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En dépit d'une apparente restauration, le master de Signore e Signori déçoit par ses blancs crâmés et son rendu des détails (notamment au niveau des visages des comédiens) est peu satisfaisant. Même si la copie est lisse et la définition somme toute acceptable, quelques tâches et points blancs viennent émailler l'écran un peu trop souvent, des rayures verticales sont discernables à moult reprises, les noirs se montrent laiteux et les contrastes ne sont guère brillants. Heureusement, ces défauts s'amenuisent au fur et à mesure du visionnage. Signore e Signori a beau être plus récent d'une dizaine d'années par rapport à Meurtre à l'italienne et Il Ferroviere, il n'en demeure pas moins que cette copie se révèle être la plus décevante de cette salve consacrée à Pietro Germi.
Les craquements distincts lors du générique de la restauration annoncent le pire mais il ne s'agit que de quelques secondes durant l'ouverture. Si les dialogues sont ensuite dynamiques et fluides, ce qui n'est pas un mal tant les Italiens ont tendance à crier plutôt que de parler (ah bon ?), nous constatons tout de même un souffle imposant durant les deux heures du film. Une fois de plus, c'est Carlo Rustichelli qui signe la partition de Signore e signori et sa composition enjouée et virevoltante est suffisamment bien restituée sur ce mixage qui se voit seulement perturbé par un ronronnement et un écho tenaces.
Préface de Jean A. Gili (6min53)
Comme pour les suppléments d'Il Ferroviere et de Meurtre à l'italienne, l'historien du cinéma Jean A. Gili se penche avec concision sur la carrière et le film de Pietro Germi qui nous interesse, Signore e signori. Notre interlocuteur rappelle le désir du cinéaste d'éviter d'être catalogué dans un seul et même genre en passant avec succès du drame à la comédie. Dans une seconde partie, Jean A. Gili décortique le fond du film en dressant le portrait de la petite bourgeoisie italienne méchamment titillée par Pietro Germi qui fut d'ailleurs récompensé par la Palme d'Or au Festival de Cannes en 1966 (ex-aequo avec Un homme et une femme), sous les huées de certains professionnels du cinéma qui n'admettent alors pas que l'on place cette « farce italienne » au même niveau que le « chef d'oeuvre » de Claude Lelouch.
Pietro Germi, le bon, le beau, le méchant (59min30)
Réalisé en 2009, cet admirable documentaire intitulé dans sa version originale Il bravo, il bello, il cattivo, rend enfin un brillant hommage à la carrière de Pietro Germi (1914-1974), comédien, réalisateur, producteur et scénariste plusieurs fois récompensé pour ses oeuvres dans les festivals du monde entier (dont l'Oscar du meilleur scénario pour Signore e signori) et pourtant aujourd'hui trop souvent oublié. Un foisonnement d'interviews vient développer la personnalité de l'homme complexe qu'était Pietro Germi : un individu d'une épouvantable timidité, engagé, discret, aimant la solitude, méfiant, colérique, usant du cinéma comme d'un vecteur lui permettant de contester certaines mœurs de la société tout en désirant avant toute chose divertir les spectateurs dans le drame ou dans la comédie.
Les comédiennes Claudia Cardinale, Virna Lisi, Stefania Sandrelli, les cinéastes Carlo Lizzani et Pupi Avati, les scénaristes mythiques Furio Scarpelli (90 ans au compteur) et Luciano Vincenzoni, des historiens du cinéma, certains collaborateurs et ses enfants viennent témoigner de leur collaboration ou apporter un élément permettant de percer la carapace sous laquelle se réfugiait le réalisateur italien. Largement illustré de photos, d'images d'archives montrant le cinéaste au travail ou donnant des interviews, le segment dessine le portrait passionnant d'un des plus grands metteurs en scène italiens, au même titre qu'un Luchino Visconti ou Federico Fellini. En réalisant un tour quasi-exhaustif de ses longs métrages, Carlotta nous donne sérieusement envie de découvrir d'autres pépites de Pietro Germi (à bon entendeur !).
