Quiconque connaît un tant soit peu le cinéma de Steven Spielberg n'a pu être étonné de voir le réalisateur s'attaquer à l'adaptation cinématographique de Cheval de Guerre (War Horse) la pièce de théâtre de l'écrivain Michael Morpurgo elle-même basée sur son livre éponyme. Il faut dire que cette émouvante histoire d'un jeune homme qui traverse la première guerre mondiale afin de sauver Joey, son cheval envoyé au front, permet au réalisateur de développer des thématiques qui lui sont chères : l'horreur de la guerre, le conflit entre un père et son fils ou bien encore la relation fusionnelle entre un adolescent et un animal (ou un être venu d'ailleurs !) que les adultes ne peuvent comprendre.



Bien entendu, Cheval de Guerre est un film de Noël s'adressant particulièrement aux grands enfants, au même titre que le roman publié en 1982. Il faudra donc mettre son cynisme de côté si l'on souhaite un tant soit peu apprécier cette aventure épique et historique. Car il faut avouer que si on ne peut qu'approuver le choix de suggérer la violence inhérente à la guerre (dont les fameuses mises à mort des chevaux), on regrettera tout de même que la grande thématique pacifiste du film prenne le pas de manière trop imposante sur les différents éléments de dramatisation. Fort heureusement, les moins prompts à retrouver leur âme d'enfant pourront passer outre les nombreux 'Spielberg Faces' (notamment ceux de de l'acteur Jeremy Irvine) et un scénario noyé dans une effusion de bons sentiments grâce à l'absolue maîtrise du réalisateur et aux envolées symphoniques d'un score de John Williams qui saura leur faire lâcher, au moment le plus opportun, une petite larmouchette. Car si l'histoire aurait pu être le prétexte à un téléfilm certes fidèle mais calibré, on sent ici que Spielberg met tout son talent (et son budget) en oeuvre pour fournir aux spectateurs un jolie aventure épique de Noël.


Le cadre épouse ainsi les mouvements des chevaux d'une manière flamboyante, offrant une intensité toute particulière aux balades montagneuses ainsi qu'aux charges militaires. Joey a beau n'être "qu'un animal", on ressent ses fêlures émotionnelles (la séparation de sa mère) autant que ses douleurs physiques. Il est à ce titre, le véritable héros de Cheval de Guerre, reléguant avec une facilité déconcertante tout le reste du casting, aussi bon soit-il (formidable Niels Arestrup !). On admire d'ailleurs la combativité du cheval bien plus encore que celle du jeune Albert, parti au front afin de retrouver son canasson ! Et c'est justement cette soif de vivre et cette volonté de ne jamais céder sous le poids des douleurs qui offre au film sa plus belle morale et insuffle au spectateur des valeurs qui sauront faire mouche. Au final, Cheval de Guerre plaira aux amoureux de jolis contes sur fond de drame historique et saura émouvoir autant les plus petits que les grands enfants. Quant aux autres qui se refuseront de se laisser porter par les facilités scénaristiques évidentes, ils pourront néanmoins s'incliner devant le sens du spectacle du maître Steven Spielberg et devant l'ampleur technique (décors, costumes, lumière, son, etc.) de cette grande fresque épique.