Envoyés très spéciaux

Avec son pitch accrocheur emprunt d'un modernisme de bon aloi, Envoyés très spéciaux avait tout pour faire figure de bonne comédie (matinée d'aventure) se laissant regarder sans déplaisir pour peu qu'elle soit menée tambours battant et pied au plancher. En effet, avec son histoire de reporters branquignols tentant de se défaire d'un fâcheux quiproquo où ils se retrouvent à couvrir la Guerre du Golfe depuis un appartement de Barbès, le film de Frédéric Auburtin disposait d'une fondation solide, propice à quelques délires qui auraient pu faire mouche. Las.

En traitant son sujet et sa mise en scène par dessus la jambe, le réalisateur de San Antonio ne parvient qu'à nous offrir un téléfilm mou et mal écrit, où quelques premières minutes prenantes et bien ficelées laissent hélas vite leur place à un mauvais Vaudeville bourré de facilités scénaristiques et de péripéties abracadabrantes. Lanvin et Jugnot de leur côté, contraints de jouer comme dans un mauvais Francis Veber, ne parviennent que très rarement à nous tirer un sourire, et pour cause, ils se contentent souvent de fournir le minimum syndical (Lanvin tire la tronche et Jugnot fait le cocu lourd et bavard). A trop se la jouer petit bras, Envoyés très spéciaux parvient donc à torpiller son concept sympathique et pire, ne saura jamais nous convaincre qu'il a quelque chose de "très spécial".