Premier film d'Alan Parker (Midnight Express, Angel Heart), Bugsy Malone est un film à la croisée des genres. Film de gangster d'abord, nous replongeant dans le Chicago des Incorruptibles, celui des années 30 en pleine prohibition. Comédie musicale ensuite, dont la partition jazzy et enflammée fût signée par Paul Williams à qui l'on doit également les mémorables morceaux de Phantom of the Paradise et des Muppets : le film. Film sur l'enfance enfin, car plus qu'un simple artifice de scénario, le fait de placer des bambins dans des rôles d'adultes permet au futur réalisateur de Birdy d'évoquer avec douceur quelques problématiques propres à cet âge-là, sans tomber dans un didactique premier degré. Premiers amours et esprit de rivalité type "qui fait pipi le plus loin" (ici matérialisé par la puissance de "la mitraillette à petits-suisses" de Bugsy Malone, sorte d'Al Capone en culotte courte) sont donc au cœur de cette histoire, qui pourrait finalement être confondu avec une bagarre de bac à sable comme on en voit dans toutes les cours de récréation. Ces personnages, même avec des costards et des pistolets, restent de simples gamins qui jouent aux gendarmes et au voleur. Et au final, la force de Parker est d'avoir trouvé la métaphore adéquate, ainsi que la dose nécessaire de fantaisie, pour nous raconter l'enfance et ses tracas sans lasser. Et puis il y a la jeune Jodie Foster, qui, un an après son apparition dans Taxi Driver de Martin Scorsese, étale encore une fois cette classe unique qu'elle possédait déjà à 13 ans.