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30 Jours de nuit

Le 08/01/2008 à 17:52
Par
Notre avis
6 10

Parce que le réalisateur David Slade croit en son projet pendant une grande partie du film (mais même lui succombera à un final aussi salement expédié que le dernier Renny Harlin) empêchant 30 jours de nuit de sombrer totalement dans l'absence d'intérêt, on retiendra son oeuvre comme une sanglante et fascinante imperfection. Ce sera en tout cas au spectateur de faire lui-même le ménage entre des gros vilains clichés, le sacrifice d'un vrai film concept, quelques partis pris étonnants et un travail de mise en scène de qualité. L'histoire du verre (à dents) à moitié vide...


Critique 30 Jours de nuit

En observant 30 Jours de nuit, on saisit rapidement ce qui a attiré David Slade sur le projet. L'un de ceux que l'on a le plus attendu au tournant depuis son excellent premier essai, Hard Candy, flirte avec la même illustration des sentiments face à la mort dans son second film qu'il le faisait déjà dans le précédent. L'oppression, la torture, le sadisme, la dégénérescence progressive et autres réflexes de survie impromptus sont donc au programme de cette histoire de vampires. Mais comme nul n'est parfait, on saisi également ce qui attiré le duo Raimi/Tappert - producteurs de The Grudge et Boogeyman - dans l'adaptation du comic book sur grand écran. Le besoin de flirter sur la vague des icônes classiques revu à la sauce contemporaine et d'offrir à leur compagnie Ghost House un 28 jours plus tard maison non avoué. Des objectifs pas toujours concordants démontrent qu'il est difficile de situer cette adaptation à mi-chemin entre un regard d'auteur et un vrai survival sanglant lorsque l'un adopte parfois les défauts de l'autre...

 

Critique Critique 30 Jours de nuit

 

Au départ il y a donc le graphic novel d'un autre duo, Steve Niles et Ben Templesmith racontant la cohabitation improbable entre vampires et humains dans un pays où le soleil met un bon mois avant de montrer le bout de son nez. La chaîne alimentaire étant ce qu'elle est, les gros gloutons s'installent comme s'ils étaient chez eux tandis que les rares représentants de la race Moldu que nous sommes sont obligés de se cacher où ils peuvent en attendant que les choses reprennent leur cours normal. Si la série s'est ensuite déclinée sous d'autres aspects, le film s'en tient aux premiers fondements. C'est déjà beaucoup et c'est peut-être même un peu trop pour une histoire aux repères incertains. Pourtant tout est là : L'Alaska, la fameuse nuit non-stop pendant les trente fameux jours, le siège sournoisement préparé par les monstres, le huis clos étendu à cette énorme zone pavillonnaire fantôme et surtout ce déséquilibre dominant/dominé...

 

Critique Critique 30 Jours de nuit

 

Beaucoup trop de choses en soit pour un film qui concourre bien évidemment à une certaine fidélité au matériau d'origine - qui lorgnait déjà vers les classiques horrifiques du septième art - mais qui ne veut malheureusement pas sortir pour autant des carcans d'un genre un peu éculé malgré tout le potentiel évoqué dans le titre. Des fameux 30 jours, composante moitié de la fameuse règle de l'unité de lieu et de temps, on gommera tout l'aspect de la survie dans le sens organique et temporel du terme (on jurerait que tout ne se déroule que sur quelques heures) là où la littérature de Matheson ou le Zombie de Romero, comme son remake, développaient justement cet aspect de la vie réadaptée en cas d'apocalypse. Ici on se barricade, arme au poing, et on défonce le premier vampire qui approche ses canines... Et tant pis pour la bouffe, la cohabitation forcée et autres commodités. Il est d'ailleurs question de vampires, mais on aurait pu y caser n'importe quel autre monstre pour se rendre compte que cet énième survival en huis clos ne tient pas nécessairement la comparaison avec tout ce qui s'est déjà vu précédemment.

 

Critique Critique 30 Jours de nuit

 

Ce qui frappe la rétine, comme un rayon d'UV salvateur, c'est une mauvaise rythmique préfèrant expédier les ellipses pour se ruer systématiquement sur la première confrontation venue avec les monstres. Avec les multiples répétitions que l'on imagine... Un ennui suscité par la focalisation quasi unique sur le point de vue des humains, reléguant les prédateurs en simples Marylin Manson addicts qui passent leur mois à écouter leur chef déblatérer (dans un simili slave, of course) les conneries d'usage : "C'est nous les meilleurs", "C'est nous les plus forts", "Putain, c'est trop cool l'Alaska, on aurait du venir plus tôt". Et lorsqu'en plus le chef n'a pas plus de charisme qu'un figurant sur le pilote de Buffy, on a dû mal à accrocher...

 

Des monstres qui s'éloignent en cela de la BD puisqu'on ne découvrira pas grand-chose sur leurs motivations (si ce n'est celle d'ingurgiter de la chair fraîche), les laissant en simples silhouettes errantes dans le décor déserté comme des morts vivants et ne profitant jamais, mais alors jamais, de tout ce qui est à leur disposition maintenant qu'ils sont les maîtres à bord. Ceux là, ils préfèrent sauter de toits en toits... Chacun son truc. Ils sont méchants, ils croquent, et ils ne sont pas jolis. Point ! Passons également sur leur aspect qui, bien qu'à la décharge du format qu'est le cinéma, ne rendra jamais honneur - à une ou deux exceptions près- aux visages cauchemardesques hantant les planches de la BD.

 

Critique Critique 30 Jours de nuit

 

Voilà qui handicape énormément Slade, aux commandes malgré lui d'une série B outrageusement formatée. Pourtant, dans cet handicap, il trouvera plusieurs fois l'occasion d'expérimenter son amour du vice et des situations atypiques déjà constaté dans son extraordinaire (c'est utile de le répéter) Hard Candy. Et c'est étrangement dans l'atmosphère générale de son introduction, dans la mise en place des pions, dans le récit de ce piège mortel qui se referme - plus que dans les scènes d'action - que le film se montrera brillant. Si ses méchants ne servent finalement à rien, excepté être très méchants, on pose l'être humain non plus en victime, mais littéralement en proie et jouet tourmenté du sadisme inexpliqué de son prédateur. Un animal sans défense lapidé par des sales gosses ayant pris conscience de leur supériorité soudaine.

 

Voilà qui laisse libre court à quelques petites idées de génie surgissant ça et là sans crier gare (l'utilisation d'une habitante comme appât pour débusquer ceux qui se cachent, une petite fille vampire souhaitant "jouer" avec le premier venu, etc), et surtout à un travail de metteur en scène livrant, esthétiquement parlant, des plans d'une beauté souvent ébouriffante... Plans d'expositions et autres joyeusetés aériennes demeurent parmi les plus grandes réussites du projet. De quoi nous faire apprécier, en tout cas, le peu de pouvoir dont il semble avoir bénéficié.








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