Image :
9/20
Se contentant de reprendre le même master que celui de l'édition 2001, l'éditeur n'apporte rien de neuf à ce jour, mais cela importe peu, tant la copie en question demeure dans un excellent état, et ce sans que l'on puisse déceler le moindre défaut de pellicule. Force est de constater que la photographie extrêmement soignée du chef op' de Wim Wenders, Robby Müller, est tout bonnement splendide et, n'ayons pas peur des mots, à couper le souffle. Saluons premièrement l'utilisation des couleurs, ce bleu du ciel fulgurant, le rouge vif de la casquette de Travis, ainsi que le jaune et le vert, qui, assemblées les unes aux autres, conduisent à une parfaite harmonie et ont le mérite de ne jamais baver. De nuit, les mêmes tonalités sont toujours aussi éclatantes. Les lumières nocturnes des grandes villes ou celles des petites bourgades brillent de mille feux. On reste sans voix devant ces plans sublimissimes de l'ouest américain et on se dit qu'il n'est pas nécessaire de les filmer en Scope pour les rendre encore plus beaux (le film a été tourné en 1.66). Certes, certains arrière-plans peuvent paraître légèrement flous mais qu'importe, tant le spectacle est visuellement impressionnant. Tout est dans la nuance, l'éclatement des couleurs et de la luminosité. Rien que pour la splendide copie, il vous faut posséder cette édition prestige.
Son :
7/20
Les deux pistes en Dolby Digital 5.1 proposées sont d'honnête facture bien qu'elles auraient mérité d'offrir une meilleure spatialisation du son et de ses différents effets à cause de son ambiance si particulière (les grands espaces, les routes de jour comme de nuit de l'Ouest américain). On vous suggère de sélectionner le mixage anglais qui est malgré tout plus ample et retentissant que son homologue français. Dès l'inoubliable générique d'ouverture, le blues de Ry Cooder se fait écho sur les enceintes arrière. Il faudra attendre les tous derniers plans finals lorsque Travis reprend la route pour retrouver cette ambiance sonore si vibrante. Entre le début et la fin, le mixage s'apparente davantage à un bon stéréo délivrant des dialogues clairs et précis. Certaines parties, comme les séquences au peep-show seront surtout axées sur les longues discussions, donc sur les avants. Il y a tout de même quelques effets non négligeables et on prendra plaisir à entendre les cailloux crépiter sur le sable. A noter que sur le mixage français, Aurore Clément se double elle-même.
Bonus :
7/20
Entretien avec Wim Wenders (25min17)
Dans un français impeccable, le réalisateur allemand évoque son film en abordant différents points. Tout d'abord, l'élément central de Paris, Texas : ses paysages, tournés dans l'ouest américain. Wim Wenders insiste sur l'idée de rendre hommage à ces paysages maintes fois vus dans les westerns de John Ford ou Anthony Mann, sans pour autant citer et faire référence aux films en question. Avec Robby Müller, son directeur de la photo, Wenders a travaillé de manière différente. Habitué au story-board, la paire a pour ce film effectué le découpage le jour même de la mise en boite des plans en fonction des paysages et des lieux dans lesquels l'équipe tournait. Le cinéaste germanique rappelle ensuite que Paris, Texas s'inspirait du roman de son ami Sam Shepard (écrivain et acteur), Motel Chronicles, et qu'il pensait lui faire jouer le personnage de Travis. Shepard déclina l'offre car Travis, c'était lui, et il ne se sentait pas de l'interpréter. Selon Wenders, il fallait un acteur inconnu qu'il trouva en la personne d'Harry Dean Stanton. Quant à Nastassja Kinski, qui avait déjà tourné avec Wim Wenders dans Faux mouvement dix ans auparavant, elle accepta d'emblée de jouer dans le film. Venons-en au scénario, qui a été accouché dans la douleur. Au moment de débuter le tournage, seule une première moitié avait été écrite par Wenders et Shepard. Ce dernier n'étant plus disponible à ce moment-là, le réalisateur continua d'écrire au jour le jour avec l'aide du père du petit Hunter Carson, qui joue le fils de Travis dans le film. Ensuite, Wenders évoque les deux scènes du peep-show tournées comme s'il n'y avait pas de coupes (alors qu'il y en a eu). Robby Müller est à l'origine de l'idée de créer ce miroir sans teint que l'on voit dans le film. Il n'y a aucun trucage, Nastassja Kinski ne voyait que son visage se refléter dans le miroir tandis qu'Harry Dean Stanton la voyait. Une idée ingénieuse au cours de laquelle le chef op' a découvert que plus on baissait la lumière, mieux on percevait le visage d'en face. Enfin, le cinéaste se remémore la consécration à Cannes et l'obtention de la Palme. Personne n'avait encore vu le film, sauf lui et son monteur, et pour cause, la seule copie existante avait été sous-titrée et finalisée une heure seulement avant la projection de presse ! On pensait que seul Wong Kar-Wai en était capable !
Il est impératif de poursuivre la vision du film par cet entretien passionnant qui vaut véritablement le détour pour ses nombreuses informations et anecdotes. Merci Wim !
L'interactivité se poursuit avec une galerie de photos (1min37) prises par Wim Wenders pour la préparation du film. Comme le réalisateur l'explique dans ce court module, ces photos n'étaient pas destinées à un tirage, elles le seront suite à la demande du Centre Pompidou afin d'en réaliser une expo. Il existe également un superbe livre regroupant ces clichés.
Enfin, une bande-annonce du film (2min04) est disponible mais en vf !
Dans un français impeccable, le réalisateur allemand évoque son film en abordant différents points. Tout d'abord, l'élément central de Paris, Texas : ses paysages, tournés dans l'ouest américain. Wim Wenders insiste sur l'idée de rendre hommage à ces paysages maintes fois vus dans les westerns de John Ford ou Anthony Mann, sans pour autant citer et faire référence aux films en question. Avec Robby Müller, son directeur de la photo, Wenders a travaillé de manière différente. Habitué au story-board, la paire a pour ce film effectué le découpage le jour même de la mise en boite des plans en fonction des paysages et des lieux dans lesquels l'équipe tournait. Le cinéaste germanique rappelle ensuite que Paris, Texas s'inspirait du roman de son ami Sam Shepard (écrivain et acteur), Motel Chronicles, et qu'il pensait lui faire jouer le personnage de Travis. Shepard déclina l'offre car Travis, c'était lui, et il ne se sentait pas de l'interpréter. Selon Wenders, il fallait un acteur inconnu qu'il trouva en la personne d'Harry Dean Stanton. Quant à Nastassja Kinski, qui avait déjà tourné avec Wim Wenders dans Faux mouvement dix ans auparavant, elle accepta d'emblée de jouer dans le film. Venons-en au scénario, qui a été accouché dans la douleur. Au moment de débuter le tournage, seule une première moitié avait été écrite par Wenders et Shepard. Ce dernier n'étant plus disponible à ce moment-là, le réalisateur continua d'écrire au jour le jour avec l'aide du père du petit Hunter Carson, qui joue le fils de Travis dans le film. Ensuite, Wenders évoque les deux scènes du peep-show tournées comme s'il n'y avait pas de coupes (alors qu'il y en a eu). Robby Müller est à l'origine de l'idée de créer ce miroir sans teint que l'on voit dans le film. Il n'y a aucun trucage, Nastassja Kinski ne voyait que son visage se refléter dans le miroir tandis qu'Harry Dean Stanton la voyait. Une idée ingénieuse au cours de laquelle le chef op' a découvert que plus on baissait la lumière, mieux on percevait le visage d'en face. Enfin, le cinéaste se remémore la consécration à Cannes et l'obtention de la Palme. Personne n'avait encore vu le film, sauf lui et son monteur, et pour cause, la seule copie existante avait été sous-titrée et finalisée une heure seulement avant la projection de presse ! On pensait que seul Wong Kar-Wai en était capable !
Il est impératif de poursuivre la vision du film par cet entretien passionnant qui vaut véritablement le détour pour ses nombreuses informations et anecdotes. Merci Wim !
L'interactivité se poursuit avec une galerie de photos (1min37) prises par Wim Wenders pour la préparation du film. Comme le réalisateur l'explique dans ce court module, ces photos n'étaient pas destinées à un tirage, elles le seront suite à la demande du Centre Pompidou afin d'en réaliser une expo. Il existe également un superbe livre regroupant ces clichés.
Enfin, une bande-annonce du film (2min04) est disponible mais en vf !