Fido
Le 05/10/2007 à 10:15
Par Elodie Leroy
Notre avis
8
10
Alors que le film de zombies revient en force dans le cinéma d'horreur, Fido aborde le concept de manière inédite en opérant un mélange de genres particulièrement improbable, entre la comédie gore, la satire sociale et le film pour enfants. Le plus surprenant, c'est que la sauce prend. Non seulement le film d'Andrew Currie fait mouche plus d'une fois, mais il raconte avec bonheur une histoire que l'on n'aurait jamais cru voir un jour à l'écran, celle d'une amitié entre un enfant et un zombie. A la fois cinglant, intelligent et attachant, Fido est un vrai petit bijou d'originalité. Prix spécial du jury à Gérardmer en 2007.
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A l'heure où tout film d'horreur qui se respecte se doit de faire apparaître au moins un ou deux zombies, voire une horde de "contaminés" déambulant et hurlant dans les rues désertes de Londres, certains décident d'exploiter le concept tout autrement. C'est le cas d'Andrew Currie qui signe avec
Fido un petit bijou d'originalité, une comédie qui mêle avec bonheur le genre du film de zombies avec celui de la comédie satirique. En plantant son décor dans une petite bourgade américaine à une époque qui ressemble à s'y méprendre aux années 50,
Fido effectue un gros retour en arrière sur le plan des valeurs morales. Ou plutôt devrait-on dire que le scénario concrétise le rêve secret d'une certaine couche de la population américaine, celle qui souhaite rétablir l'esclavage, voir les épouses retourner à leurs fourneaux, se débarrasser des personnes âgées ou encore promouvoir la présence des armes dans les foyers (sur ce point, l'allusion aux idéaux de la NRA est à peine déguisée).
Fido est ainsi ponctué de propos choquants mais aussi de quelques épisodes surréalistes - des élèves s'entraînant au tir à l'école, un père offrant une arme à son fils, ou encore une famille assistant à des funérailles pour ses loisirs.
Mais malgré la gravité des phénomènes évoqués par le mode de vie des habitants de
Willard, une ville minée par la peur de l'"Autre",
Fido n'en reste pas moins une comédie. Pas un de ces films délirants et parodiques se donnant pour objectif de fournir un gag à la seconde, mais simplement une comédie. La légèreté de ton pleinement assumée qui caractérise
Fido n'annihile nullement la portée de son propos, bien au contraire. Mais la douceur apparente de ce film à l'esthétique chatoyante permet à un point de vue de s'exprimer, celui d'un enfant. Car le
héros de cette histoire n'est autre que Timmy (K'Sun Ray), un petit garçon solitaire qui, lorsque sa mère (
Carrie-Anne Moss) ramène un zombie domestique (
Billy Connolly), voit immédiatement en ce dernier un confident et un complice potentiel.
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Ainsi, entre deux égarements cannibales de la créature morte-vivante, laquelle doit apprendre à maîtriser ses pulsions pour retrouver son humanité, le film prend le temps de raconter une jolie histoire d'amitié
, et par la même occasion les retrouvailles entre une mère et son fils. Le mélange des genres s'avère finalement encore plus improbable que prévu, et le mieux, c'est que la sauce prend. Il faut croire que l'humour noir et la naïveté enfantine peuvent faire un heureux ménage. Un constat qui n'aurait certainement pas été possible si
Fido n'avait pas bénéficié d'un véritable soin artistique (le rendu de l'aspect technicolor est superbe) et d'une qualité d'interprétation à la hauteur des ambitions du film. Outre le couple hilarant formé par
Carrie-Anne Moss et Dylan Baker, excellents tous les deux, le jeune K'Sun Ray et son partenaire
Billy Connolly - le fameux
Fido - apportent une fraîcheur bienvenue à cette comédie singulière, intelligente et attachante.