Il fallait un transfert à même de rendre le travail artistique minutieux qui sublime littéralement chaque plan du film. L'éditeur marque plusieurs bons points puisque la palette colorimétrique fait des merveilles sur les plans d'intérieur dominés par des couleurs chaudes, tandis que les plans d'extérieur jour conservent leurs blancs étincelants même s'ils pourront parfois paraître un tantinet suréclairés. La gestion des contrastes se montre quant à elle à la hauteur des espérances, les noirs profonds venant joliment appuyer la profondeur de champ, notamment dans les intérieurs de l'immense propriété des Tallis. En revanche, la définition est d'une précision légèrement plus inégale, l'image manquant parfois de piqué sur certains gros plans. La compression laisse aussi apparaître quelques fourmillements dans les arrières plans, notamment sur le fameux plan séquence sur la plage de Dunkerque, au demeurant bien géré sur le plan de l'encodage. En résumé, nous sommes ici face à une image perfectible mais rendant tout de même hommage à la splendeur visuelle du film.
L'éditeur nous propose deux Dolby Digital 5.1, l'un en français et l'autre en anglais. On conseillera bien entendu la version dans la langue de Shakespeare afin d'apprécier à sa juste valeur l'extraordinaire jeu des comédiens, même si celle-ci souffre d'un effet regrettable de pal speed-up. Etant donné qu'il s'agit d'un film très lyrique, nous sommes en droit de nous montrer particulièrement exigeants vis-à-vis du rendu de la superbe partition de Dario Marianelli, dont on pourrait dire qu'elle acquiert presque le statut de personnage à part entière du film. Grâce à des canaux avant judicieusement soutenues par un judicieux emploi des arrières, la musique se voit accorder une belle ampleur, le piano ressortant de manière très fluide, accompagné qu'il est par des violons d'une grande clarté sonore. Les voix des comédiens sont quant à elles redirigées vers l'enceinte centrale et sont mises en avant avec naturel dans les deux langues.
Commentaire audio par le réalisateur Joe Wright
Le réalisateur Joe Wright nous livre ici un commentaire audio tout à fait passionnant, comme on aimerait en entendre plus souvent. Un de ces commentaires non seulement riches en détails sur ses choix artistiques mais qui mettent constamment en relation ces derniers avec la portée dramatique de chaque scène ou encore avec les sentiments des personnages. Le cinéaste n'hésite pas à rendre hommage au talent de ses collaborateurs et de ses acteurs, à citer les films ou les artistes qui l'ont parfois inspiré (Murnau, Powell et Pressburger, ...). A ne pas manquer, le commentaire du fameux plan séquence sur la plage de Dunkerque, au cours duquel Wright dirige littéralement notre regard afin de nous révéler tout un tas de choses que nous n'avions pas remarqués à la première vision. Un commentaire captivant de bout en bout qui ne se perd jamais dans l'anecdotique.
Du roman à l'écran (5mns01)
Au travers d'interviews, ce petit module tente de dégager les enjeux posés par le travail d'adaptation de l'oeuvre littéraire. Parmi les intervenants, on compte notamment l'auteur Ian McEwan, à qui l'on doit le roman Atonement, le réalisateur Joe Wright, le scénariste Christopher Hampton ainsi que la comédienne Keira Knightley. En à peine cinq minutes, il est difficile d'explorer le sujet en profondeur, ce qui ne signifie pas que les réflexions livrées par les uns et les autres concernant le roman ne soient pas dignes d'intérêt. Un supplément qui reste cependant réservé à ceux qui n'ont pas lu Atonement.
Making of (26mns51)
Ce petit documentaire qui s'étend presque sur une demi-heure prend le temps de brasser plusieurs sujets sans pour autant chercher à tout expliquer. A travers les interviews du réalisateur Joe Wright, du scénariste Christopher Hampton, des comédiens principaux (principalement Keira Knightley et James McAvoy) et de plusieurs membres de l'équipe artistique (photographie, décors, costumes, etc.), ce making of aborde successivement la manière dont les trois actrices interprétant Briony ont été choisies, le travail du réalisateur, la manière dont les décors et les costumes traduisent l'état d'esprit des personnages ou encore la façon dont le choix du point de vue de Briony influe sur les portraits des autres protagonistes. Le réalisateur et le scénariste ne manquent pas de nous livrer leur interprétation sur certains points de l'histoire, tandis que les membres de l'équipe artistique apportent des précisions sur la manière de mettre en oeuvre les scènes clés. Un chapitre entier est bien entendu consacré à l'incroyable plan séquence de la plage de Dunkerque, ses enjeux artistiques et techniques. Un bon making of qui pour notre plus grand plaisir ne mise que très modérément sur les extraits du film, en plus d'offrir un juste équilibre entre considérations techniques, artistiques et narratives.
Scènes coupées (7mns19)
Au nombre de sept, ces scènes coupées peuvent être visionnées avec ou sans le commentaire audio de Joe Wright. Il est vivement conseiller d'écouter ce dernier, le réalisateur se révélant toujours aussi captivant même s'il en arrive presque chaque fois à la même conclusion : le regret d'avoir dû couper ces moments. Les raisons sont toujours différentes, tenant bien souvent à un petit détail, un souci de rythme ou une réplique.
Jean-Yves Thibaudet, un virtuose au cinéma (11mns50)
Pour finir, l'éditeur nous propose une interview de Jean-Yves Thibaudet, pianiste français issu du milieu de la musique classique et qui accompagne le film à travers la partition de Dario Marianelli. Très enthousiaste de sa collaboration avec le compositeur, le musicien revient sur ses débuts dans la musique de film mais aussi sa rencontre avec le cinéma de Joe Wright avec Orgueil et Préjugés. Ne tarissant pas d'éloges sur Marianelli, Thibaudet commente certains morceaux précis de la bande originale, tels que Love Letters, qui donne la part belle à son instrument, mais aussi et surtout le très original Briony, morceau assurant l'ouverture du métrage et pour lequel il dévoile la manière dont s'est déroulée l'intégration du son de la machine à écrire. Enfin, le pianiste déplore la scission qui prévaut à l'heure actuelle entre les milieux de la musique classique et de la musique de film, qui n'a selon lui pas lieu d'être. D'autant que certains de ses spectateurs lui auraient avoué s'être rendus à ses concerts après avoir entendu la musique de Orgueil et Préjugés. Au final, cet entretien fait un supplément de valeur compte tenu de l'importance de la musique dans la narration de Reviens-Moi.
Cette interactivité s'achève avec l'immanquable bande annonce du film, proposée en version originale et en version française.