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Coeur d'encre

Le 27/01/2009 à 08:03
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Notre avis
2 10 Nous ne le répéterons jamais assez : ce n'est pas parce qu'un film s'adresse au jeune public qu'il doit se complaire dans la négligence artistique. Que Coeur d'Encre s'en tienne à un traitement résolument premier degré de son histoire n'a rien de déshonorant en soi. Mais ce qui aurait dû être un joli divertissement familial est plombé par une absence totale d'ambition tant sur le plan visuel que sur celui de la mise en scène. A l'arrivée, sans être franchement honteux ou de nature à heurter qui que ce soit, Coeur d'Encre se contente d'enchaîner les péripéties et les gags pas toujours drôles sans jamais tirer parti de son concept de départ, ni même insuffler un semblant de magie à son univers. Ajoutons à la mauvaise qualité de la production une galerie de (bons) comédiens ridiculement sous-exploités, parmi lesquels seul Paul Bettany parvient étrangement à tirer son épingle du jeu, sauvant presque la mise face à un Brendan Fraser effacé et un Andy Serkis grand-guignol. L'ensemble reste cependant trop cheap pour convaincre.

Critique Coeur d'encre

Critique Coeur d'encre

 

"Coeur d'Encre raconte la quête fantastique d'un père et de sa fille à travers des mondes réels et imaginaires.", explique le réalisateur Iain Softley. "Mais où se situe exactement la frontière entre le réel et l'imaginaire ?". Lorsqu'un film destiné au jeune public tente de répondre à une telle question, passionnante s'il en est mais déjà explorée un milliard de fois, il peut potentiellement prendre deux directions. La première est de s'inscrire dans la lignée d'un Secret de Terabithia ou d'un Spiderwick et d'apporter sur le sujet une réflexion intelligente, tout en restant accessible, à travers une histoire rafraîchissante. La seconde est de s'en tenir comme Coeur d'Encre à des enjeux sommaires pour proposer un divertissement à prendre uniquement au premier degré. Après tout pourquoi pas : c'est aussi ça, le cinéma. Encore faut-il que le réalisateur et son équipe sachent justement faire preuve d'une bonne dose d'imagination et d'un minimum d'inspiration pour instiller un tant soit peu de magie à l'univers du film. Exactement tout ce qui manque à Coeur d'Encre.

 

Critique Coeur d'encre

 

Pourtant, ce nouveau Brendan Fraser (l'icône actuelle du cinéma d'aventures pour jeunes ?) adapté du best seller de Cornelia Funke part d'un postulat séduisant : un père et sa fille possèdent le pouvoir de donner vie aux personnages des fictions qu'ils lisent à haute voix. Seul problème, chaque arrivée dans le monde réel est contrebalancée par l'intégration d'une vraie personne dans le roman. Ainsi, lorsque Mo (Brendan Fraser) extrait malencontreusement plusieurs protagonistes du roman "Coeur d'Encre", il enferme du même coup sa femme à l'intérieur. Comme si ce coup de malchance n'était pas assez dur pour le bonhomme, Doigt de Poussière (Paul Bettany), le gentil du roman, n'est pas venu tout seul puisqu'il est accompagné d'un certain Capricorne (Andy Serkis), un mégalo cruel escorté d'une galerie de méchants coiffés punk et bien décidés à en faire voir de toutes les couleurs à notre chasseur de momies préféré. Sur le papier, le pitch peut s'avérer assez fun, surtout si les héros décident d'appeler au secours l'auteur même du roman dont il est question (Jim Broadbent). Malheureusement, passé le (maigre) plaisir de la découverte, le film ne présente que peu d'intérêt pour les plus de douze ans. Soyons clair, un film comme Coeur d'Encre n'a rien de répréhensible dans le sens où son propos ne heurtera personne. Rien à voir avec L'Ile de Nim qui en profitait au détour d'une péripétie pour se moquer des obèses. Ici, nous avons droit aux bons sentiments habituels, valorisant le courage, l'entraide et bien entendu la lecture chez les jeunes. Comme c'est beau. On en fait vite le tour et il ne faut pas attendre grand-chose de plus.

 

Critique Coeur d'encre

 

 

Il ne suffit pas de faire apparaître une licorne et un minotaure sur un ou deux plans pour qu'un film puisse se réclamer du genre de la fantasy - surtout si les effets spéciaux sont ratés. Si l'on reprochait récemment au film français Les Enfants de Timplebach de trop se reposer sur son style visuel, Coeur d'Encre peut se targuer de n'en posséder strictement aucun, se distinguant donc par une absence totale d'effort esthétique. Il y avait pourtant matière à développer un univers baroque à travers la reconstitution d'un village ancien mêlant des éléments issus de mondes différents. Mais avec une mise en scène aussi plate et dénuée d'inspiration (on attendait mieux du réalisateur du mineur mais sympathique La Porte des Secrets), il paraît effectivement difficile de donner corps à un univers déjà peu travaillé au départ. D'ailleurs, au vu de la manière dont certains décors sont éclairés, on a parfois l'impression de se retrouver projeté directement sur le plateau et l'on s'attend presque à voir débarquer dans le champ quelques techniciens finissant d'installer le tout.

 

Critique Coeur d'encre

 

 

Le casting, pourtant alléchant, ne s'est pas non plus employé à sa juste valeur. Comme dans La Momie 3, Brendan Fraser reste étonnamment en retrait, ne révélant d'ailleurs aucune alchimie particulière avec la jeune Eliza Hope Bennett, très inexpressive. On attendait beaucoup d'Andy Serkis mais l'acteur popularisé par le rôle de Gollum se contente de cabotiner du début à la fin, désavantagé qu'il est par un rôle extrêmement grand guignol. Si Helen Mirren (The Queen) et Jim Broadbent (Moulin Rouge!) n'auront pas à rougir de leur prestation mais restent sous-exploités, les rôles de seconds couteaux (Farid, les acolytes de Capricorne...) frisent souvent le ridicule sous prétexte d'amuser la galerie. Dans tout ce bazar, seul Paul Bettany (Un Homme d'Exception) parvient miraculeusement à tirer son épingle du jeu, le personnage étrangement réussi campé par l'acteur anglais se révélant bien vite être le seul élément auquel se raccrocher pour ne pas sombrer dans l'ennui.








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