Ce qui frappe d'emblée dès les premières séquences de L'Heure d'été ce sont les couleurs sensiblement délavées et peu naturelles. La palette colorimétrique n'est jamais mise en valeur, les détails sont faibles et la réalisation d'Olivier Assayas comprenant de nombreux balayages caméra n'arrangent rien à l'imprécision générale de la compression numérique. Légèrement cotonneuses, les couleurs bleues et vertes sont dominantes et causent quelques flous ennuyeux au niveau des visages des comédiens. Finalement, les séquences de pénombre ou d'obscurité s'en sortent relativement mieux que les scènes d'extérieur et de studio avec un bel équilibre et une meilleure définition. A contrario, des scènes comme à la 54è minute se trouvent surexposées mais la luminosité y est remarquable. Les divers accessoires qui tapent le plus à l'œil se trouvent finalement être les vestes de jogging colorées portées par Juliette Binoche tout au long du film, à noter qu'on est souvent au bord de la saturation. Notons enfin que le master est très propre mais que l'étalonnage aurait singulièrement eu besoin d'être rééquilibré pour la sortie DVD du film.
Possesseurs d'une installation sonore convenable, votre choix se portera d'emblée sur la piste Dolby Digital 5.1. mais cette option ne vous apportera guère de quoi tester votre home-cinéma. Déjà parce que le film ne s'y prête que rarement mais en plus les divers effets surround n'y sont qu'anecdotiques. Toutes les scènes se déroulant dans la maison familiale distillent bien des effets de nature avec des oiseaux qui chantent et le vent qui souffle derrière votre tête mais une fois revenus en ville les frontales répandent leurs ambiances avec une rare économie. Les dialogues sont certes clairs et la musique bien spatialisée, mais on ne saura que trop vous diriger vers la piste stéréo autrement plus percutante en terme d'effets et délivrant les voix des acteurs avec une belle impulsion et une admirable limpidité.
Making of (26 min)
Si le film ne vous a pas endormi on vous souhaite bonne chance avec ce segment en tout point soporifique. De pauvres images du tournage viennent illustrer les quelques propos d'Olivier Assayas et de Charles Berling. Richement entrecoupé d'images tirées du film, ce making of ne parvient jamais à retenir l'attention ou à se démarquer de ce genre d'exercice traditionnel. Les thèmes brassés par L'Heure d'été sont réitérés une fois de plus (la mémoire, la transmission) et Assayas évoque l'écriture du scénario ainsi que le tournage au musée d'Orsay. Juliette Binoche apparaît 2 minutes pour parler de son personnage, c'est peu dire qu'on en attendait plus.
Inventaire, un film d'Olivier Goinard (50min37)
Ingénieur du son pour L'Heure d'été, Olivier Goinard propose de se pencher sur les œuvres d'art vues, aperçues ou décrites dans le film d'Olivier Assayas. Plusieurs conservateurs du musée d'Orsay prennent la parole y compris Serge Lemoine, directeur du musée de 2001 à mars 2008 qui lui explique comment lui est venue l'idée de commémorer d'une manière originale les vingt ans du musée. Désireux de renouer avec la tradition d'aider les artistes à créer, un musée se doit pour lui de montrer ce que les artistes du passé et les artistes contemporains réalisent. L'idée étant de ne pas livrer un documentaire mais faire appel à un véritable metteur en scène. Ayant découvert le musée d'Orsay pour l'occasion, Olivier Assayas relève ce challenge : évoquer le patrimoine, la mémoire, la transmission, le rapport des hommes aux choses.
Le cinéaste apparaît dans ce documentaire pour y développer les thèmes abordés dans son film ainsi que pour y détailler le soucis d'authenticité en plaçant dans l'histoire de véritables œuvres appartenant au musée. Son décorateur François-Renaud Labarthe et Diane Sorin, artiste-peintre, se penchent quant à eux sur la création des œuvres de Serge Berthier, artiste inventé par Assayas. La designer Matali Crasset, inspiration de Juliette Binoche pour son rôle, évoque sa rencontre avec l'actrice et les conseils qu'elle lui a prodigués afin de rendre son personnage le plus crédible possible.
Ce sympathique documentaire se clôt sur les différentes formalités nécessaires de l'achat d'une œuvre par le musée afin d'y être exposée. A noter que l'éditeur propose de visionner ce film en stéréo ou en 5.1. ce qui offre une chambre d'écho appréciable durant les séquences tournées au musée d'Orsay.
L'interactivité s'achève sur la bande-annonce du film (1min39).