La Dernière maison sur la gauche constitue l'un des défis les plus ultimes en matière de transfert DVD puisque rien n'a été pensé pour qu'il côtoie un jour la technologie numérique. Un gros bidouillage 16mm quasi amateur gonflé en 35 pour l'exploitation en salles, pas vraiment gâtée par ses longues diffusions, ni même par sa conservation. En plus, Craven en personne reconnaît avoir délibérément conçu son film d'une façon salie pour coller au plus près à l'aspect de certains documentaires. Donc, dès le départ, ce n'est pas simple... Jusqu'ici, les précédentes copies n'ont jamais vraiment été vernies et ne faisait qu'attribuer au film un cachet cheap qui n'a toujours pas perdu de son charme. Ici, Wild Side livre probablement l'une des plus jolies sur le marché, mais ne peut pas faire de vrais miracles. La bonne nouvelle, c'est que tout ceci respecte le format et s'est vu épuré au maximum d'artefacts (la comparaison avec la version alternative du second disque est édifiante). Pour le reste, tout ceci manque forcément de définition et la compression se perd parfois entre l'épaisseur des traits et un grain cinéma... qui entraîne parfois un grain numérique. On notera néanmoins une très bonne gestion des scènes sous exposées et de nuits américaines, comme la dernière scène par exemple. Si sur un téléviseur familial tout ceci ne sera pas forcément flagrant, les possesseurs d'un home cinéma normal (un bon écran Full Hd ou un petit vidéoprojecteur) constateront avec évidence ces petites faiblesses auxquelles nous nous étions néanmoins préparés.
Nous sommes désormais curieux de voir à quoi ressemblera le film proposé avec un encodage plus souple, si ce dernier doit voir le jour en Blu-Ray par exemple...
Pas de vraie surprise côté son non plus, puisque l'on a droit à un bon (et surtout vieux) mono des familles qui a surtout pour intérêt de livrer un mixage très équilibré. Là où certains gros films de la même période saturent un peu, on trouve ici un véritable équilibre entre dialogues, effets et musiques qui ne se surchargent jamais inutilement et demeurent d'une grande clarté. La version française est celle que nous connaissions déjà, un brin caricaturale, mais beaucoup trop mise en avant pour conserver le naturel tant recherché par le réalisateur.
Dans un souci de perfection, Wild Side s'est cette fois-ci surpassé pour livrer l'édition la plus complète possible du film de Wes Craven. Destiné à un circuit restreint, La Dernière Maison sur la gauche bénéficie ici d'un chouette traitement et nous offre les bonus des précédentes éditions américaine et anglaise en prenant soin d'ajouter une petite interview maison, mais également la version alternative du film. Le tout étant naturellement sous-titré en français. Plus complet tu meurs !
DVD 1
Bavards et à la mémoire toujours aussi riche, Wes Craven et Sean S. Cunningham livrent un commentaire particulièrement généreux, même si enregistré en 2002 pour l'édition 30ème anniversaire. Trente longues années qui n'entachent pas les souvenirs, très nombreux, mais qui leur offre néanmoins un vrai recul sur leur œuvre. Gravissime et dérangeant à l'époque, La Dernière maison sur la gauche arrive même à divertir ses créateurs aujourd'hui qui trouvent régulièrement matière à rire même si leurs propos tentent de recentrer ce qu'ils avaient voulu dire à l'époque. Un exercice rare sur un tel film. Donc une bonne raison d'en profiter.
Toujours tirée de l'édition commémorative, Le crime qui a changé le cinéma (39min32) est une fascinante rétrospective donnant la parole aux principaux protagonistes de cette étrange aventure. Aucune, absolument aucune langue de bois pour ce documentaire où la plupart des termes sont abordés sans pudeur, jusqu'à l'engueulade manifeste entre deux comédiens par interviews interposées sur le regret ou la fierté d'avoir participé au film. De sa création à son violent accueil et de son tournage astucieux jusqu'à son incroyable succès, peu de secrets seront conservés. On notera néanmoins l'absence des deux comédiennes principales, dont une qui semble vraisemblablement avoir gardé un très mauvais souvenir du tournage. Autant d'informations que souligne l'Interview de Sean S. Cunningham (20min38) tourné exclusivement pour cette édition au dernier festival de Gérardmer et qui tend un peu à répéter tout ce qui a été dit précédemment, mais qui ouvre également un regard loin d'être idiot sur l'industrie cinématographique d'une manière générale.
DVD 2
Krug & Company compose le gros de l'interactivité en terme de durée puisqu'il s'agit d'une version alternative du film totalement inédite chez nous, mais il faudra bien reconnaître que dans l'absolu, son intérêt de montre un peu limité tant les différences de montage sont extrêmement minimes. Le gros des scènes choc étant dans la version finale. Les fans hardcore seront donc ravis de constater que cette édition propose tout ce qu'il est possible de posséder à ce jour sur le film, et en cela, la présence de cette version alternative est une bénédiction. Les autres n'y verront là qu'un bonus anecdotique, proposé dans une qualité encore moindre que celle du premier disque qui n'est pas sans nous rappeler une atmosphère GrindHouse propre aux années 70.
Et puisque l'on parle d'un esprit GrindHouse, les bande annonce et spot TV proposés ici ont un charme fou, bien qu'ils dévoilent la quasi intégralité du film et surtout les effets de surprise de ce dernier. On s'amusera à constater, en tout cas, la difficulté commerciale de vendre le film sur son titre alors qu'il n'a pas grand-chose à voir avec ce qu'il raconte.
Composition pour un meurtre (9min42) et Krug fait plier l'Angleterre (24min12) forment un joli focus sur David Hess, l'homme au visage terrifiant qui témoigne ici de sa véritable nature en revenant sur son travail sur la bande originale du film (oui, c'est lui qui chante), sur la façon dont les gens ont eu peur de lui, proches comme inconnus, mais également sur la censure appliquée sur le film en Angleterre et contre laquelle il ne mâche pas ses mots. Ce second documentaire est également soutenu par l'intervention de différents experts, journalistes et exploitants qui donnent leur sentiment sur le comité de censure qui a interdit le film au pays de La Reine durant 30 ans.
Outre quelques filmographies et photographies sélectives, l'interactivité s'achèvera tout d'abord sur un court métrage muet, Tales That Will Tear Your Heart Out (11min17) proposé dans sa copie poisseuse et surtout sans le moindre intérêt puisque aucune explication n'est donnée sur la présence si ce n'est que David Hess y apparaît. Enfin, la dernière pièce réside dans Les Prises alternatives (20min36) qui représentent à elles seules plus d'intérêt que le second montage proposé sur le même disque. Soit autant de rushes variées, brutes de décoffrage, muettes et qui composent une archive de collectionneur intéressante. Angles différents, plan plus long sur des effets gores, simili bêtisier et témoignage du tournage de quelques séquences en extérieur d'une grande rareté sur un film de cette trempe.