En dépit d'une restauration soignée, quelques scories font encore leur apparition tout au long du film, notamment durant le dernier tiers. Des défauts de pellicule inhérents à l'âge du film, rayures, tâches, moirages (sur les costumes rayés des personnages), poussières et points blancs parsèment de temps en temps l'écran et certaines séquences se trouvent plus marquées que d'autres par ces défauts. Si le grain se fait rare pendant une heure, les scènes les plus abimées ont tendance à voir le grain plus appuyé dans les arrière-plans. Malgré ces légers accrocs techniques, nous retenons surtout la beauté d'un N&B savamment tranché, une agréable luminosité, des noirs denses ainsi qu'un superbe rendu des visages et des contrastes. Présenté dans son format 1.33 plein cadre d'origine, Les Garçons de Mauro Bolognini bénéficie d'un master soigné dont les petits défauts mentionnés n'entament en rien le confort de visionnage.
Malgré la présence de comédiens français au générique, la piste française n'est pas disponible. Toujours est-il que ce sont les acteurs qui se doublent eux-mêmes en italien (la voix de Jean-Claude Brialy est de ce fait reconnaissable) et le mixage proposé est de bonne qualité. Notons tout de même que certaines séquences plus abimées que d'autres voient également la bande-son sauter et craquer par moments, notamment dans la dernière partie du film. Certaines saturations n'ont pu être corrigées mais ce mixage ne manque pas d'ardeur, les dialogues sont très clairs et les ambiances agréables. Que demander de plus ?
Préface de Jean A. Gili (8min42)
Cette présentation du film se concentre essentiellement sur la collaboration de Mauro Bolognini avec Pier Paolo Pasolini qui signe ici le scénario des Garçons. L'historien du cinéma replace le film dans son contexte ainsi que dans la filmographie de Mauro Bolognini, et nous explique la rencontre entre le réalisateur et Pier Paolo Pasolini. Jean A. Gili en vient ensuite plus précisément au film de Mauro Bolognini. En s'inspirant entre autre des Ragazzi, son propre livre publié en 1955, Pier Paolo Pasolini y narre les aventures de quelques garçons de mauvaises vie, renvoyant aux jeunes voyous romains auprès de qui il a vécu pendant un certain temps. En croisant le fond (les éléments pasoliniens annoncant les propres films de l'écrivain comme la vaine recherche de l'aisance financière, les femmesen tant qu'objet sexuel) et la forme (la direction d'acteurs, le casting) des Garçons, Jean A. Gili introduit ainsi le film de manière dense, intelligente et constructive.
Acteurs, dans le cinéma de Mauro Bolognini (13min24)
Aperçu dans Mar adentro, producteur de La prima linea, Il Divo, Antichrist et du prochain Paolo Sorrentino (avec Sean Penn), Andrea Occhipinti a également travaillé en tant qu'acteur en 1981 avec Mauro Bolognini sur La Chartreuse de Parme, série télévisée en six épisodes mettant également en scène Marthe Keller et Gian Maria Volonté. Dans cet entretien quelque peu décousu dans sa première partie où les propos partent un peu dans tous les sens, notre interlocuteur s'exprime en français sur sa collaboration avec Mauro Bolognini et dresse un portrait du réalisateur à travers des anecdotes personnelles. Andrea Occhipinti se souvient d'un metteur en scène pointilleux concernant les détails des costumes, du maquillage des comédiens, un réalisateur exigeant avec ses collaborateurs mais aux petits soins avec ses actrices pour qui il avait une grande fascination. En dépit d'une petite redondance, cette interview dévoile une nouvelle facette du réalisateur italien.