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Le Royaume de Ga'Hoole - La Légende des gardiens

Le 26/10/2010 à 20:20
Par
Notre avis
9 10

On parlait depuis des mois du Royaume de Ga'Hoole comme du "film avec les hiboux réalisé par le mec qui a fait 300", il faudra maintenant dire "le meilleur film de Zack Snyder". Le réalisateur de Watchmen a un peu laissé de côté son maniérisme visuel pouvant refroidir pour se focaliser sur son histoire et ses personnages et il en résulte une fresque enivrante, d'une beauté à couper le souffle, qui nous rappelle avec nostalgie les plus belles heures du cinéma de Don Bluth. Formidable aventure qui devrait ravir les plus jeunes, mais aussi les amateurs de fantasy, Le Royaume de Ga'Hoole est un beau et grand film d'animation qui a tout pour devenir un classique. Découvrez ci-dessous la critique du film Le Royaume de Ga'Hoole la légende des gardiens ...


Critique Le Royaume de Ga'Hoole la légende des gardiens

Critique Le Royaume de Ga'Hoole la légende des gardiens

 

On s'est longtemps demandé ce qui avait pu convaincre Zack Snyder de prendre en main un projet comme Le Royaume de Ga'Hoole. Lorsque le studio Warner lui a proposé de faire un film sur les hiboux, pensait-il qu'il s'agissait d'un spin-off sur les personnages d'Hollis Mason et de Dan Dreiberg des Watchmen ? Blague à part, de la même manière que le Happy Feet de George Miller, ce film sur ces strigidés portant des casques en métal intriguait. Qu'allait donc donner ce film d'animation - tiré d'un roman pour enfant - entre les mains du golden-boy du rated-R, à qui l'on doit 300 et L'Armée des morts ? La question était sur toutes les lèvres. Aujourd'hui, la réponse se fait connaître : Le Royaume de Ga'Hoole est tout simplement le meilleur film de Zack Snyder, plus intense que L'armée des morts, plus jouissif que 300 et plus audacieux que son adaptation du comic-book d'Alan Moore cité plus haut. En trois mots comme en cent : un chouette film !

 

Critique Le Royaume de Ga'Hoole la légende des gardiens

 

Dès les premières minutes du film, il plane au dessus du Royaume de Ga'Hoole comme un air de nostalgie. Un doux parfum de madeleine comme dirait Proust, qui nous évoque immédiatement quelques images floues de dessin-animés de notre enfance. En vrac, Brisby et le secret de Nimh, Fievel et le nouveau monde, Le petit dinosaure et la vallée des merveilles, Rock-O-Rico ... bref, la quasi-totalité de la filmo de Don Bluth, qui a offert au cinéma d'animation occidental ses plus beaux bijoux dans les années 80. Les personnages, les ambiances, les décors, tout semble nous ramener à ce qui faisait la magie des films précédemment cités. Ces films racontés à hauteur d'enfant, narrant les aventures de protagonistes portés par le courage et la détermination, perdus dans des univers effrayants à la recherche d'une icône, d'un sauveur ou d'un éden. Telle était la patte de Don Bluth il y a presque trente ans. Et tel est le crédo de Snyder lorsqu'il nous raconte l'histoire de Soren, un jeune hibou à la recherche des légendaires "gardiens" qui seront capables de sauver son peuple d'une terrible menace. Et comme le faisait si bien Bluth à son époque, Snyder peint sous nos yeux cette fable un brin naïve mais délicieusement universelle en la plaçant au cœur d'une grande histoire d'aventure, s'adressant donc aussi à un public plus averti.

 

Critique Le Royaume de Ga'Hoole la légende des gardiens

 

Car s'il est bien une chose qu'il faut savoir sur Le Royaume de Ga'Hoole, c'est que tout film d'animation qu'il est, il ne se résume pas à "un film pour enfant". De la même manière que les films Pixar, Aardman ou encore Ghibli, le nouveau film de Zack Snyder est un divertissement pour tous. Peut-être même plus encore pour les 20-35 ans que pour nos chères têtes blondes, d'ailleurs. Pour la raison évoquée plus haut - il faut quand même avoir connu la fin du XXe siècle pour connaitre les films de Bluth et reconnaitre son héritage - mais aussi et surtout parce que Le Royaume de Ga'Hoole est avant tout une vraie œuvre de Fantasy, ou sens Arthurien du terme. On y trouve donc, comme dans toutes œuvres des fantasy, des évocations guerrières teintées de manichéisme, des sous-textes prônant des valeurs telles que la camaraderie, le devoir et le sacrifice et de nombreux référents aux thèmes du mythe, de la légende ... Bref, Le Royaume de Ga'Hoole s'apparente plus à un Seigneur des anneaux qu'à un dessin animé pour enfant avec des zolis zozios qui parlent. En ce sens, il est à noter que le monde de Ga'Hoole est construit comme un pur univers de fantasy et qu'il entretient de nombreuses similitudes avec la Terre du Milieu. Il semble d'ailleurs évident que l'idée de pouvoir créer de toute pièce un univers tel que celui de Ga'Hoole a beaucoup joué dans la décision de Snyder d'adapter le roman de Kathryn Lasky. Sans doute frustré de n'avoir pu concevoir dans ses trois premiers films que des reproductions d'univers préexistants (qui se démarquaient donc très peu des œuvres desquelles ils étaient tirés) Snyder a semble-t-il perçu Le Royaume de Ga'Hoole comme le film qui lui offrirait la possibilité de laisser libre cour à son imagination.

 

Critique Le Royaume de Ga'Hoole la légende des gardiens

 

A l'instar de ce qu'a fait James Cameron et sa planète Pandora pour Avatar, Snyder s'en est donné à cœur joie pour donner vie à son monde, offrant à nos yeux ébahis des images qui imprègnent la rétine et qui reste gravées là de longues heures durant - on citera par exemple le plan séquence d'ouverture à la Zemeckis, mais les exemples sont légions. Nous sommes ici dans de la fantasy, et qui dit fantasy dit souvent iconisation à outrance. Et quoi de plus iconique qu'un ralenti pour magnifier un personnage et montrer toute sa force ? Bonne nouvelle : les ralentis, Snyder les maîtrise mieux que jamais. Sauf qu'il est à noter que ces fameux plans "100% pur Snyder" sont assez peu nombreux, ce qui renforce irrémédiablement leur impact. Comme on l'avait constaté avec Watchmen, Snyder s'est un peu calmé avec les plans "poseurs" (ceux qui énervaient tant les détracteurs de 300) offrant donc à Ga'Hoole un aspect global moins "bling-bling" que dans les précédents travaux du bonhomme.

 

Le film y gagne donc en cohérence visuelle, en homogénéité. A ce propos, comme on pouvait s'en douter en regardant les quelques bandes-annonces du film, la plastique du Royaume de Ga'Hoole est tout simplement magnifique. Que ce soit du point de vue de la modélisation, de l'animation, des effets de lumière et de particules ou encore des décors, Ga'Hoole est sans conteste l'un des plus beaux films d'animation de l'année, visuellement parlant. Un véritable tour de force, surtout lorsqu'on sait à quel point nos amis volatiles peuvent être compliqués à rendre crédible en animation. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si au générique de fin on retrouve le nom de la société Animal Logic, qui avait déjà travaillé sur Happy Feet et ses pingouins anthropomorphisés. Cerise sur le gâteau : le film a été conçu en 3D, et le relief proposé ici est l'un des plus vertigineux qu'il nous ait été donné de voir depuis bien longtemps. Depuis Avatar, serions-nous presque tentés d'affirmer.

 

Critique Le Royaume de Ga'Hoole la légende des gardiens

 

Mais au delà de ses considérations techniques, plastiques et visuelles, Le Royaume de Ga'Hoole marque une nouvelle étape dans la capacité de Zack Snyder à fluidifier ses récits, franchissant une étape dans son ouverture vers le grand public. Distants, les personnages de ses précédents métrages pouvaient donner l'impression de laisser le spectateur dans une certaine passivité, les termes "touchant", "émouvant", ou tout simplement "drôle", ne faisant pas vraiment partie des adjectifs employés pour parler des œuvres du réalisateur dans les conversations courantes. Fun à la rigueur. Flippant, un peu. Intéressant, parfois. Mais malheureusement jamais rien de trop profond. Devant Le Royaume de Ga'Hoole en revanche, il sera définitivement difficile de rester de marbre. Nombreuses sont les séquences épiques propices à transporter toute une salle. Nombreux sont les instants où l'empathie avec les héros est incontournable. Leurs peurs, leurs envies, leurs faiblesses, sont parfaitement vivantes à l'écran. Et à la fin du film, lorsque l'ultime plan disparait progressivement dans un fondu au noir, on est sincèrement triste de devoir dire au revoir à nos nouveaux amis à plumes qui nous ont fait vivre une si belle aventure pendant 1h40.

 

Le Royaume de Ga'Hoole peut donc apparaître comme une consécration du talent du réalisateur de 300, qui semble enfin avoir trouvé l'alchimie parfaite pour créer cette petite étincelle dans le cœur du spectateur - étincelle absolument nécessaire pour que l'on se souvienne d'un film ! - et qui fait que Snyder peut enfin statuer à une reconnaissance autre que celle de "simple faiseur". Il est d'ailleurs assez intéressant de constater que c'est en adaptant un livre pour enfant que le cinéaste nous offre son oeuvre la plus mature... Vivement la suite !

 

Critique Le Royaume de Ga'Hoole la légende des gardiens

 

Première publication le 6 octobre 2010







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