28 semaines plus tard
Le 01/10/2007 à 12:00Par Arnaud Calistri
Proposer une suite à un film qui se suffisait à lui-même (28 jours plus tard, de Danny Boyle) rimait a priori avec gros précipité mercantile prompt à sortir directement en dvd et à grossir les rangs des vidéoclubs. Surprise: il n'en est rien. Juan Carlos Fresnadillo, cinéaste espagnol remarqué avec Intacto, premier long métrage éblouissant de maîtrise, remplace Boyle (ici co-producteur) et révolutionne de manière extravagante les codes du film de zombies. Du beau boulot, certes. Mais l'intérêt réside également ailleurs. Dans la critique antimilitariste et la dénonciation du bellicisme rampant de l'oncle Sam. De la même façon que Alfonso Cuaron donnait la vision d'un Londres post-apocalyptique dans Les fils de l'homme, Fresnadillo sonde l'horreur qui sourd dans les rues de la capitale britannique et ausculte en filigrane l'asservissement de la Grande Bretagne envers les Etats-Unis. Une métaphore politique subtilement dissimulée dans un uppercut de bombe atomique où la démence prend une telle densité qu'on pourrait marcher dessus.
Avec une inspiration fougueuse, Fresnadillo apporte du sang neuf à une mécanique éprouvée, dépoussière les ombres tutélaires de tonton Romero et applique des effets horrifiques peu ou prou inédits afin de créer cette délicieuse sensation de cauchemar éveillé qui cueille par surprise. Il lui suffit d'augmenter le son pour provoquer une décharge d'adrénaline ou d'organiser des séquences hors du commun pour surprendre au moment où on s'y attendait le moins (l'hélicoptère qui zigouille les zombies). En écho à un prologue ravageur, la dernière partie, proche du survival, amplifiée par la tension paranoïaque, se révèle tellement puissante qu'on ne sait plus où donner de la tête.