Essential Killing

En découvrant le pitch d'Essential Killing, on pouvait se laisser aller à imaginer une sorte de Rambo III à l'envers, où un pauvre Afghan perdu dans une forêt polonaise se retrouverait pourchassé par toute une armée de Yankees bien décidée à l'envoyer à Guantanamo. Et c'est d'ailleurs un peu ce que nous laissent entrevoir les 20 premières minutes du film, haletantes, tendues et véritablement immersives. Mais à l'instar de son personnage principal (excellent Vincent Gallo, dans un rôle totalement mutique), le film se meurt peu à peu. En refusant d'offrir à son protagoniste central toute forme d'héroïsme, et en privant son scénario des rebondissements inhérents au genre qu'il aborde, le réalisateur Jerzy Skolimowski fait peu à peu sombrer son film dans une langueur lancinante, jusqu'à atteindre une antithèse de climax pour le moins frustrante. L'improbable rencontre entre cinéma d'auteur polonais et survival sylvestre aura donc donné naissance à une étrange bobine, qui devrait laisser sur leur faim les amateurs d'un genre comme de l'autre.