Les réalisateurs de comédie sachant utiliser le cadre large sont plutôt rares et Blake Edwards compose chaque plan en y insérant souvent des gags de tous côtés. Le master aujourd'hui présenté est quasi-exempt de défauts majeurs et participe grandement à la redécouverte de ce joyau. La restauration s'avère assez luxueuse et malgré une ou deux scories, la copie est spectaculaire de bout en bout. Si les noirs denses côtoient les teintes kaki et marron des uniformes, les séquences diurnes mettent en valeur la clarté du soleil sicilien. Les clairs-obscurs sont également fréquents, aidés par une compression fine et ne perdant aucun détail. L'énorme fiesta du début du film permet à la palette colorimétrique de briller avec des nuances bigarrées.
Le gros problème des deux mixages proposés provient du rendu quelque peu artificiel des dialogues, bien que très précis, prenant littéralement le pas sur toutes les ambiances annexes. Qu'as-tu fait à la guerre, papa ? se compose de quelques séquences de pétarade bien senties, notamment au début du film, et les scènes d'explosion bénéficient d'une ouverture agréable des enceintes. En version anglaise ou française, les voix des comédiens couvrent souvent les bruitages et l'absence de souffle appuie l'impression d'être dans une chambre d'échos. Le meilleur de ces mixages émane de la sublime partition signée Henry Mancini dont le score explose littéralement et parions que vous l'aurez dans la tête bien après le visionnage ! Signalons le ridicule du doublage français des personnages italiens renvoyant aux pires imitations de Roberto Benigni.
Blake Edwards à boulets rouges (25min21)
C'est avec grand plaisir que nous retrouvons l'historien du cinéma Noël Simsolo dont les propos, toujours passionnants par ailleurs, sont cette fois croisés avec ceux de Christophe Repplinger, professeur d'université. Chacun commente les hauts et les bas de la carrière rapidement retracée de Blake Edwards jusqu'à la mise en chantier de Qu'as-tu fait à la guerre, papa ? initialement prévu après le succès international de La Panthère rose mais reporté en raison du deuxième volet de la saga interprétée par Peter Sellers. Le gag selon Blake Edwards est magistralement analysé par l'historien du cinéma tandis que Christophe Repplinger propose de son côté une analyse pertinente du jeu constant des oppositions (apparences/réalité, travestissement, inversion de nationalité) et de la sublime musique d'Henry Mancini. Fan invétéré de Blake Edwards, Noël Simsolo défend corps et âme Qu'as-tu fait à la guerre papa ?, énorme échec commercial et critique à réhabiliter le plus vite possible.
L'interactivité se clôt sur une galerie photos, la filmographie de Blake Edwards et des liens internet.
Juste pour le plaisir, découvrez quelques photos illustrant le lendemain de la fiesta faisant passer la cuite de Very bad trip pour un petit apéritif :