Optez immédiatement pour la piste thaïlandaise Dolby Digital 5.1 qui saura vous plonger dès les premières images dans les ambiances sonores si particulières du film avec une spatialisation enivrante. Les surround ne s'arrêtent pas une seule seconde de distiller les effets naturels de la faune et de la flore environnante avec une rare efficacité et une osmose parfaite avec la dynamique frontale. En effet, les enceintes avant s'ouvrent avec éclat et une vitalité unique, tandis que la centrale condense les rares dialogues avec une réelle densité. N'oublions pas le caisson de basses qui retentit à de multiples occasions, comme lors de l'errance dans la jungle, pour obtenir au final le mixage parfait pour (re)visionner Oncle Boonmee sur la petite lucarne. Vous trouverez également une piste française 5.1, équivalente du point de vue technique mais totalement déconseillée pour la platitude du doublage. La stéréo thaïlandaise est évidemment moins exaltante que son homologue 5.1 mais demeure de haute qualité et tout aussi saisissante.
Présenté en 2009 dans plusieurs musées européens (dont le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris) à l'occasion d'un projet d'installation multimédia du réalisateur baptisé "Primitive", ce superbe court-métrage peut se voir comme une introduction à la Palme d'Or. On y retrouve le thème de prédilection du réalisateur à savoir celui de la mémoire hantée par les souvenirs de la famille perdue (Oncle Boonmee entre autres) dans un contexte de guerre opposant le régime militaire thaï et la rébellion communiste. Ce projet Primitive se composait de photos et d'objets mais aussi et surtout de huit petits films tournés avec des adolescents ainsi que de deux courts-métrages d'où est issue cette Lettre à Oncle Boonmee. Comme il le fait dans son long métrage, le cinéaste s'adresse directement à Oncle Boonmee en lui indiquant le "désir de réaliser un long métrage sur sa vie". Les partis-pris esthétiques et formels font échos à ceux de la version long métrage avec de lents et longs travellings présentant quelques intérieurs de maison, quelques soldats en treillis hantant les lieux visités comme les fantômes du passé. Apichatpong Weerasethakul clôt ce court-métrage en dédiant ce film à "Oncle Boonmee, qui est resté dans le nord-est de la Thaïlande pour vivre ses différentes réincarnations, et pour les villageois de Nabua qui ont été contraints de quitter leurs maisons".
Oncle Apichatpong – Entretien (16min07)
C'est dans cette interview passionnante qu'il faudra se tourner afin d'y découvrir les quelques clés nécessaires pour une meilleure compréhension d'Oncle Boonmee, même si le cinéaste désire ne pas trop donner d'explications sur le film. Revenant tout d'abord sur les croyances qui ont bercé son enfance en Thaïlande, Apichatpong Weerasethakul explique avoir voulu faire ressentir aux spectateurs la présence d'êtres invisibles qui évoluent autour des vivants du point de vue émotionnel d'un enfant. Pour cela, le cinéaste passe en revue les différentes techniques cinématographiques souvent anciennes utilisées pour mettre en image ces présences surnaturelles. Ensuite, le metteur en scène passe en revue les origines de l'histoire, les rapports avec son père atteint comme Oncle Boonmee d'une insuffisance rénale, et dresse une liste des films qui ont marqué sa jeune cinéphilie (le cinéma de Steven Spielberg et George Lucas entre autres). Avouant qu'il ne pensait pas à la forme de son film pendant le tournage, Apichatpong Weerasethakul dissèque, heureusement sans tout révéler, le fond et la forme de chacune partie, chaque composante du film. Il clôt cet entretien avec humilité, déclarant qu'il continue encore aujourd'hui d'apprendre son métier de réalisateur, qu'il ne peut pas rester simple spectateur de ses propres films et qu'il ne reste relié à ses œuvres que par leurs processus créatif.
Scènes coupées (23min10)
La présentation de ces sept scènes coupées (et titrées), sélectionnées par le réalisateur, éclaireront sur certains points du film et nous ne vous dévoileront évidemment pas le mystère qu'elles renferment. Tout ce que nous pouvons vous dire c'est que ces séquences sont vraiment admirables, tant du point de vue visuel que sonore. Une de ces scènes coupées montre un dîner nocturne où le personnage de Boonsong (le fils homme-singe) est au centre de la conversation.
L'interactivité se clôt sur le film-annonce (1min32) et le trailer international (2min27).
Cette édition comprend également un livret de 24 pages replaçant le film dans son contexte artistique global (le projet Primitive).