Prey : critique du prequel de Predator par le réalisateur de 10 Cloverfield Lane
Le 04/08/2022 à 15:47Par Pierre Champleboux
Le talent de Dan Trachtenberg n’est plus à démontrer. Avec 10 Cloverfield Lane, l’homme nous avait vissé à nos sièges pendant 1h45 en nous offrant un film imprévisible qui ne cessait de jouer avec nos attentes et notre culture cinéphilique, concluant le tout par un final qui donnait une terrible envie de voir une suite débarquer au plus vite.
On attendait le Aliens, le retour de Trachtenberg depuis 2016 et le voici qui revient pour nous offrir son propre Predator avec Prey. Et si la claque est moins forte qu’à l’époque de la sortie de son thriller en mode bunker, la réussite est toujours au rendez-vous.
Fan absolu du premier Predator, Trachtenberg a à cœur de lui rendre hommage sans pour autant tomber dans la redite ou le fan-service facile. Ici, les références sont subtiles et les plans ne tentent pas de singer platement ceux tournés 35 ans plus tôt par John McTiernan.
L’idée d’imaginer que les aliens de la race du Predator nous auraient rendu visite bien avant les 80’s n’est pas inédite. Plusieurs fan-films, dont les très bons Predator Dark Ages et The Creature From The Big Mountain (tous deux visibles en VOST et en intégralité sur YouTube) s’y étaient déjà essayés avec brio. Et si ces deux courts-métrages visitaient respectivement le Moyen Âge et la France occupée, opposant pour l’un le Predator à des chevaliers et pour l’autre à des soldats SS, Prey invite cette fois la gueule de porte bonheur venue d’ailleurs à se frotter au peuple Comanche.
Les Comanches étants reconnus comme de redoutables chasseurs, et de ce fait, le concept même de cette confrontation a du bon. Mais la vraie bonne idée de Prey, c’est de se concentrer sur une outsider nommée Naru (Amber Midthunder), une fille de la tribu qui rêve de chasser avec ses frères et dont tout le monde sous-estime les capacités. Un personnage aux antipodes du Dutch interprété par Arnold Schwarzenegger, qui va néanmoins donner du fil à retordre à l’alien venu chasser du terrien. Prey est donc un deux en un : un film de traque doublé d’un récit initiatique.
Au rayon des qualités, on citera pêle-mêle : une reconstitution soignée de la vie des Comanches dans les années 1700, une actrice principale convaincante dans le jeu comme dans les séquences plus physiques et les scènes de fight, un scénario simple mais, un rythme prenant et sans temps morts, et un film qui se rapproche fortement de ce qui a fait le succès du long-métrage original, sur le fond comme sur la forme.
Côté points faibles, on relèvera quelques effets visuels hasardeux (notamment pour ce qui est des animaux en CGI ou de certaines apparitions du Predator) de rares séquences confuses, et une légère frustration en terme de débordements gores, même si Prey demeure généreux dans la violence.
Au final, si Prey n’égale pas son modèle, il reste néanmoins la suite de Predator la plus réussie à ce jour (même si on aime beaucoup le numéro 2) et donne envie d’en voir plus. Trachtenberg réalisera-t-il enfin son Aliens, le retour avec un éventuel Prey 2 ? Croisons les doigts pour que ce soit un jour le cas.
Rencontre avec Amber Midthunter, la nouvelle chasseuse de Predator