Les trois films ont bénéficié avec un bonheur égal d'une remasterisation soignée, et l'image souffre à peine de quelques passages au grain un peu visible. Dans chaque cas, la définition est très précise, et offre un relief et un piqué impressionnants, dont on apprécie la finesse sur les plans montrant les acteurs plus que sur les décors. Les fans de Joey Wong seront comblés, tant son visage est tout particulièrement mis en valeur avec un tel travail - on a presque l'impression qu'elle a fait l'objet d'un traitement de faveur. L'étalonnage est magnifique, très homogène à l'intérieur de chaque film ainsi que d'un film à l'autre, et les tons chauds sont spécialement mis en valeur (dans les scènes d'intérieur notamment). Les contrastes sont appuyés sans jamais gâcher les nuances de la splendide palette colorimétrique. De ce point de vue, Histoires de Fantômes Chinois 3 est peut-être le film sur lequel le travail est le plus abouti - c'est aussi le plus récent. Les costumes des actrices y sont resplendissants et les scènes nocturnes dans la forêt bénéficient d'une très belle profondeur. Mais que l'on se rassure, le premier Histoires de Fantômes Chinois est spendidement remasterisé, et c'est là l'essentiel.
Histoires de Fantômes Chinois 2
Histoires de Fantômes Chinois 2
Histoires de Fantômes Chinois 2
Histoires de Fantômes Chinois 3
Histoires de Fantômes Chinois 3
Par chance, les trois Histoires de Fantômes Chinois ne nous sont pas proposés avec un inutile Dolby Digital 5.1, mais bel et bien avec le mono d'origine, retravaillé pour l'occasion en Dolby Mono 2.0. Le résultat diffère selon que l'on choisit la version cantonaise ou française. Si la deuxième est nettement plus puissante en termes de volume, elle est aussi moins bien mixée, en ceci que les voix apparaissent nettement en surimpression par rapport à la musique en mono. Les versions cantonaises sont au contraire plus équilibrées, mais il ne faudra en revanche pas hésiter à pousser le volume à un niveau assez élevé pour profiter pleinement de la bande-son.
Dans tous les cas, quelque soit le film et quelque version que l'on choisisse, on ne note aucun effet de saturation, les voix comme les chansons et musiques se détachant de manière très claire. Les chansons en particulier ont beau être en mono, elles ne souffrent pas d'un son étouffé, et inutile de préciser que c'est avec un plaisir que l'on redécouvre les films dans ces conditions - notamment Histoires de Fantômes Chinois, dont la composition musicale est une petite merveille d'émotion et de délicatesse.
Cette édition fournit comme vrai bonus exclusif un imposant livret de 88 pages. Au menu, deux textes analytiques signés HK Orient Extreme Cinema, intitulés "Les 20 ans d'une trilogie" et "une trilogie chinoise", qui reviennent à la fois sur l'historique des Histoires de Fantômes Chinois et les thèmes chers au cinéma de Tsui Hark bien sûr ; un texte sur James Wong issu du livre The Swordsman and his Jiang Hu : Tsui Hark and Hong Kong Film, intitulé "Je t'aime et je te déteste" ; et enfin l'intégralité de la nouvelle qui a inspiré le premier film, Petite Grace, traduite en français.
Bandes-annonces originales
On retrouve sur chaque disque la bande-annonce d'origine associée au film. Le coffret propose donc successivement les bandes-annonces d'Histoires de Fantômes Chinois (2'10), Histoires de Fantômes Chinois 2 (4'23) et Histoires de Fantômes Chinois 3 (3'20), toutes trois pourvues d'une qualité d'image excellente.
Interview de James Wong :
Cette interview de James Wong, réalisée peu avant son décès, soit en 2004, est issue de l'édition hongkongaise et se divise en trois parties, une par film et donc par DVD. Elle vient compléter l'extrait du livre proposé dans le livret du présent coffret.
Dans la partie 1 (9'00), le compositeur revient sur la bande-originale d'Histoires de Fantômes Chinois, qui n'est autre que celle dont il est le plus fier. Il commence par livrer sa vision du rôle de la musique de film, qui selon lui doit le servir sans s'effacer pour autant ; un équilibre fragile qu'il a toujours su maintenir au fil de ses compositions. Il raconte de quelle façon il a réussi (non sans mal) à obtenir de Tsui Hark de composer la musique d'Histoires de Fantômes Chinois, prévue à l'origine pour être donnée à quelqu'un d'autre. L'aventure est intéressante, et racontée de façon très vivante. Il est amusant de découvrir que la chanson phare du film interprétée par Leslie Cheung, la première à avoir vu le jour, a été composée en deux heures seulement !
Dans la partie 2 (7'35), James Wong raconte comment lui est venue sa passion pour la musique de film et parle avec humour de ses tics de compositeur (les répétitions de thèmes à l'infini par exemple). Puis il évoque Leslie Cheung, et surtout Sally Yeh, avec laquelle il était un peu plus difficile de travailler étant donné qu'elle ne connaissait pas le solfège ni ne savait lire le cantonais ! Il s'étend un peu sur elle, la considérant par ailleurs comme une grande artiste. Finalement, cet extrait d'interview ne parle pas tant que cela d'Histoires de Fantômes Chinois 2, mais n'en reste pas moins intéressant, grâce à la personnalité très sympathique et dynamique de James Wong.
Enfin, dans la partie 3 (12'08), consacrée à Histoires de Fantômes Chinois 3, le compositeur s'étend plus précisément sur ses méthodes de travail en général, sa façon de s'immerger dans l'ambiance du film, sur le plateau, pour pouvoir l'illustrer musicalement. Là encore, on ne peut pas dire que l'interview soit réellement centrée sur le film contenu dans le DVD. Le chapitre suivant lui permet de revenir sur les quelques prix qu'il a reçus au cours de sa carrière, un nombre restreint qu'il prend visiblement avec philosophie. C'est avec la même décontraction qu'il juge l'ensemble de sa carrière l'instant d'après, n'hésitant pas à dire que la plupart de ses morceaux est bonne à jeter, que seules quelques dizaines de chansons sont très bonnes.
Dans cette interview proposée sur le DVD 3, le chorégraphe de The Blade nous parle du métier de chorégraphe, les qualités et compétences qu'il requiert, avant d'en venir à Histoires de Fantômes Chinois 3 et aux exigences de Ching Siu-Tung. Il débute son récit avec les accidents et autres déboires rencontrés durant ce tournage manifestement épique. Il se dégage de son discours une certaine nostalgie de cette époque où, même si la sécurité était plus hasardeuse qu'aujourd'hui, les acteurs s'investissaient énormément dans les scènes physiques et faisaient entièrement confiance aux chorégraphes. Yuen Bun rend aussi hommage au talent de Ching Siu-Tung, dont le style gracieux et aérien exige de nombreuses contraintes techniques. Une interview instructive et agréable à écouter.
HK Collection
Ce module, présent sur chaque disque, permet de découvrir les bandes-annonces d'à peu près tous les titres de la collection HK Vidéo sur les quatre disques.
Histoires de Fantômes Chinois 3 : version longue
Enfin, cette édition propose de découvrir Histoires de Fantômes Chinois 3 dans sa version intégrale inédite en France et disponible uniquement en VOST sur le 4ème DVD. La "version longue" du film n'est autre que sa version d'origine, la version française ayant subi des coupes qui totalisent quinze minutes (tout de même !).
La première coupe dure 6min30 (de 27'15 à 33'47 dans la version d'origine) : est donc réintégrée la fin de la scène de la première rencontre entre Tony Leung et Joey Wong, qui ne s'achève pas lorsque la fantôme prend le large. On voit cette fois le disciple se faire surprendre par son maître en petite tenue à l'extérieur du temple, et on passe au jour suivant contrairement à la version coupée où les événements semblent se suivre. On découvre de quelle façon le maître et le personnage de Jacky Cheung font connaissance, tandis que tout le chapitre de la recherche du Bouddha d'Or, absent de la version coupée, est désormais visible.
La deuxième coupe intervient un peu plus tard et dure environ 2min (de 50'39 à 52'45 dans la version d'origine), lorsque Tony Leung et Joey Wong se sauvent après que le temple a été attaqué. Ils manquent de se faire surprendre par Nina Li : celle-ci ignore que le moine est dans les parages lorsqu'elle vient défier sa sœur.
La troisième et dernière coupure dure près de 6min (de 1h15'34 à 1h21'13) et est d'autant plus choquante qu'elle englobe des moments dramatiques, nécessaires à la continuité du film. Après que Tony Leung et Jacky Cheung se sont copieusement engueulés, Joey Wong rentre chez les siens et demande à Jade de faire croire à Lao-Lau qu'elle n'est jamais sortie. Malheureusement, elle se fait piéger par le monstre et la perfide Nina Li (décidément très visée par ces coupes). Elle est sauvée in extremis par ses deux amis, et c'est là que reprend la version coupée incohérente (où l'on ne comprend pas pourquoi Joey Wong se fait brutaliser à l'arrivée par Jacky Cheung).