Commençons tout d'abord par une remarque sur le transfert numérique. Comme Philippe Claudel l'indique lors de son excellent entretien disponible dans les suppléments, son choix s'est porté sur la caméra numérique afin de restituer la véracité des sentiments émanant des personnages, la texture de la peau, et les rides d'expression. Si la plupart du temps l'encodage respecte ces choix artistiques avec fluidité, certaines scènes se montrent plus artificielles. En effet, l'image a beau être lisse, sans anicroche et respectant parfaitement la photo (avec une prédominance de couleurs froides et une palette de gris-blancs), elle n'en montre pas moins ses limites techniques. La compression se fait nettement perceptible et laisse souvent comme des trainées lors des déplacements des personnages durant les scènes d'intérieur et peu éclairées. Cependant si le déséquilibre du master se ressent fortement au début, il parvient à se dissiper au fur et à mesure du film et cela n'empêche en rien de l'apprécier. Nous aurions souhaité un travail un peu plus harmonieux vis-à-vis de l'étalonnage numérique.
Des deux pistes, on préfèrera la stéréo qui est plus en adéquation avec le film, surtout axé sur les échanges de dialogues entre les deux personnages féminins. Le mixage 5.1 offre un rendu très honnête des dialogues, en revanche les arrières sont utilisés avec parcimonie et seuls les quelques accords de guitare (de la chanson Alter Ego) parsemés ici ou là par le compositeur Jean-Louis Aubert retentissent légèrement sur les enceintes latérales. On pourra également se délecter de quelques ambiances sympathiques de rue ou dans les couloirs de classes mais rien non plus de transcendant, ce qui est compréhensif pour un film intimiste de ce genre.
Scènes coupées avec en option le commentaire audio de Philippe Claudel (4min18)
Six petites scènes coupées sont disponibles dépassant rarement les trente secondes. Dans ce bonus d'un intérêt relatif, Philippe Claudel explique ces suppressions soit par un manque de rythme, de fluidité au montage, ou par trop de redondance (une scène où Juliette regarde par la fenêtre). La dernière séquence étant la plus intéressante car elle propose une version alternative de Léa (Elsa Zylberstein) qui reçoit l'appel téléphonique par lequel elle apprend la vérité sur l'enfant de Juliette.
Entretien entre Philippe Claudel et Laurence Haloche (58min56)
Ne soyez pas étonnés par la durée de cet entretien compte tenu de ce que le réalisateur a à dire sur son premier film ! Les questions caractérisées par une succession de panneaux laissent place à des réponses d'une grande intelligence et remarquablement détaillées. N'ayant rien à envier à un commentaire audio traditionnel, ce remarquable entretien évoque tout ce que le spectateur curieux est en droit de se demander sur la conception, l'écriture, la direction d'acteurs, l'élaboration du casting, la musique (par Jean-Louis Aubert), le choix des décors et des costumes, etc... D'une rare humilité, Philippe Claudel aborde son passage derrière la caméra déterminé par son envie d'approcher réellement les personnages qu'il avait couchés sur papier. Véritablement habité par son sujet, il met en parallèle son travail d'écrivain et celui de réalisateur où comment il s'est approprié de nouveaux supports afin de raconter l'histoire qu'il désirait. S'il ne cache pas que de nombreux éléments sont autobiographiques, Philippe Claudel déclare également que ce film est avant toute chose une synthèse des différents thèmes abordés dans ses livres. Tous les sujets et les personnages du film sont détaillés avec une émotion non feinte comme la perte de l'être cher, le monde carcéral (Claudel a enseigné durant plus de dix ans en prison), le bien et le mal, le rapport au temps. Répondant ensuite aux questions plus techniques, le néo-réalisateur avoue avoir volontairement souhaité une caméra qui s'efface derrière les personnages, une réalisation sobre et d'une grande simplicité, se reposant entièrement sur le jeu des comédiens par l'intermédiaire de la caméra numérique.
Ce qu'on retiendra de ce captivant entretien, c'est l'amour éprouvé par Philippe Claudel pour ses personnages, leurs relations, ainsi que sa collaboration avec deux actrices véritablement à fleur de peau. Quand on lui demande s'il se considère maintenant comme un cinéaste à part entière, Philippe Claudel ponctue l'interview en se voyant plutôt comme quelqu'un qui a plutôt eu la chance de pouvoir faire un film.
L'interactivité se clôt sur la bande-annonce du film (2min) et une galerie de photos musicale et défilante (3min27). On aurait aimé un petit making of pour compléter l'ensemble.