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Cortex

Le 26/10/2007 à 12:43
Par
Notre avis
9 10

Cortex n'est pas qu'un simple film policier ou un simple sujet sur la maladie d'Alzheimer. Loin de là, il s'impose comme un vrai film d'auteur français doué d'une profonde maîtrise du cinéma de genre. Le brio du grand écart entre les deux styles n'a de commune mesure que la création de son environnement et son ambiance. Le résultat est diaboliquement efficace, retors, dérangeant. Et surtout touchant.


Critique Cortex

Quatre ans après Le Convoyeur, Nicolas Boukhrief, ex-cofondateur de Starfix et du journal du Cinéma sur Canal, revient derrière la caméra avec un film policier, Cortex. Le Convoyeur n'était pas un film de braquage traditionnel et se situait à l'intersection d'un cinéma social et de genre. Un grand écart joliment maîtrisé, permettant à Boukhrief de proposer un film sortant des sentiers battus et capable d'ouvrir les deux thèmes à son public. En ça, Cortex ne cache pas sa parenté au Convoyeur et permet au réalisateur d'approfondir ce mélange et de nous proposer un objet de cinéma aussi passionnant... qu'important.

 

Charles Boyer (André Dussolier), à la retraite depuis trois ans, commence à présenter les symptômes de la maladie d'Alzheimer. Son fils (Julien Boisselier) le conduit séjourner dans une clinique spécialisée dirigée par le docteur Chenot (Pascal Elbé). Un peu déboussolé par sa condition, Boyer prend des notes, cherche des repères dans son quotidien et entraîne sans cesse sa mémoires immédiate et celle à moyen terme, les deux plus touchées par la maladie. Seulement Boyer était flic. Et son instinct lui dit que des meurtres ont lieu dans cette clinique. Mais comment enquêter et surtout se faire entendre lorsqu'on est atteint d'Alzheimer ?

 

Critique Critique Cortex

 

Si Le Convoyeur assurait son mélange entre cinéma social et de genre à travers des scènes renvoyant à l'un ou l'autre, Cortex prend le contre-pied de cette alchimie et procède cette fois-ci à un mélange des deux. A partir de cette idée, deux possibilités étaient envisageables : ou le cinéma de genre allait prendre le dessus et utiliser le langage du cinéma d'auteur à l'écran, ou l'inverse, à savoir un cinéma d'auteur qui prendrait le dessus et utiliserait certains codes du cinéma de genre. C'est la seconde solution qui a été optée, Cortex optant dans le fond pour un aspect très documentarisé sur l'environnement de l'intrigue et reconstituant une ambiance de clinique aussi naturelle et effrayante que dans la réalité. Et pourtant l'ambiance est bel et bien stylisée, car si de nombreux films ont réussis à mettre en image la laideur des environnements hospitaliers, Cortex vient titiller notre frayeur interne, presque innée, de ces prisons froides, synonymes immaculés de dégradations corporelles où l'aspect humain en prend également pour son grade.

 

A la vue du décor construit ici, le film pose implicitement la question de la possibilité d'une guérison dans un environnement aussi hostile. Un réalisme bien dérangeant que l'on retrouve dans la peinture des personnages. D'un côté, les malades incarnés par André Dussollier, Marthe Keller, Gilles Gaston Dreyfuss, Philippe Laudenbach, tous autant décalés que touchants de par leurs réactions aussi imprévisibles que naturelles. N'importe qui s'est déjà aventuré dans un hôpital ne pourra que constater que la direction d'acteurs est tout simplement formidable et vient fouiller dans les instincts les plus cachés de l'être humain et sa détresse. De l'autre côté, on trouve le personnel hospitalier (Pascal Elbé, Claire Nebout, Claude Perron, ...), froid comme des fonctionnaires fatigués et blasés intérieurement, puisant leur patience dans cette envie sincère d'aider des personnes en difficulté, un paradoxe qui finalement rabaisse ces derniers à l'état d'animaux à la dignité atteinte.

 

Critique Critique Cortex

 

C'est au milieu de cet environnement qu'André Dussollier, présent dans chaque image du film du sommet de sa fragilité, se débat pour mener une enquête impossible, son personnage ne sachant pas s'il délire et s'enfonce en se raccrochant à son ancien métier, ou si son instinct est toujours fiable. Cortex fonctionne alors en exponentiel, la dernière partie de ce Cluedo psychiatrique reprenant les règles strictes du cinéma de genre alors que le doute subsiste encore sur la réalité des faits ou non. A travers une caméra calme, qui n'a pas peur des plans fixes et semble pourtant toujours en mouvement, Boukhrief réussit à créer un véritable film d'auteur français imprégné d'un cinéma de genre qu'il utilise avec parcimonie et intelligence, ce qui ne le rend que plus efficace. A travers cette recette, Cortex s'impose comme un film important, un film qui fait avancer le cinéma de genre en France dans une direction qu'on croyait qu'il avait perdu.








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