Evil Dead 2013 : la Critique

Enorme succès (plutôt inattendu) depuis sa sortie pour un film de ce calibre (on le rappelle : seulement 17 millions de budget), Evil Dead version 2013 fait mentir tous les pronostics depuis le début du mois chez nos voisins d’Outre-Atlantique. Avec 25 millions de dollars de recettes la première semaine, ce premier long métrage de Fede Alvarez a donc d’ores et déjà réussit son pari commercial, faisant la nique à ses concurrents dont notamment Les Croods, G.I Joe 2 ou la ressortie en 3D du classique Jurassic Park.

Surfant sans vergogne sur la vague, non, le tsunami de remakes, préquels et autres reboots auxquels on ne peut plus échapper depuis une petite décennie, qu’en est-il réellement de cette relecture culottée du classique de Sam Raimi, sorti sur nos écrans il y a déjà 30 ans ?

Audacieux mais parfois pitoyable, le remake des VHS horrifiques d’antan est un exercice périlleux. Nombre de jeunes réalisateurs s'y sont cassé les dents, en écorchant des classiques comme Amytiville à The Omen, en passant par Fog ou Freddy. Pour autant, les hommages réussis existent, eux aussi, comme L’Armée des morts, Halloween, ou plus récemment Maniac. S'attaquer au monument Evil Dead était culotté.

CRASSEUX, SANGLANT ET MAGNIFIQUE

A l’époque, en 1983, Sam Raimi compensait largement son manque de moyens par une créativité jouissive. Aujourd’hui moins inspiré, il semble que le réalisateur d’Un Plan simple ait reniflé la bonne affaire en produisant (avec son pote Bruce « Ash » Campbell) le premier film d’Alvarez, auteur jusqu’ici d’un seul court métrage. Pour autant, force est de constater que le film fait le boulot et supporte largement la critique.

Si l'on retrouve les sempiternels codes du genre attendus, à savoir une cabane dans les bois, des jeunes têtes à claques et un scenario post-it, Evil Dead ne surfe pas pour autant sur l’insupportable mode des torture porn et autres found footage, en y rajoutant ses propres et savoureux ingrédients : un photo crasseuse magnifique (le choix de la Nouvelle Zélande pour la bicoque), un sujet plus grave qu’à l’accoutumée (pas de beuveries mais une « héroïne » en sevrage) et surtout du sang. Beaucoup de sang. 25 000 litres ! 

DANS L'OMBRE DU MAITRE ?

Tempérons toutefois notre enthousiasme. Cette pellicule noyée dans le sang ne sera pas le porte-étendard du renouveau du cinéma gore. Ne réussissant pas à trouver la bonne partition avec son matériau de base, entre film révérencieux et relecture audiacieuse, Evil Dead "2013" ne parvient jamais à faire oublier son modèle. 

Une bande originale trop grandiloquente (c’est quoi cette idée de mettre des sirènes dans les scènes de tension ?!), un réel manque d’empathie pour des personnages sous exploités ou encore une interprétation en dent de scie (mauvais choix que ce Shilo Fernandez) : le film manque d’ampleur et de personnalité.

UN FINAL TOTALEMENT JOUISSIF

On saluera toutefois une dernière bobine totalement jouissive où le cinéaste laisse éclater sa rage dans un climax enfin à la hauteur des attentes. Surestimant, avec prétention, son bébé (« La scène finale est la plus gore de tous les temps » nous disait-il), Fede Alvarez s'en sort toutefois bien, à grands renforts de clins d'oeils et d'effets spéciaux à l'ancienne, hurlant ici son amour pour le genre. Sa sincérité ne fait aucun doute et paye.

>>> Retrouvez ici des extraits du film et sa bande annonce ci-dessous.