DUNE va-t-il survivre à sa hype ? Notre critique
Le 26/01/2022 à 15:21Par Veronica Sawyer
(critique publiée le 15/09/21 pour la sortie cinéma de Dune).
- Alors c’est bien Dune ?
Oui c’est bien.
- Mais bien ou très bien ?
Très très bien.
- Aussi génial qu’on le dit ?
Oui mais….
Tout le monde y est allé de sa critique dithyrambique sur Dune au cinéma depuis le 15 septembre.
Les projections à Venise et à Deauville ont déclenché un tsunami de superlatifs. Dune va-t-il survivre à la hype qui l’entoure ? N’en fait-on pas trop ? Dune est-il le chef d’oeuvre clamé partout dans la presse ? Dune est-il vraiment cette nouvelle pierre angulaire de la SF qui bouleversera l’histoire du cinéma ?
Forcément, l'adaptation de Denis Villeneuve en décevra certains. C'est le risque quand un film est aussi attendu et à ce point considéré comme "monumental" par les médias.
Que Villeneuve soit l’un des auteurs les plus talentueux et passionnant de sa génération est une évidence. Dune était fait pour lui. Là où tant de cinéastes de renom se sont cassés les dents, le québécois maîtrise tous les aspects de cette histoire incroyablement dense.
C'est comme si toute sa carrière l'avait conduit jusqu'ici. Avec le recul, on prend conscience que ses films précèdents ont servi de test pour Dune (les séquences dans le désert de Sicario, les vaisseaux de Premier Contact, la terre apocalyptique et froide de Blade Runner).
Une expérience à vivre sur TRÈS grand écran
Denis Villeneuve a sans conteste gagné son pari. Son adaptation de Dune est une réussite, une véritable expérience cinématographique et sensorielle à vivre exclusivement sur grand écran. Le soin apporté à l’image aux décors est tel que l’on plonge littéralement dans la planète Arrakis.
Que le réalisateur défende corps et âme l’expérience de la salle, on le comprend. Dune n’est pas fait pour votre téléphone ou votre écran d'ordi. Le sens du détail est présent dans chaque plan. L'immersion est totale.
Le monde du cinéma a besoin d’un blockbuster ambitieux, démesuré et sérieux aux connotations de film auteur. A la fois mystique, cruel, poignant, et épique, Dune envoûte et s'impose comme la meilleure excuse pour retourner dans les salles de cinéma depuis le début de la pandémie.
Un blockbuster pas comme les autres
Les amateurs de blockbuster pop corn risquent cependant d’être déçus. On est ici dans l’anti-Marvel. Villeneuve prend son temps pour poser les bases de son univers dense et généreux loin des explosions incessantes et des CGI à nous en faire perdre la vue. Le Dune de Denis Villeneuve va au-delà du grand spectacle et ne prend jamais ses spectateurs pour des idiots.
Même s'il n'est pas obligé d'avoir lu les livres avant d'aller le voir, Dune est une oeuvre exigeante et tentaculaire.
Mais dire que Dune est chef-d’oeuvre...
...on ira pas jusque là. Dune a ses défauts. On pourra lui reprocher un manque d’émotion. Même si cette froideur est finalement assez propre au cinéma de Villeneuve et inhérente aux romans de Frank Herbert.
On pourra aussi souligner un trop plein d'idées et de rythme par instant. On comprend mieux les propos de Jason Momoa qui soutient que le film aurait mérité une durée deux fois supérieur.
Porté par un casting impeccable (Timothée Chalamet en tête mais aussi Oscar Isaac, Rebecca Ferguson, Jason Momoa, Josh Brolin, Javier Badem, Zendaya), Dune n’évite cependant pas la frustration. Adaptation de la première moitié du tome 1 de Frank Herbert, le film ne se suffit pas à lui-même et nous lâche en plein crescendo.
On ne peut s’empêcher d’avoir l’impression de visionner que le commencement d'une saga.
L'attente va être longue avant Dune partie 2. Et c'est vraiment avec ces deux moitiés d'un même film que l'on pourra réellement juger de la place de Dune dans l'histoire de la SF au cinéma.