Mope - un No Pain No Gain hilarant dans le milieu du X - critique
Le 15/12/2019 à 17:05Par Pierre Champleboux
Avec Mope, Lucas Heyne signe un premier film à la fois intense, jouissif, drôle, et brutal. S’accaparant cette sordide histoire vraie pour en faire une sorte de No Pain No Gain au pays du gonzo, le réalisateur livre un long-métrage tantôt hilarant, tantôt glaçant. Si les deux premiers tiers de Mope versent volontiers dans l’humour, le dernier acte du film opère un virage à 180° marquant une rupture de ton brutale qui pourra en dérouter certain.e.s. Mais qu’importe, on assiste là à un film qui parvient à nous captiver durant 1h45 autour d’un sujet qui aurait pu donner lieu à bien plus glauque retranscription. Un réal bandant à suivre de près !
L’histoire de l’acteur porno Steve Driver aurait pu faire l’objet d’un Faites Entrer L’Accusé ou d’une Enquête Impossible narrée par Pierre Bellemare. Avant de devenir un sordide fait divers, c’est l’histoire de deux magnifiques losers, deux pauvres garçons rêvant de devenir les nouvelles stars du X, mais qui par manque de talent, de charisme et de prédispositions naturelles, se retrouvent contraints d’exercer dans un studio de troisième zone qui se spécialise dans le porno trash et fétichiste. Là, ils vont devenir les “Jackie Chan et Chris Tucker” du boulard déviant.
Cette histoire vraie est aussi drôle que désespérément triste. Lucas Heyne a décidé d’en faire avant tout une comédie, tout comme Michael Bay avec No Pain No Gain, qui relatait avec humour un fait divers tout aussi glauque que celui qui est à l’origine du scénario de Mope.
Comme Bay, on ne doute pas que Heyne a pris certaines libertés afin de rendre son récit plus attractif et moins insupportable. Il situe son histoire quelque-part entre la fin des années 90 et le début des années 2000, alors que dans la vraie vie, c’est en 2010 que tout est arrivé. Une petite patine vintage qui donne à cette histoire un aspect plus lointain et amoindri son impact sur les plus fragiles d’entre nous.
Tout est criant de réalisme, dans Mope. De la rencontre des deux héros lors d’un bukkake en sous-sol réunissant une trentaine de types pas nets autour d’une actrice aussi nue que fatiguée, à la descente aux enfers de Steve, tout y sonne incroyablement juste. On a presque l’impression de pouvoir sentir les odeurs de sueur et autres fluides corporels.
Ce réalisme, on le doit en partie à un casting aux petits oignons. On saluera particulièrement les performances de Nathan Stewart-Jarett (Curtis de la série Misfits), Brian Huskey (vu dans un paquet de comédies américaines) et même de David Arquette, venu faire une petite apparition dans le rôle d’un réalisateur de porno complètement fêlé.