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Color Out of Space : l’adaptation hallucinée de Lovecraft avec Nicolas Cage - critique

Le 08/09/2020 à 10:44
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Notre avis
7 10 Un roman réputé inadaptable, un réalisateur fou qui n’a pas tourné un film depuis 20 ans, et un Nicolas Cage qui tourne dans à peu près tout et n’importe quoi… Sur le papier, il y avait de quoi craindre le pire avec Color out of Space présenté au PIFFF (Paris International Fantastic Film Festival) en décembre 2019. Pourtant, on assiste à un vrai petit miracle. Véritable trip sous substances hallucinogènes, le nouveau film de Richard Stanley fait l’effet d’un film des années 80 qui se serait perdu hors du temps. On pense à David Cronenberg, on pense à John Carpenter, et on se laisse rapidement emporter dans ce délire horrifique et cosmique qui transpire l’amour de Richard Stanley pour H.P. Lovecraft. Certes, Cage en fait souvent trop. Certes, le rythme est parfois trop lent. Mais si on aime Lovecraft, Carpenter et le cinéma de genre des 80’s, on pardonne au film tous ses défauts et on se laisse happer par la couleur tombée du ciel. 

Colour Out Of Space est disponible sur Amazon Prime Video depuis le 7 septembre 2020.


Films d Horreur / Fantastique


Connaissez-vous Richard Stanley ? Réalisateur du fauché mais puissant Hardware (film de monstre cybernétique avec Iggy Pop, sorti en 1990), le bonhomme avait tout pour devenir un grand. Et puis un jour, on lui a confié un projet de rêve : l’adaptation de L’Île du Docteur Moreau avec en tête d’affiche Val Kilmer (alors au sommet de sa gloire) et un Marlon Brando plus capricieux que jamais. 

 

 

Manque de bol, rien ne s’est passé comme prévu, et le réalisateur s’est rapidement fait évincer au profit de John Frankenheimer. Richard Stanley a tellement mal vécu cette éviction qu’il revenait régulièrement épier le tournage en secret, caché sous un masque parmi les figurants, nourrissant le projet de saboter le tournage du film dont il avait été viré. Une histoire (racontée avec brio dans l’excellent documentaire “Lost Soul: The Doomed Journey of Richard Stanley’s Island of Dr. Moreau” de David Gregory) qui laissa un goût amer au cinéaste.


Depuis lors, il semblait avoir pris sa retraite et vivait reclus à la campagne, au beau milieu de la forêt et des montagnes. Une situation similaire à celle de la famille confrontée aux évènements extraordinaires décrits dans son Color out of Space, à ceci près qu’à notre connaissance, aucune météorite aux propriétés surnaturelles n’a encore échoué dans le jardin de Richard Stanley. Pour lui, ce Color out of Space (produit en partie par Elijah Wood), c’est donc autant une adaptation de Lovecraft qu’une histoire personnelle. 

 

 

On y suit la famille Gardner, qui comme le réalisateur, habite une petite maison isolée au cœur de la forêt. Là, Nicolas Cage élève des alpagas, sa fille Lavinia écoute du métal et s’essaie à la magie noire, sa femme télétravaille depuis le grenier de la maison, son fils aîné fume des joints, et le petit dernier joue aux Duplo.

Tout va pour le mieux, jusqu’à ce qu’une météorite rose fluo ne vienne s’écraser dans le jardin de la famille. Rapidement, l’objet non identifié contamine l’environnement, perturbe le temps et transforme peu à peu tous les êtres vivants qui l’approchent. Sans s’en apercevoir, la petite famille va progressivement sombrer dans la folie et l’horreur…

 


Véritable exutoire pour le réalisateur de Hardware, Color out of Space lui permet de condenser en 1h40 vingt années d’idées et d’envies qu’il n’avait jusque là pas pu tourner. Un exutoire brut de décoffrage qui peut parfois dérouter. C’est dense, c’est sous influence, et il faut parfois s’accrocher pour ne pas tomber de ce grand huit sensoriel.

On ne sait pas vraiment qui est le personnage principal, beaucoup de questions restent en suspens, et le jeu de Nicolas Cage manque parfois de faire sombrer le film du côté du bis. 


Mais le film possède une telle atmosphère qu’on se retrouve à notre tour sous l’influence de l’étrange couleur qui l’habite, et qu’on finit par n’en plus discerner les défauts. Les images sont belles, les décors envoûtants et les effets spéciaux, à la fois numériques et mécaniques, donnent vie à un univers onirique et à un bestiaire cauchemardesque qui sied particulièrement à celui du créateur de Cthulhu. 

 

Amatrices et amateurs de John Carpenter et David Cronenberg, nostalgiques d’un certain cinéma fou et bricolé, de films merveilleusement imparfaits et d’univers lovecraftiens : laissez-vous tenter ! L’adaptation n’est peut-être pas très fidèle, mais elle est indéniablement osée et belle. 





Paris International Fantastic Film Festival (PIFFF

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