Coup de foudre a Rhode Island
Le 16/09/2008 à 10:07Par Michèle Bori
Fortement aidé par la justesse de son casting (Carell et Binoche, couple improbable mais qui fonctionne à la perfection) et la sincérité de son propos, Coup de foudre à Rhode Island est une très belle histoire d'amour et de famille qui évoque avec mélancolie et humour la difficulté d'accepter et de raisonner ses propres sentiments. Un film simple et touchant, qui mérite bien mieux que son étiquette de « comédie romantique avec le tonton suicidaire de Little Miss Sunshine ».
Après Horton et le sympathique Max la menace, Coup de foudre à Rhode Island vient clore l'année Steve Carell sur nos écrans. Propulsé star d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique depuis sa prestation remarquée dans Little Miss Sunshine, l'ex comique du Saturday Night Live et du Late Show nous revient donc pour la deuxième fois en deux semaines avec un long-métrage signé Peter Hedges (Pieces of April) dans laquelle il partage l'affiche avec Juliette Binoche et l'ancien prodige du stand up Dane Cook (Charlie, les filles lui disent merci). En fait, Coup de foudre à Rhode Island n'est autre que Dan in the real life, un film dont les premières affiches nous avaient fortement plu, laissant présager d'une comédie dramatique douce-amère et « dépressive » dans la lignée d'un Lost in Translation par exemple. Etrangement, Europa nous a offert quelques temps après un poster français du film prenant une toute autre direction puisqu'il nous vendait une comédie romantique tout à fait traditionnelle. Et comme d'habitude dans ce genre de situation, la vérité se trouve fort heureusement ailleurs.
S'il fallait décrire Coup de foudre à Rhode Island en une phrase, histoire de résumer nos impressions à l’égard du film, nous dirions que nous sommes en présence d'une "comédie dramatique ayant pour toile de fond les relations familiales et pour moteur narratif une histoire d'amour". Prenons ces éléments un par un. Le film de Peter Hedges est une comédie dramatique, c'est-à-dire parlant avec humour d'un sujet qui pourrait ne pas prêter à rire. Son personnage principal, Dan, est un homme qui a perdu sa femme et qui se retrouve à élever seul ses trois filles, avec lesquelles il éprouve le plus grand mal à communiquer. Au cours d'un week-end en famille, il croise Marie, une jeune femme dont il tombe tout de suite amoureux, mais qui malheureusement pour lui s'avère être la petite amie de son frère. Tout y est donc, la comédie (l'histoire de quiproquo, qui est quand même cocasse), le drame (la situation de Dan, l'histoire de quiproquo, qui est quand même triste), la famille, l'amour. Un postulat qui pourrait faire penser à un classique du genre, le très culte Nuits Blanches à Seattle, réalisé par Nora Ephron en 1993 et avec lequel Coup de foudre à Rhode Island partage plusieurs points communs, dont celui essentiel d'être avant tout une histoire sur la relation parentale avant d'être une romance.
Car il est bien là le but du film, dans sa description attendrissante des rapports humains au sein de la cellule familiale (Dan et ses filles, Dan et ses parents, Dan et ses frères), l'histoire d'amour n'ayant finalement qu'une importance secondaire et ne servant qu'à déclencher l'étincelle. Et pour le coup, Hedges réussit son pari haut la main, puisqu'il nous offre un très beau film matiné d'une mélancolie profondément touchante et ponctué ça et là de scènes qui arrivent à appuyer là où ça fait très mal. Tout ceux qui ont connu un jour ou l'autre une frustration sentimentale ne pourront être que pris au cœur par cette histoire déchirante d'un amour quasi impossible, dont on regrettera pour le coup le happy end de rigueur certes, mais ici totalement hors de propos.
Affiche américaine
Affiche française