Wild Side nous propose un transfert soigné réalisé à partir d'un master quasi impeccable. Bien que l'image manque légèrement de piqué, la définition s'avère tout de même très précise et permet d'apprécier chaque élément du décor, y compris dans les arrière-plans. A cela vient s'ajouter une belle gestion de la palette colorimétrique restituant à merveille l'esthétique du film tel qu'on pouvait le découvrir en salles. Les contrastes se révèlent eux aussi joliment rendus, avec des noirs profonds à souhait et des jeux d'ombre et de lumière très bien dosés. La compression se fait quant à elle plutôt discrète. Les mouvements bénéficient ainsi d'une grande fluidité tandis qu'aucun artefact notoire n'est à déplorer.
On a peine à comprendre la ligne éditoriale consistant à proposer un choix entre les deux extrêmes - un simple stéréo ou un DTS - pour la version originale, et la voie du milieu pour la version française. Dans le cas présent, c'est justement le 5.1 offert dans la langue de Molière qui obtient nos faveurs. En effet, si le DTS cantonais propose une belle limpidité et un réel effet d'enveloppement, le Dolby Digital 5.1 offre davantage de profondeur et d'ouverture sonore, pour un résultat plus puissant et plus immersif. On obtient d'une part une musique bien mieux mise en avant, ce qui a son importance dans la partie de Johnnie To puisqu'elle définit l'atmosphère et joue un rôle primordial dans la narration. En outre, les bruitages bénéficient d'une dynamique supérieure et se révèlent nettement plus percutants. Ainsi, lors de la poursuite dans le champ à la fin du film, le spectateur a davantage l'impression d'être immergé au milieu des coups de feu qui pètent de partout, là où le DTS se montre timide en termes d'impact et de punch. Dommage que la V.O. n'ait pas bénéficié du même traitement.
Si ces bonus ne feront pas changer d'avis les détracteurs de Triangle, force est de reconnaître qu'ils devraient satisfaire ceux qui ont apprécié l'expérience. En outre, les interfaces sont réussies, sur le plan visuel comme sonore.
DVD 1
En plus du long métrage lui-même, ce premier disque nous propose une galerie de photos, la bande annonce du film en VOST mais aussi une petite featurette intitulée A propos du film (6mns). Il s'agit d'un bref making of présentant le projet Triangle à travers des extraits de tournage et d'interviews. Les intervenants ne sont autres que les trois cinéastes Tsui Hark, Ringo Lam et Johnnie To, filmés en plein travail sur le tournage, ainsi que les trois acteurs principaux, qui expriment les raisons pour lesquelles le concept du film les attirait.
DVD 2
Wild Side Vidéo nous propose tout d'abord le film dans sa première version, présentée au Festival de Cannes (1h37). Si la durée du métrage ne varie que de huit minutes environ, les séquences coupées au montage entre temps se révélant d'un intérêt mineur, la musique a elle aussi enduré quelques changements, notamment dans la dernière partie où les chœurs n'étaient pas encore présents. On préfère encore la version finale, mieux rythmée et plus inspirée. Cette première mouture nous est offerte dans un transfert de très bonne facture bien que moins parfait que celui de la version définitive, de petits points blancs apparaissant ça et là sur l'image. Sur le plan sonore, nous avons droit à un Dolby Stéréo et rien de plus.
Ponctué d'extraits du tournage et du film, le making of (19mns42) qui n'en est pas vraiment un s'articule principalement autour d'extraits d'une conférence de presse donnée par les trois réalisateurs Tsui Hark, Ringo Lam et Johnnie To, accompagnés de leurs trois comédiens principaux, Simon Yam, Sun Honglei et Louis Koo. Prenant successivement la parole, les cinéastes font part de leur volonté de délivrer une œuvre cohérente, tout en s'autorisant chacun à donner leur propre vision de l'histoire et des personnages. Les réalisateurs et les acteurs reviennent sur la thématique de l'amitié à travers le film et relient le destin des personnages avec la société hongkongaise d'aujourd'hui, ou bien avec son rapport au cinéma en ce qui concerne Ringo Lam. Si ces interventions ne sont pas dénuées d'intérêt, les détracteurs du film ressentiront une certaine perplexité puisque les thématiques mentionnées ne ressortent pas du tout dans le film. En résumé, ce documentaire au demeurant agréable à suivre permet d'apprécier le fossé qui peut séparer un film avec les intentions de départ qui lui étaient associées.
Vient ensuite une succession de scènes coupées (16mns39), dont certaines ont d'ailleurs bien fait de l'être. Le module débute avec une sympathique scène d'amour entre le personnage de Kelly Lin et son amant (Gordon Lam) dans la voiture, un moment partiellement coupé dans montage final où seul le début et la fin avaient été gardés. Même traitement pour la scène de ménage entre la même Kelly Lin avec son mari (Simon Yam) dans le cybercafé, la séquence comportant un passage assez comique où elle se bagarre avec Louis Koo. Après une succession de plans parfaitement incompréhensible faisant intervenir des sonneries de téléphones portables, on assiste enfin à une dispute de couple particulièrement violente entre les personnages de Simon Yam et Kelly Lin, un passage au cours duquel l'homme va devoir maîtriser son épouse, devenue incontrôlable, et ainsi la violenter en toute légitimité. Merveilleux, non?
Cette interactivité s'achève sur des bandes annonces d'autres titres à venir chez l'éditeur.