Titeuf : le film

CRITIQUE FILM : TITEUF 3D

Bien évidemment Titeuf demeure un produit familial dans lequel se reconnaîtront essentiellement les plus jeunes. Mais on se retrouve quand même devant un film qui apporte sa pierre à l'édifice de ce petit cinéma français progressiste auquel nous sommes sensibles. Le genre de programme rafraîchissant mu par des créateurs encore pleinement motivés, et qui, tout en s'inscrivant dans les productions pour enfants, marche sur les traces de Les Lascars ou Les Beaux gosses, dont Titeuf s'impose comme un pendant pré-pubère. Et comme un fait exprès, ce sont les talents de la bande dessinée (Riad Satouf et maintenant Zep) qui parviennent à révolutionner l'outil cinématographique alors que les officiels commencent à agoniser sur leurs lauriers. Les naïves motivations des débutants, sans doute... Rien que pour cela, l'existence de Titeuf sur grand écran trouve sa légitimité, malgré son caractère un peu mineur qui l'empêche de s'élever au rang des grands films.

En fait, Titeuf c'est Le Petit Nicolas des années 2000, avec ses mêmes préoccupations d'enfant de 11 ans (les copains, les jeux, les tentatives d'amourettes, les heures de colle) qui prennent le dessus sur son regard sur le monde adulte, réinterprété avec une fantaisie délirante. Le Game Boy a pris la place des billes, la culture, le langage et les idées reçues sont un peu plus rentre-dedans, le zizi commence à empiéter sur le cerveau, mais l'idée reste la même. Du coup, alors que ses parents sont sur le point de divorcer, le personnage-titre voit une opportunité en or de tirer parti de la situation pour se faire inviter à l'anniversaire de la camarade de classe qu'il aime secrètement. Une affaire laborieuse pour le petit garçon, bien plus importante que les problèmes habituels comme les cours de maths ou la visite annuelle chez papi et mamie.

S'il n'est pas spécialement révolutionnaire dans son discours ni dans sa morale, Titeuf le film reste cependant un upgrade de l'univers des petits garçons modernes très juste dans son approche, frontale sans être vulgaire (eh oui, même les enfants disent "merde", et c'est pas grave), familiale sans être mijaurée, tout en conservant ce qu'il faut d'ubuesque pour maintenir sa folie très cartoon. Pour sûr, les enfants rigoleront parce que c'est quand même très drôle et les adultes bouderont difficilement leur plaisir puisque Zep, comme Goscinny avec Le Petit Nicolas, maîtrise parfaitement la double lecture réconciliant les deux parties. Rien que la séquence où les garçons mettent chacun un euro de leur poche pour regarder la poitrine faussement naissante d'une copine (avec la déception de rigueur) mérite le coup d'œil. Quant à l'inévitable argument marketing qu'est la 3D, même s'il est palpable, il peut avoir droit à une dispense...

Date de première publication : 4 mars 2011 à 18h25