Malgré une évidente restauration, l'éditeur nous avait habitué à mieux. Si les contrastes sont parfaits et l'image suffisament lumineuse, de fréquentes tâches, points blancs, scories et poussières émaillent le master tout du long, l'étalonnage est parfois changeant au cours d'une scène et des griffures apparaissent quelques fois. En dépit d'un grain cinéma insignifiant, la copie s'avère assez lisse mais la compression est apparente dans les arrière-plans confus et parfois flous, tout comme sur les visages des comédiens. A noter tout de même un gros défaut de pélicule à 1h19 où l'image se brouille franchement. Tous ces défauts disparaissent heureusement au fur et à mesure de la projection et même s'il n'est pas parfait, ce master proposé dans son format 1.33. respecté demeure de bonne qualité avec un N&B riche et varié offrant une large palette de gris et des noirs denses.
Commençons par les choses qui fâchent : les sous-titres. Non qu'ils soient présentés dans une couleur ou un caractère original mais parce que la traduction du film laisse sérieusement à désirer. De nombreux dialogues passent littéralement à la trappe ou ne sont traduits qu'à moitié voire au tiers lors de certaines scènes. Les non anglophones perdront un bout non négligeable des dialogues et de leur mordant ! En dehors de cette maladresse, la piste anglaise est correcte et propre, mais les voix des comédiens manquent singulièrement de vigueur. Un souffle se fait ressentir durant les (rares) silences ainsi que des craquements, des grésillements, mais la piste originale est plus naturelle que la version française qui mise essentiellement sur les dialogues au détriment des ambiances annexes.
La scène de la plage (47ème minute) démontre l'ascendance de la version originale sur la française avec des effets plus vifs, relégués loin derrière les dialogues dans la langue de Molière. Dernière chose -mais est-ce dû à la reprise de certains dialogues en postsynchronisation- un très léger décalage se fait ressentir pour la piste originale entre les dialogues et le mouvement des lèvres des comédiens. Quoi qu'il en soit, les deux options acoustiques sont acceptables mais nécessitent de monter le volume de l'installation pour ne rien perdre des échanges entre les acteurs surtout avec le problème des sous-titres détaillé précédemment.
En première ligne (12mn)
L'éditeur ne propose qu'une préface du film par Marc Cerisuelo, professeur à l'université de Provence et auteur de l'essai « Hollywood à l'écran ». Cette introduction survole beaucoup de thèmes mais s'attarde sur suffisamment de points afin de donner envie au spectateur de visionner directement le film de Robert Aldrich. Notre interlocuteur replace Le Grand couteau dans son contexte politique (en plein maccarthisme) et cinématographique, dresse le portrait et la carrière de Robert Aldrich qui signe alors quatre films en 1955 : Bronco Apache, Vera Cruz, En quatrième vitesse et Le Grand couteau. Les thèmes récurrents des films du cinéaste sont ensuite passés (trop) rapidement au peigne fin jusqu'à la conclusion. Dommage qu'il n'y ait que ce segment quelque peu hâtif à se mettre sous la dent.
L'interactivité se clôt sur la bande-annonce du film (2min21).