La dernière édition en date franchement potable du film remonte à trois ans maintenant, et c'est en partie grâce aux américains (Raimi, encore) que Lionsgate a fourni sa propre petite remasterisation à l'étalonnage un peu chaud. Mais comme les choses sont faites pour êtres arrangées, HK vidéo propose une alternative en cela intéressante qu'elle colle au plus prêt des motivation artistiques du film en plus d'être totalement retapée à partir du master original. Les différences, à l'œil nu, sont minimes mais on constatera que les teintes lorgnent vers une atmosphère plus froide préférant le rose au jaune orangé et noie un peu plus volontiers ses contrastes dans la pénombre.
En revanche, et ça ne dépend même plus du simple point de vue, la définition se montre particulièrement brillante et se retrouve miraculeusement débarrassé d'un bon nombre d'artefacts granuleux qui provoquaient des scintillements sur une photographie composée pourtant en majorité de plans immobiles. Une sagesse dans la mise en scène (pratiquement aucun mouvement de caméra) qui aide l'encodage et qui permet de longuement profiter des lieux clos sans qu'aucun pixel disgracieux ne vienne gâcher l'ambiance.
Dans son mixage original, Ju-On est d'entrée de jeu une expérience sonore particulièrement fascinante tant Shimizu s'est littéralement évertué à offrir une immersion auditive très riche. Beaucoup de choses sont ainsi dans la suggestion sur un plan visuel, généreusement compensé par le fameux gargarisme du fantôme et autres craquements osseux disséminés ça et là pour insuffler une peur physique au spectateur. Et pour cela, au moins deux bonnes enceintes sont fortement conseillées. Un bricolage son très bien pensé à l'origine, donc, mais encore mieux transformé dans ce que nous propose HK Vidéo ici puisque la présence des pistes Stéréo 2.0 et Dolby Digital 5.1 de la version japonaise comme l'autre Dolby Digital 5.1 en français n'est pas juste ici dans un soucis de satisfaction auprès du consommateur. Il y a aussi et surtout une véritable diversité technique puisque à l'oreille - sans parler de doublage - les trois mixages n'ayant strictement rien à voir les uns avec les autres.
On passera malheureusement sur le français, qu'on boude d'entrée de jeu pour des raisons artistiques mais qui se montrera surtout très pauvre en terme de mixage. Un Dolby Digital 5.1 appauvri qui perd une longue liste d'effets pourtant proposés sur son homologue japonais et qui n'usera jamais aussi efficacement du caisson de basse qu'il aurait pu... ou dû.
Les amateurs de sons graves sont en revanche invités à se ruer sur le Dolby Digital japonais, donc, puisque c'est la seule piste à offrir une vraie place à part au caisson. Non content de faire trembler la pièce un peu plus que de raison, il véhiculera également quelques impacts mats du plus bel effet (les apparitions successives du petit garçon derrière la vitre de l'ascenseur, par exemple) offrant une alternative différente à ce que propose le reste du DVD. En outre, 5.1 oblige, les effets "classiques" se trimballent ainsi généreusement ça et là pour étirer un relief évident. Un beau programme mais c'est pourtant vers la piste stéréo 2.0 originale qu'on ne peut que vous conseiller de vous tourner. Certes, il va vous falloir faire l'impasse sur l'aspect démo de votre home cinéma mais la concentration absolue de cette atmosphère pesante sur l'univers frontal est assurément la plus efficace. Le caisson est invité à intervenir malgré lui, mais c'est surtout un habile jeu de balances des effets comme de la bande originale (celle du mixage d'origine donc) qui extrapolent les séquences terrifiantes au-delà de ce que l'on découvre à l'écran. Un travail artistique incroyablement pointu, respecté, et appréciable. Pour pousser le vice encore un peu plus loin, on ne saurait trop conseiller à ceux qui possèdent des casques sans-fil de s'en servir. L'expérience vaut le détour...
On reconnaît bien la volonté de l'éditeur de fournir au spectateur un maximum de matériel pour découvrir, comprendre ou appréhender l'œuvre en ayant toutes les cartes en main. Si cette édition française de Ju-On existe sans doute pour permettre aux amateurs du remake américain de découvrir les origines de la franchise, elle va bien plus loin que le film. Au-delà des commentaires et ou interviews explicatives sur les prémices de cette histoire, on nous propose ici ni plus ni moins que le téléfilm par lequel tout à commencé. Vraie pièce rare en DVD, le Téléfilm Ju-On (1h08) est une sorte de brouillon à la qualité relative puisque tournée en DV, posant déjà les bases de tout ce que l'on découvrira par la suite : décors, malédiction, personnages fantomatiques et leur différentes caractéristiques physiques. On y découvrira même des éléments absent du long métrage, mais bien utilisés dans le remake...
Le reste des suppléments relève de l'anecdotique et ne repose que sur quelques images prises sur le vif. Scindé en trois parties, c'est surtout le premier chapitre des Coulisses du tournage (30min) qui suscite un intérêt car dévoilant le tournage de toute la séquence de la jeune fille se faisant "aspirer" sous la couette. Les deux autres parties quant à elles, ne s'intéressent qu'à deux autres personnages en ne filmant que quelques directions artistiques. A aucun moment l'interprète du fantôme n'est montrée à l'œuvre, ou ne prend la parole. On ne tirera pas grand choses non plus des cinq interviews rebaptisées Grandes peurs de l'équipe (9minutes) où le réalisateur et les quatre comédiennes interrogés ne font que brasser de l'air avec un temps de parole respectif très limité. Inutile.
Les scènes coupées (12min environ) sont également les mêmes que celles proposées sur le DVD américain, et imposent une série de séquences alternatives ou coupées ne présentant pas ou peu d'intérêt. Ni même la fin alternative de 5 minutes, qui n'a d'alternatif que quelques légères coupes explicatives... Ceux qui se seront procuré The Grudge (US) version longue, y découvriront une séquence similaire bien plus glaçante et mieux emballée. Néanmoins, le bonus aura pour lui d'offrir un commentaire des scènes en question par le réalisateur alors que ce n'était pas le cas sur le zone 1 de Lionsgate. Sans doute le seul bonus où son intervention demeure digne d'intérêt et développe quelque peu ses partis pris artistiques.
Le reste de ce que propose le disque, excepté trois bandes annonces pour d'autres films de la saga, est à ranger dans la catégorie "petits bonus sympas". Un comparatif film/story-board (4min39) défilant un peu rapidement mais assez ludique dans sa présentation, ainsi que des histoires de malédiction (10min45) racontées autour d'une chandelle et qui demeurent dans la plus pure tradition du ghost story asiatique. Pas vraiment utile, mais fun...