Ce que l'on reprochait à l'ancien master datant de décembre 2001 (la première édition de 2000 ayant été vite retirée de la circulation tellement elle était épouvantable) était le grain assez important surtout durant le premier quart d'heure, des couleurs ternes et peu éclatantes, des poussières et autres tâches et points noirs. Avec cette nouvelle restauration, on peut féliciter l'éditeur pour ce rajeunissement des couleurs qui se voit dès les premières images et les credits d'ouverture. Le film retrouve toute sa brillance et malgré un très léger grain cinéma d'origine par ailleurs non déplaisant, nous voilà devant la plus belle copie du film vue à ce jour en DVD.
Le point fort de ce nouveau master demeure la netteté de l'image, que ce soit durant les scènes de jour et surtout durant les scènes nocturnes, car on a un peu trop tendance à oublier que plus du tiers de L'Inspecteur Harry se déroule de nuit. Les contrastes sont légèrement rééquilibrés (ils étaient relativement corrects sur l'édition 2001), quelques petites tâches subliminales subsistent durant le générique de début et de fin, les couleurs primaires (rouge, vert, bleu) retrouvent leur éclat naturel. Pour terminer, disons que le dernier point fort de cette réédition provient de la compression remarquable malgré la réalisation nerveuse de Don Siegel avec zooms et balayages caméra fréquents. Les gros plans des acteurs sont épatants de détails et les noirs très profonds contrastent considérablement avec ceux plus laiteux de l'ancienne édition. Dernière chose : le format original 2.35 est désormais présenté en 2.40 ce qui entraîne une légère perte d'image vers la gauche mais aussi un gain sur les trois autres côtés de l'écran, sans véritablement être gênant. Un travail fabuleux, un régal pour les cinéphiles !
Nouvelle édition 2008
Edition 2001
Edition 2008
Edition 2001
Edition 2008
Edition 2001
8/10 pour la version originale
6/10 pour la version française et la version italienne
Avis aux puristes, seules les pistes française et italienne sont présentées en mono d'origine. Vraisemblablement identiques à celles de l'édition 2001, elles nous paraissent toujours aussi couvertes et sourdes, sans effets percutants et aucune dynamique, le tout axé sur les dialogues. Le doublage est très réussi sur la version française mais les voix des acteurs luttent avec un souffle constant qui s'avère moins présent sur la piste italienne. Il n'empêche que cette dernière est la moins incisive du lot. Ce qui nous intéresse avant toute chose, c'est le remixage 5.1. de la version originale, avec lequel les langues précédentes ne peuvent rivaliser. L'ancien mixage DD 5.1. était moins enveloppant que celui proposé sur cette nouvelle édition, bien que les basses semblaient plus poussées sur l'édition 2001. Ici, c'est la musique de Lalo Schifrin qui prend un nouvel essor durant 1h38. Dès les premières notes, les latérales retentissent et suivent vivement le tempo du thème Scorpio. Une belle spatialisation qui soutient à merveille la partition du compositeur à chaque envolée. Un environnement très plaisant même si la majorité de l'action se voit concentrée sur les frontales où les voix des acteurs se détachent sur la centrale plus naturellement et de manière plus fluide que sur l'ancienne édition. A titre de comparaison entre les trois pistes, prenez la scène du braquage (11min30) où la sonnette d'alarme diffère considérablement en termes de dynamisme et de réalisme. Les surround sont de la partie comme le montre la scène de l'hélicoptère (15min30) passant de l'enceinte arrière droite à l'arrière gauche pour revenir enfin sur les frontales. Pas extraordinaire mais sympathique. La même scène en version française fait penser à une machine à laver en plein essorage. Un remixage non négligeable.
L'Edition collector 2 DVD propose essentiellement les mêmes suppléments que ceux présents sur l'Edition spéciale de 2001 mais Warner y rajoute quelques documentaires axés sur Clint Eastwood et sur l'héritage Harry Callahan dans le cinéma contemporain, sans pour autant faire preuve d'originalité.
DVD 1
Commentaire audio de Richard Schickel (vo non sous-titrée)
Historien et biographe de Clint Eastwood, Richard Schickel est incontournable quand on s'intéresse à la carrière de l'acteur-réalisateur. Le biographe n'en est pas à son coup d'essai en matière de commentaire audio (citons en vrac Impitoyable, Il était une fois en Amérique, Le Bon, la Brute et le Truand, A l'est d'Eden) et comme d'habitude il s'en sort admirablement pour le film qui nous intéresse ici. Même si les souvenirs de production seront pour la plupart repris dans les documentaires suivants, c'est avec professionnalisme et efficacité que Richard Schickel nous dresse un exposé rythmé et passionnant même s'il s'attarde évidemment plus sur le mythe Eastwood que sur la réalisation de Don Siegel. Ce qui lui importe est de communiquer sa passion pour l'acteur, son explosion internationale avec ce rôle qui lui colle encore aujourd'hui à la peau. Bien que paraphrasant à plusieurs reprises ce qui se déroule à l'écran, notre interlocuteur expose le nouveau visage du serial killer apparu avec le film, les thèmes controversés, la musique de Lalo Schifrin, la quatrième collaboration de Don Siegel avec Eastwood, sans oublier ses répliques et séquences préférées. Pour ceux que l'absence de sous-titres rebute, la langue est ici très abordable.
L'Inspecteur Harry : l'original (29min43, vostf)
Déjà présent sur la précédente édition, ce documentaire datant de 2001 met en valeur l'héritage du film de Don Siegel (la saga Die Hard entre autre) en insistant sur le nouveau polar créé à la fin des années 60 aux Etats-Unis. Se croisent les propos de Clint Eastwood himself suivis de ceux d'Arnold Schwarzenegger (après tout Harry Callahan agit dans son Etat), d'Andrew Robinson (Scorpio), Ted Post (réalisateur de Magnum Force), Hal Holbrook (Lieutenant Briggs dans le second opus), Patricia Clarkson (Samantha dans La Dernière cible), John Milius (scénariste de Magnum force), tous évoquant leur participation à l'univers d'Harry Callahan, leur collaboration avec Clint Eastwood, les anecdotes de tournage (peu nombreuses) et les thèmes explorés d'un film à l'autre. Comme d'habitude, les longs extraits des cinq films de la saga illustrent ce segment laissant finalement peu de place aux informations pertinentes et inédites. Tout ce qui est dit ici n'a rien d'original si on s'intéresse au mythe Eastwood et à L'Inspecteur Harry mais ce segment fait habilement office de remplissage.
"Scorpio"
Interviews (27min09, vostf)
C'est vers ces extraits d'entretiens issus du document précédent (et de l'ancienne édition) qu'il faudra se tourner si ne pas être dérangé par les nombreuses séquences des films de la saga entrecoupant les propos de chaque intervenant toutes les dix secondes. Sont donc disponibles individuellement les propos de Patricia Clarkson (2min03), Joel Cox (3min32), Clint Eastwood (5min37), Hal Holbrook (42 secondes), Evan Kim (2min07), John Milius (3min43), Ted Post (1min39), Andrew Robinson (2min02), Arnold Schwarzenegger (3min02) et Robert Urich (2min39). Certains propos mettent en valeur Clint Eastwood, ses différents associés évoquent leur collaboration et l'univers du personnage. Clint lui-même se souvient de ses premiers pas derrière la caméra avec Un frisson dans la nuit. Quand récemment on annonçait que l'acteur pouvait reprendre son rôle à presque 80 ans, il disait déjà en 2001 qu'il serait absurde et inutile de gâcher quelque chose qui avait bien fonctionné. Hal Holbrook nous dit en quarante secondes qu'il était heureux de participer à un film où il serait enfin remarqué. Monsieur le Gouverneur de Californie fait une déclaration d'amour à Clint Eastwood qui lui a donné le virus du cinéma et le désir d'interpréter des rôles d'action avec le même sens de la répartie.
L'Inspecteur Harry (6min48, vostf)
Une fois de plus, on retrouve la featurette d'époque déjà présente sur l'ancienne édition du film. Dans un format plein cadre et une copie abîmée, cette petite plongée dans le tournage du film propose quelques images rarissimes de Don Siegel dirigeant Clint Eastwood à la mairie de San Francisco. On remarque l'acteur très attentif aux consignes du réalisateur et semblant très proche de son équipe technique. Parallèlement, les méthodes d'Harry Callahan sont comparées à celles habituellement utilisées dans les films noirs comme Humphrey Bogart dans Le Grand sommeil.
Bandes-annonces des films de L'Inspecteur Harry (10min34, vo)
L'Inspecteur Harry (3min19), Magnum Force (2min14), L'Inspecteur ne renonce jamais (2min11), Sudden impact : Le Retour de l'Inspecteur Harry (1min24), La Dernière cible (1min24)
DVD 2
L'Ombre de L'Inspecteur Harry (25min30, vostf)
Module inédit datant de 2008 et axé sur l'influence et l'héritage du personnage d'Harry Callahan et de la franchise. Des artistes tels que John Milius, Michael Madsen, Joe Carnahan, Shane Black, Peter Hyams, Andy Robinson (Scorpio), Tyne Daly (Kate Moore de The Enforcer), John Badham et James Fargo expriment tout leur amour pour Harry Callahan et ses séquelles qui les ont tous influencés (Shane Black pour L'Arme fatale entre autre). Clint Eastwood sort de sa cachette pour évoquer son personnage fétiche et sa collaboration avec Don Siegel. Comme d'habitude, on ne peut échapper aux multiples extraits des cinq films de la saga et à la redondance concernant les allusions aux critiques virulentes apparues à la sortie du film ainsi que le contexte politique d'alors. L'inédit provient du rapport au western richement illustré. Une analogie astucieuse mettant en parallèle Harry et les shérifs d'antan avec notamment la fin du film de Fred Zinnemann, Le Train sifflera trois fois, où Gary Cooper lance lui aussi son insigne. Bien que chacun y aille de sa séquence préférée avec les superlatifs habituels, ce segment propose malgré tout un excellent appendice aux sections antérieures.
Clint Eastwood : L'Homme de Malpaso (58min08, vostf)
Réalisé par Gene Feldman en 1993 à la fin du tournage d'Impitoyable, ce documentaire rétrospectif est construit autour des propos de Mister Eastwood en personne. De sa jeunesse en passant par ses premiers rôles (la série Rawhide) et son départ pour l'Italie afin de tourner un western à petit budget réalisé par Sergio Leone, ce type de supplément est toujours un régal pour ceux qui vouent une passion pour l'artiste. Abondamment illustré de photos et de témoignages de ceux qui l'ont côtoyé sur les plateaux ou dans la vie (Ted Post, Buddy Van Horn, Jessica Walter, Michael Cimino, Gene Hackman), ce documentaire a la bonne idée de faire connaître les films les plus souvent oubliés dans la carrière de Clint Eastwood. L'acteur-réalisateur n'est pas seulement Harry Callahan mais également Bronco Billy, Honkytonk man, Chasseur blanc, cœur noir, les longs métrages qui lui tiennent d'ailleurs le plus à cœur. De réalisation il est d'ailleurs question puisque Eastwood explique comment la passion de la mise en scène lui est venue en collaborant plusieurs fois avec Sergio Leone et Don Siegel, à qui le film Impitoyable est dédié. C'est en 1971 qu'il saute le pas en réalisant Un frisson dans la nuit en prenant exemple sur ses mentors à savoir un tournage rapide (5 semaines) et un budget modeste (740 000 dollars). La même année, il devient une superstar en enfilant le costume d'Harry Callahan dans L'Inspecteur Harry où il réalise par ailleurs la séquence du suicidé, Don Siegel étant cloué au lit pour une mauvaise grippe. Eastwood n'oublie pas de parler de son amour du jazz et de ses associés fidèles, avant de clore ce documentaire en disant qu'Impitoyable représente probablement un des films clés de sa carrière.