Il y a bien longtemps que l'éditeur ne nous avait offert un transfert d'une telle qualité et nous pouvons même dire que cette édition DVD de Mensonges d'Etat se rapproche de la Haute-Définition. Tandis que les noirs demeurent d'une profondeur abyssale durant tout le film, le piqué et la définition sont en tous point remarquables et les partis-pris de Ridley Scott sont respectés. Des teintes chaudes pour la partie irakienne-Di Caprio, et des nuances plus métalliques, argentiques et monochrome bleuté pour la section centrée sur Russell Crowe. Le 2.40. offre une admirable profondeur de champ visible lors des nombreux plans de grue au-dessus de la foule ou des multiples plans aériens. Le niveau de détails est impressionnant mais petit bémol néanmoins pour les gros plans sensiblement voilés à plusieurs reprises et concernant une légère granulation remarquée lors des scènes sombres. Aidée par une compression solide, la réalisation nerveuse souvent marquée par l'usage de la caméra portée est parfaitement restituée. Mauvais point en revanche pour les sous-titres anglais imposés sur le master lors des passages en langue arabe.
Message d'avertissement : si vous désirez visionner Mensonges d'Etat allez immédiatement prévenir vos voisins avant d'allumer votre ampli. Vous l'aurez compris les mixages anglais et français ne font pas dans la dentelle et il est fortement conseillé de clouer votre caisson de basses au sol afin de ne pas le voir se promener à travers la pièce durant deux heures ! Le subwoofer est de mise durant tout le long métrage de Ridley Scott et ce ne sont pas les explosions qui manquent comme celles des différents actes terroristes de Manchester (au début du film) ou d'Amsterdam (41 minutes). Qui plus est, la tonitruante partition de Mark Streitenfield (American Gangster) est quasiment ininterrompue et prend le relais sur les effets pétaradants quand l'action se calme légèrement. L'énorme réussite de ces deux mixages tient à la formidable spatialisation enveloppant littéralement le spectateur de tous côtés. Les dialogues éructent sans peine de l'enceinte centrale pendant que les frontales se déchaînent avec une éblouissante ardeur. Les latérales proposent quant à elles de savoureuses ambiances un poil plus énergiques en version française mais les dialogues apparaissent plus artificiels notamment avec le calamiteux et sempiternel doublage de Leonardo DiCaprio.
Commentaire audio du réalisateur Ridley Scott, du scénariste William Monahan et de l'auteur David Ignatius. (vo)
Est-il utile de préciser que les sous-titres manquent une fois de plus à l'appel ? Tout le monde le sait que les commentaires audio proposés en version originale non sous-titrés chez Warner sont pour ainsi dire l'arnaque de l'éditeur depuis ses débuts et tout ceci est bien malheureux car les non anglophones passeront à côté d'un formidable exercice réalisé une fois de plus par Ridley Scott. En même temps certains des propos du cinéaste seront repris à travers les trois segments suivants mais il est indéniable que le commentaire est plus dense, plus informatif et plus intéressant que les featurette. Passionné par son sujet, Ridley Scott parvient sans mal à nous interroger sur les thèmes de Mensonges d'Etat et passe en revue son casting et les lieux du tournage. Enregistré séparément, William Monahan parle de son travail d'adaptation du livre de David Ignatius, dont il explique avoir tenté d'en restituer l'essence même si certaines modifications ont dû être apportées. David Ignatius revient quant à lui sur les évènements à l'origine de son roman Une vie de mensonges, évoque l'adaptation réalisée par Ridley Scott et son travail en tant que correspondant au Washington Post durant la guerre au Liban et en Irak.
Au coeur de Mensonges d'Etat (22min48)
Le supplément faisant office de making of se divise en trois petites sections distinctes, banales, sans véritables informations inédites si vous avez écouté le commentaire audio précédent.
Le maitre du jeu : Ridley Scott (7mn41 - vost)
Comme vous l'aurez sûrement deviné, ce segment se concentre sur le cinéaste très heureux de revenir tourner en Afrique du Nord après Gladiator, Kingdom of Heaven et La Chute du Faucon Noir. Il y partage ses connaissances et ses expériences passées. Les producteurs et les comédiens (sauf Russell Crowe) se passent ensuite la pommade, ou plutôt un bel écran total nécessaire dans cette région où les températures avoisinent les 40 degrés ! L'ensemble bien qu'exagérément dithyrambique demeure néanmoins assez sincère.
La base principale : Le Maroc (7mn31 - vost)
On prend les mêmes et on recommence en se focalisant cette fois sur les divers lieux ayant accueilli les caméras virevoltantes de Ridley Scott et de son équipe. La parole est cette fois donnée aux créateurs des décors qui nous font un petit état des lieux. On apprend ainsi que le Stade Olympique de Rabat a été utilisé afin de recréer l'ambassade américaine en Jordanie.
Auteur provocateur : David Ignatius (7mn36 - vost)
Comme lors du commentaire audio, David Ignatius revient en long et en large sur son roman Une vie de mensonges, sur sa carrière en tant que correspondant de guerre au Moyen-Orient pour le Washington Post. C'est ainsi l'occasion de voir l'écrivain s'entretenir avec Leonardo DiCaprio sur le plateau ou en grande conversation avec Ridley Scott qui énumère les quelques modifications apportées pour l'adaptation du roman de David Ignatius au cinéma.