue s'ajoutent celles des jeunes comédiens révisant et faisant leurs devoirs comme des jeunes ordinaires quand l'équipe technique s'attelle à préparer le tournage de la scène suivante. Ce qui est troublant ici c'est qu'on a parfois l'impression de se plonger à nouveau dans le film de Van Sant, comme si les personnages étaient filmés dans leur quotidien à la fois pour le film et pour le making-of, effaçant la mince frontière entre la réalité et la fiction. Ce qui ne peut que renforcer la trouble impression laissée par Paranoid Park quant à son immersion dans l'esprit, les us et coutumes des jeunes. Le tout est entrecoupé d'images Super 8 de skateurs lâchés dans les rues de Portland, elles-mêmes illustrées par les propos des jeunes protagonistes (Gabe Nevins, Taylor Momsen) ainsi que de Daniel Liu interprétant l'inspecteur Lu. On apprend d'ailleurs qu'il fait l'acteur par hobby, lui permettant de sortir de son quotidien morose... d'inspecteur de police à Portland. Ce making-of se montre néanmoins avare pour ce qui est de montrer Gus Van Sant sur le plateau, si ce n'est qu'il joue de la guitare seul dans une chambre avant une prise. Ce segment est réalisé par Felix Andrew, le mixeur son attitré de Gus van Sant.
Gus Van Sant 2007 (13min10)
Exemple type de l'entretien probablement intéressant mais dont l'intérêt se trouve ici dénaturé par sa forme agaçante et prise de tête. Les questions qui étaient posées au cinéaste lors de la promotion du film apparaissent sur des cartons successifs et laissent parfois à peine le temps au protagoniste d'étayer ses réponses. On aurait aimé en apprendre davantage sur l'adaptation du livre de Blake Nelson (phase assez simple pour Van Sant), les thèmes et la structure du film, le montage (3 versions différentes ont été montées), le côté grotesque du meurtre, la place des parents dans le film, le choix des acteurs, sa fascination pour la culture adolescente, le milieu des skateurs (GVS a fait partie d'un milieu skateur dans les années 60), l'emploi des ralentis... Pour résumer, les quelques bribes délivrées par le cinéaste se voient plus étayées dans les segments proposés par Luc Lagier.