Image :
9/20
Le film noir social de John Berry est proposé dans un superbe transfert permettant d'apprécier tout le génie de James Wong Howe, légendaire directeur de la photo qui aura éclairé les films des plus grands : Les Bourreaux meurent aussi de Fritz Lang, Aventures en Birmanie de Raoul Walsh, Sang et Or de Robert Rossen ou encore Seconds de John Frankenheimer. Son travail sur la profondeur de champ et les effets expressionnistes d'ombres et de lumières trouve ici un magnifique écrin : contrastes tranchés, noirs d'une profondeur abyssale, netteté des contours, master minutieusement restauré, une réussite à tous points de vue. Et avec un bitrate moyen de 9Mbps inutile de dire que la compression est invisible. Un sans faute.
Son :
6/20
Si le transfert et la partie éditoriale remportent tous nos suffrages, les pistes monophoniques sont le maillon faible de cette édition. La piste originale dispose d'un mixage équilibré entaché cependant par la présence d'un (léger) souffle tout au long du métrage. Problème non partagé par la piste française, d'une netteté et d'une précision surprenantes, à dire vrai, presque effrayantes. Qu'il soit d'époque ou récent, ce doublage est à éviter tant il trahit la nature étouffante de la prise d'otage.
Bonus :
9/20
Entièrement dédiée au cinéma classique américain, la collection Classics Confidential allie au film un livre de 80 pages retraçant la genèse du mouvement. L'histoire de Menaces dans la nuit est évidemment indissociable de la chasse aux sorcières anti-communiste qui sévissait alors à Hollywood. Le journaliste au Monde Samuel Blumenfeld revient ainsi sur la fulgurante carrière de John Garfield, la vedette et le véritable producteur du film. Le comédien s'était illustré dans des rôles d'hommes issus de la classe ouvrière tels que ceux qu'il tient dans Le facteur sonne toujours deux fois (1946) de Tay Garnett ou encore Sang et Or (1947) de Robert Rossen, avant de décider de s'affranchir contractuellement des majors et de monter sa propre structure de production. Sont également évoqués les rapports conflictuels entre ce dernier et Shelley Winters qui, s'ils n'apparaissent pas à l'écran, ont certainement déteint sur leur personnage. Décidée à casser son image de starlette blonde, Winters souhaitait plus que tout travailler aux côtés de la star du L'Enfer de la corruption (1948), allant même jusqu'à prendre une dizaine de kilos afin d'être remerciée par la production de Little Egypt, péplum pour lequel elle s'était engagée.
Deux suppléments complètent le disque. Dans le premier, Série Rouge pour liste noire (26'), Pierre Rissient, producteur du dernier film de John Berry Boesman & Lena, ainsi qu'Arny et Dennis Berry, les deux fils du réalisateur, évoquent anecdotes et souvenirs du réalisateur ; le second, The Hollywood Ten (14') est un documentaire réalisé en 1950 en faveur des producteurs, scénaristes et réalisateurs accusés d'être communistes par la Commission sur les activités anti-américaines. Sous la pression du comité McCarthy, l'instigateur du film Edward Dmytryk dénonça son réalisateur, John Berry.
Pierre Rissient (haut) et Dennis Berry (bas)