Sans crier à la catastrophe compte tenu du caractère bon marché du film (qui fut tourné, rappelons-le, avec un budget de 15 000 dollars), une petite déception pointe le bout de son nez à la vision de ce transfert. En effet, si l'image affiche une jolie palette colorimétrique dans les scènes éclairées, restituant dans l'ensemble plutôt bien l'ambiance du film, la gestion des contrastes s'avère insuffisante dans les scènes de nuit - fondamentales dans le métrage. On obtient des plans nocturnes manquant bien souvent de lisibilité, ce qui est dommage pour un film qui joue la carte des effets minimalistes. Ainsi, lorsque les personnages dorment après avoir répandu de la farine sur le sol, il sera très difficile d'apercevoir les traces des papattes de l'entité apparaître sur le plancher, y compris lorsque le jeune homme repasse la scène sur son ordinateur. En revanche, pour ce qui est de la définition, un peu inégale, nous pouvons aisément convenir qu'il s'agit d'imperfections inhérentes à la conception du film, voire volontaires de la part du réalisateur.
Il faut se rendre à l'évidence : de par la nature même du film, Paranormal Activity ne peut être un disque de démonstration où le son virevolte dans tous les sens et où les effets se déchaînent sur chaque enceinte jusqu'à réveiller les voisins. Pour être crédible, un faux film amateur se doit d'avoir un mixage sobre en se permettant au mieux la localisation de quelques petits effets, le plus discrètement possible.
A partir de cet état des lieux, le mixage de Paranormal Activity remplit à peu près son cahier des charges. Wild Side Video a clairement privilégié la version française en proposant un DTS plus efficace puisque restituant avec une certaine richesse la palette de sons utilisée dans le film. Qu'il s'agisse des grondements situés dans les basses, code sonore marquant les interventions de l'entité, ou des bruitages plus secs, le son se concentre certes surtout sur les avant mais les arrière apportent une discrète ampleur à l'ensemble, et ce sans jamais briser l'atmosphère réaliste du film.
Nous n'en dirons pas autant du Dolby Digital 5.1 anglais, unique piste en version originale sur ce DVD. D'abord parce qu'il faudra soit tendre l'oreille soit pousser le volume de son lecteur plus que de raison pour profiter de l'expérience, ensuite parce qu'une partie de la gamme de sons du film disparaît purement et simplement sur cette piste, notamment les sons produits par l'entité, ce qui est assez problématique. L'éditeur nous propose par ailleurs un 2.0 de facture correcte pour ceux qui ne possèderaient pas de home cinema.
Notre note se présente donc comme une moyenne de ces deux pistes, des notes attribuées en tenant compte de la nature même du mixage.
DTS français : 17/20
DD 5.1 anglais : 12/20
Le moins que l'on puisse dire est que l'éditeur part du principe que le spectateur possède de bons yeux puisque les options du menu apparaissent en rouge foncé sur fond noir, écrits en tout petit de surcroît ! Ce petit désagrément surmonté, nous constaterons avec plaisir dès le lancement du film que deux versions nous sont proposées, la version cinéma et la version "interactive" qui nous permet de choisir entre la fin retenue pour la sortie en salles et la fin d'origine. Vers 1h16 de films, un menu s'affiche donc, proposant l'une ou l'autre des deux fins, sachant que la version alternative n'est disponible qu'en version anglaise sous-titrée. Moins spectaculaire, plus sobre, cette fin a aussi quelque chose de plus glauque et ne joue pas sur les effets "jumping scare" comme la fin retenue dans le montage final.
Du côté des suppléments, nous commençons par le seul et unique bonus consacré à Paranormal Activity, à savoir The Oren Peli Project (19mns20) qui se présente comme une interview du réalisateur. Ce dernier revient sur son parcours avant de faire du cinméa, le genre dans lequel il a tenté d'inscrire le film (citant ses références dans le genre de l'épouvante), l'élaboration des plans clés ou encore l'idée maîtresse du film (c'est Katie qui est hantée et non la maison) et la manière dont elle résout certaines problématiques scénaristiques. Avec une certaine honnêteté, le cinéaste revient sur les scènes qui furent cause de dilemme, ne cachant pas sa démarche de réajuster constamment le scénario aux réactions des personnes à qui il projetait le film. Oren Peli revient aussi sur la manière dont le métrage est parvenu à être distribué, délivrant à ce titre une anecdote assez amusante sur Steven Spielberg qui a semble-t-il été victime d'un étrange phénomène suite à la projection du film dans sa propre maison...
L'autre bonus majeur de cette édition n'est pas une vidéo mais un texte écrit puisqu'il s'agit du livret d'une quarantaine de pages qui accompagne le produit. Initulé Paranormal Experience, ce petit guide du surnaturel est signé Pierre Ripert, journaliste et écrivain déjà auteur de plusieurs ouvrages sur des sujets apparentés, et dresse un panorama des manifestations du surnaturel répertoriées. Après une brève définition du paranormal, le livret nous propose les définitions de plusieurs entités (esprits, fantômes, lémures, succubes et incubes, etc.), les manières dont elles se manifestent aux hommes, des explications sur les médiums et les talents qui les distinguent du commun des mortels ainsi que les techniques possibles pour entrer en contact avec les esprits. Le tout s'achève par quelques recommandations face aux risques encourus par ceux qui se livrent inconsidérément à de telles pratiques. Si le lecteur athée sera certainement plus sceptique que le lecteur croyant - les concepts sont imprégnés d'idées judéo-chrétiennes -, le traitement du sujet demeure sérieux, attrayant et suffisamment clair pour être accessible à tous.
Cette interactivité nous propose aussi le making of de [REC.]² ainsi que la bande-annonce du film.