Levons une dernière fois notre verre au bon souvenir du premier Banlieue 13, sorte d'ignominie faussement démagogique qui diabolisait un milieu pour mieux cracher sur d'autres (et inversement) et dans lequel l'extrémiste de n'importe quel bord que ce soit trouvait sa satisfaction. Du vrai Besson, avec sa plume pachydermique, qui, sous couvert du divertissement aux faux relents sociaux, arrivait à mettre de l'huile sur le feu. On en rit encore et on était déjà préparés à se foutre tout autant de la tronche de Banlieue 13 Ultimatum, qui, à travers ses extraits et bandes-annonces, semblait étaler toute une tartinée de clichés comme lui seul sait le faire.

 

Et puis, et puis... surprise. Sans être concrètement du cinéma avec un grand "C", cette suite s'en rapproche étonnement. Qu'on se rassure, le traitement de texte de Luc Besson est toujours aussi lesté de ciment et ses dialogues sont toujours aussi peu incarnés (et les comédiens leur rendent un hommage royal) mais à force de vouloir faire ''comme les américains'', il y arrive presque. Parce que s'il y a un truc sur lequel ce bon vieux Luc s'est surpassé dans son scénar, c'est dans la façon d'entretenir l'action et de la faire évoluer crescendo sans que ça ressemble (trop) à une démo sportive.

 

 

 

Ce n'est pas un mal de remettre les choses à plat. Ce qui a longtemps été reproché aux films Europa, ce n'est pas tant de faire des films stupides, mais de les faire mal, voire très mal ! Taxi et ses suites... c'est du divertissement, mais raté ! B13-U (c'est le nom de code du truc), c'est aussi un divertissement aux ras des pâquerettes, ou feuilles de cannabis, mais au moins ça fonctionne. Ca fonctionne tellement pas mal qu'on en oublie presque que les acteurs principaux sont essentiellement des chorégraphes qui récitent un texte, on en oublie également une bande originale calibrée pour les nénettes qui écoutent les radios libres nocturnes en cachette sous leur couette, et on se laisse surtout surprendre par le plaisir que l'on peut prendre devant ce petit roller-coaster plutôt bien foutu. Plus généreux, beaucoup moins toc que d'habitude, se donnant enfin les moyens de ses ambitions et s'octroyant quelques enjeux poussifs qui en font autre chose qu'une Yamakaserie, la nouvelle production Besson nous évite de faire notre habituelle fine bouche.

 

 

 

 

Enfin, si, on la fera quand même. Parce que si pendant 1h20, on s'amuse pas mal avec toutes ces explosions, ces bourres pif et ses voitures qui passent par la fenêtre du 36 quai des orfèvres, on regrettera que tout ce qui avait été soutenu habilement bascule soudainement dans une mauvaise gaudriole déjà plus proche de ce à quoi on nous avait habitué. Pour conclure en catastrophe les 10 dernières minutes, on se paye encore une déma-gogo de derrière les fagots avec des semelles de plombs, livré par un Philippe Toreton en forme olympique dans le rôle d'un Président fantasmagorique qui essaie de nous faire croire en quelques lignes qu'en se serrant les coudes, gangs criminels et politicards remettront le pays sur pied. Bien sur, c'est ringard, surtout pour s'achever sur un improbable plan final où il fume le cigare avec Mc Jean Gab'1 et La Fouine, mais c'est fondamentalement moins honteux dans le principe que ce qu'inculquait le scénariste à notre chère jeunesse jusque là. Il y a des gens respectables partout... c'est pareil pour les films.

 

 

Critique publiée à l'origine le 12/02/2009