L'éditeur a repris le master du film sorti en 2005 édité par MGM, corrigeant tous les défauts techniques et surtout dépoussiérant l'ensemble des scories. Il en résulte un travail superbe de restauration même si, comme un carton d'introduction nous l'indique, il n'existe aucun élément 16/9 du film. L'Oeuf du Serpent est heureusement proposé dans son format 1.66 respecté et malgré quelques points blancs qui subsistent, l'image est impressionnante de netteté et met en valeur la photographie contrastée de Sven Nykvist, avec qui le cinéaste a collaboré plus de vingt fois dans sa carrière. L'Oeuf du Serpent se déroule principalement de nuit, divinement rendue avec des noirs profonds. Cependant, certaines scènes (peu nombreuses) sont marquées par des fourmillements dans les arrière-plans ainsi que par une granulation dans les séquences sombres, à l'instar de la scène de la morgue (37ème minute) où les picotis sont légion sur le visage de David Carradine, le tout étant parasité par un voile grumeleux. Enfin, en dépit de menus artefacts de compression, les plans rapprochés sont nets et précis et les couleurs du cabaret sont chatoyantes à souhait.
La version originale se révèle supérieure à la version française bien que cette dernière demeure fort appréciable et suffisamment dynamique malgré un son plus couvert. La version anglaise est accompagnée d'un petit souffle tout en conservant le naturel du mixage, la musique jazz du début du film (reprise dans le menu principal) étant percutante et ardente. La voix-off d'ouverture et de clôture est néanmoins très grave et contraste avec l'ensemble du mixage. Si votre choix s'est porté sur la langue de Molière, les dialogues y seront mis à l'avant au détriment des ambiances nettement plus atténuées mais le doublage est particulièrement réussi. Quelques séquences de L'Oeuf du Serpent se déroulent dans un cabaret où les numéros musicaux se succèdent et s'avèrent être mieux servis par la version originale que par la version française qui sature sensiblement.
Loin de Suède (19min28)
Voici un passionnant documentaire rétrospectif réalisé pour le compte de la MGM en 2004 dans lequel interviennent les comédiens David Carradine et Liv Ullmann, Ingmar Bergman via des images d'archives en N&B, et Marc Gervais, auteur d'une biographie sur le cinéaste suédois. Si David Carradine ne manque pas d'anecdotes liées au tournage et à ses rapports avec le cinéaste, Liv Ullmann évoque quant à elle la position d'Ingmar Bergman alors doté du plus gros budget de sa carrière et, estime-t-elle, ayant mis de côté la psychologie des personnages au profit du poids imposant des décors et de la reconstitution historique du Berlin des années 20. Considérant que ces éléments techniques ont pris le pas sur la direction d'acteurs, Liv Ullmann semble ne pas avoir gardé un très bon souvenir de ce film. L'actrice avoue également que le réalisateur ayant revu le film au début des années 2000, a su l'évaluer à nouveau malgré de mauvais souvenirs et a même pu l'apprécier. Dans les extraits d'entretiens réalisés en anglais, Ingmar Bergman parle de la condition humaine et des thèmes récurrents de son cinéma.
Vous retrouverez également la bande-annonce du film (3min09), un superbe livret de 34 pages comprenant des photos, des notes d'Ingmar Bergman tirées de son livre Images (édité chez Gallimard), une rencontre ave Ingmar Bergman datant de mars 1976, un entretien avec Liv Ullmann par Michel Ciment (mars 1978) et un essai sur le film par Michel Serceau.