Candyman : le re-re-retour de trop ? Critique au crochet

Sale temps pour les croque-mitaines

Décidément, les temps sont durs pour les icônes de slashers. À l’exception du très sympathique Halloween de David Gordon Green, les tentatives de ressusciter les boogeymen des 80’s et des 90’s de soldent presque systématiquement par des échecs cuisants. Et si le Candyman produit par le réalisateur de Get Out et Us n’est pas foncièrement mauvais, il n’est malheureusement pas un film d’horreur réussi.

Pourtant, tous les ingrédients étaient réunis pour qu’on s’enflamme à l’annonce du projet. Jordan Peele proposant un regard nouveau sur la franchise, assurant que cette production s’inscrirait néanmoins dans la continuité de la saga originale ? Qu’on apprécie ou pas les œuvres initiées par le bonhomme, il y avait de quoi susciter l’attente et la curiosité.

D’autant qu’il faut bien l’admettre, Candyman 3 : Le Jour des morts, sorti directement en vidéo à la fin du siècle dernier, avait enterré pour de bon le tueur au crochet sur fond de bâillements polis. On espérait donc que 20 ans plus tard, Daniel Robitaille (Tony Todd) ou son successeur parviendrait de nouveau à nous glacer le sang. Mais le nouveau Candyman n’est pas là pour nous terroriser : il est venu nous faire cogiter.

Et c’est le problème principal du Candyman 2021 : il ne s’agit pas d’un slasher. L’horreur y est principalement psychologique, cherchant à faire réfléchir les spectateurs sur le monde et l’époque dans laquelle ils vivent à travers les remises en question de ses personnages principaux et les différents traumas et tournants qu’ils traversent et subissent.

Une approche qui n’est pas forcément désagréable, mais qui risque de perdre et d’ennuyer beaucoup des spectateurs qui s’attendaient à assister à un film dans lequel un tueur aux pouvoirs surnaturels pourchasse inlassablement ses victimes. Ici, on réfléchit sur la place de l’artiste dans la société, sur la situation actuelle et passée des afro-américains et sur l’hypocrisie de la société. Pour la trouille, on repassera.

Le trouillomètre à zéro

Le Candyman de 2021 tue assez peu, et lorsqu’il le fait, c’est rarement réussi. La bonne idée de le faire se manifester à travers les miroirs est vite ternie par les choix peu inspirés de mise en scène des meurtres.

La première mise à mort sent le déjà vu et ne terrifie pas, la faute à un humour maladroitement placé. Celles qui suivent se passent bien souvent loin des yeux des spectateurs et semblent confirmer que ce n’est pas un slasher que la réalisatrice et son producteur ont voulu signer.

À tel point que par moments, on en vient même à se demander si le Candyman est réel ou s’il n’est pas issu de l’imagination d’un des protagonistes. Problématique pour un long-métrage dans lequel le tueur qui lui donne son titre est supposé être notre principale source de terreur.

Make Candyman great again

Mais passée la déception de ne pas se retrouver face à un film qui fait réellement flipper, on peut quand même reconnaître quelques qualité au film de Nia DaCosta : les images sont soignées, les plans souvent intelligemment agencés, le lien avec les films originaux est respecté et le choix des acteurs est plutôt bon (à l’exception de Colman Domingo, vu dans Fear The Walking Dead, qui surjoue totalement dans le dernier acte du long-métrage).

On apprécie également la partie body horror du film, autre idée a sauver du scénario laborieux de Jordan Peele, ainsi que les quelques parties du film qui cèdent la place à l’animation, même si la réalisatrice abuse quelque peu du procédé.

Et si ce Candyman 2021 se perd en digressions plutôt laborieuses, il faut souligner que sa fin jouissive, dont on ne dévoilera rien ici, donne malgré tout envie de voir ce que pourrait donner la suite des événements.

En définitive, le Candyman de Nia DaCosta échoue à susciter la peur et à retrouver l’aura de son modèle. Et si on sent toutefois le respect des auteurs pour la franchise, on aurait aimé qu’ils en adoptent davantage les codes pour mieux les twister. Et si Kandisha, qui empruntait beaucoup au film de Bernard Rose, était le seul vrai reboot de Candyman à être sorti cette année ?

Candyman, le 29 septembre 2021 au cinéma.