FilmsActu.com
Comme nous l'indique l'historien du cinéma Christophe Champclaux dans les suppléments, le négatif nitrate 70 mm de La Piste des géants a été restauré au début des années 80 par le MoMA de New York puis transféré sur un négatif 35mm anamorphosé en Cinémascope. La Piste des géants nous est proposé ici dans son format "grandeur" 70mm d’origine au ratio 2.10 (source IMDB). La copie N&B est superbement restaurée, stable et propre bien que subsistent quelques accrocs, griffures, lignes verticales, tâches et points parsemés ici ou là sans jamais perturber le visionnage. Réalisé au début des années 30, le film de Raoul Walsh s’offre un lifting de premier ordre avec ce master lumineux dès le générique d’ouverture restituant toute l’abondance des détails voulus par le réalisateur aux quatre coins du cadre, tout en offrant une ahurissante profondeur de champ et des contrastes étonnants. En dépit de quelques fourmillements sur les arrière-plans, de plans larges moins assurés, divers décrochages de la définition au moment des fondus enchainés et de quelques séquences plus altérées (la chasse au bison, le bal nocturne, l’orage dévastateur), cette copie de La Piste des géants demeure un régal de tous les instants d’autant plus que le film a été entièrement tourné en décors naturels. La définition laisse souvent pantois notamment au niveau des gros plans des comédiens au piqué assez tranchant pour un film de cette époque.
L’éditeur ne livre qu’une piste unique en version originale sous-titrée en français. Passablement étouffée, l’écoute n’en demeure pas moins homogène et propre. Certes, quelques craquements et un petit souffle n’ont pu être éradiqués mais ces accrocs participent à la redécouverte nostalgique du chef d’œuvre de Raoul Walsh. Comme pour l’image, certaines séquences ont été visiblement plus marquées par les affres du temps (la chasse au bison notamment) et manquent singulièrement de clarté. Les dialogues s’avèrent somme toute suffisamment distincts d’autant plus que le mixage est essentiellement axé sur les voix des comédiens au détriment des ambiances et effets annexes. En revanche, les quelques plages musicales du film sont plus altérées et la composition a parfois tendance à s’emballer et saturer dans les aigus comme lors de l’attaque des indiens à 1h25.
Présentation du film par Patrick Brion (11min28)
Comme pour le DVD de La Blonde et le shérif, nous retrouvons l’excellent Patrick Brion qui propose une fois de plus une introduction exhaustive et immanquable de La Piste des géants, à visionner si possible avant le film afin de se replonger dans le contexte cinématographique de l’époque. Notre interlocuteur passe en revue les conditions de tournage du film de Raoul Walsh, la découverte de John Wayne, l’importance du film dans le genre mais insiste surtout sur les quatre versions du film tournées simultanément. En effet, comme les films n'étaient pas doublées à cette époque, des versions parallèles du même long métrage étaient tournées en parallèle dans les mêmes décors. Si elles ont disparu aujourd’hui, il est amusant de noter qu’il s’agit bien de Raoul Walsh qui s’était occupé des versions italienne, espagnole, allemande et française (en collaboration avec Pierre Couderc) dans laquelle il s’agissait de colons français bravant moult dangers pour trouver la terre promise. Dans une autre partie de cette préface, Patrick Brion évoque l’avènement du parlant au cinéma, les deux formats utilisés lors des prises de vue (35mm et 70mm) et enfin les thèmes du film traitant de la vengeance, la justice, le courage, tout cela mêlé à une histoire d’amour et une réalité quasi-documentaire sur les dangers affrontés par les pionniers.
La piste d’un géant (44min31)
L’historien du cinéma Christophe Champclaux propose ici un documentaire rétrospectif réalisé en 2011 sur la carrière du plus célèbre des cowboys de l’histoire du cinéma, John Wayne. Né Marion Robert Morrison le 26 mai 1907 et mort le 11 juin 1979, John Wayne (surnommé le Duke, nom emprunté à…son chien) demeure encore aujourd’hui l’un des dix acteurs préférés des américains. Ce segment composé de bandes-annonces d’époque, d’extraits de films, de photos ou d’émissions télévisées, demeure un peu linéaire mais propose un tour d’horizon suffisamment large sur la carrière du comédien aux 172 rôles. Certains documents demeurent d’une grande valeur notamment les coulisses d’un documentaire tourné en 1971 sur Monument Valley pour lequel John Wayne retrouve John Ford (également largement évoqué dans ce documentaire) avec lequel il évoque leurs collaborations. Evidemment, une large place est laissée à l’évocation de La Piste des géants, western à gros budget tourné en pleine nature sauvage qui a depuis marqué une étape majeure dans l’histoire du cinéma et surtout révélé John Wayne alors âgé de 23 ans. S’il manque un peu d’arguments, s’égare parfois en encensant à tout-va ou passant du coq à l’âne, Christophe Champclaux livre ici un documentaire intéressant à défaut d’être réellement édifiant et s’apparente un peu trop à de simples notes de production joliment mises en image. La dernière partie de ce segment se révèle plus dense et aborde l’engagement politique du comédien auprès du parti ultra-conservateur, époque durant laquelle il devient le porte-parole de l’Amérique conservatrice en prenant des positions provocatrices sur le droit des femmes et des minorités tout en soutenant la guerre du Vietnam.
John Wayne, réalisateur (27min17)
Ce documentaire n’apporte pas grand-chose de nouveau par rapport au segment précédent si ce n’est que l’intérêt se concentre cette fois sur le John Wayne méconnu, le réalisateur. Réalisé en 2005, cet épisode de la série intitulée Les Maîtres du regard, créée par Christophe Champclaux, est narré par la voix monocorde et assommante de Linda Tahir, qui ne semble jamais concernée par le sujet, ne marque jamais de ponctuation et débite son texte avec visiblement l’envie d’en finir au plus vite. L’intérêt est donc largement appauvri en raison de ce partis-pris mais heureusement, quelques archives, notamment des images inédites de John Wayne derrière sa caméra pour le tournage de Alamo (l’œuvre de sa vie et 15 ans de mise en route) en 1960 empêche le spectateur de plonger en léthargie. On y apprend tout de même que le Duke a très tôt eu l’envie de réaliser mais qu’un acteur passant derrière la caméra à Hollywood n’était à l’époque même pas envisageable. Qu’importe, John Wayne a tout de même mis en scène de multiples séquences d’action de films dans lesquels il a joué en choisissant lui-même l’emplacement des caméras pour les scènes d'affrontements. A l’instar du module précédent, celui-ci s’égare souvent en dressant un listing trop long des collaborateurs de John Wayne, sur les cascades équestres et les bagarres à mains nues.
