Fracassés
Le 07/10/2008 à 15:40Par Michèle Bori
- Pour un film "semi-pro" fait totalement en dehors du circuit habituel de production (sans chaîne de télé, sans grosse société de distribution), Fracassés se révèle être un film fraîchement recommandable, et ce malgré de nombreuses faiblesses inhérentes à ce genre de projet. Attention en revanche : si l'affiche pourrait faire passer le film de Franck Llopis pour une sorte de La Beuze bis, où l'on verrait des jeunes se déchirer la tête pendant 90 minutes, il n'en est rien. Fracassés s'apparente plus au portrait générationnel qu'à la fanfaronnade décérébrée de Michael Youn. Même avec Desagnat en tête d'affiche.
Alors qu'il faut bien admettre que cela fait plusieurs semaines que l'on s'ennuie ferme dans les salles obscures, il semblerait que le 8 Octobre marque enfin la rentrée. En effet, le même jour débarquera sur les écrans un bon paquet de films, aux qualités inégales certes, mais qui méritent toutefois le déplacement. La loi et l'ordre pour les retrouvailles de Bob et Al, Vicky Cristina Barcelona pour Scarlett et Penelope, Blindness parce que le film est une tuerie, La frontière de l'aube pour se payer un bon moment de poilade, Super blonde pour Anna Faris et Eden Lake pour Kelly Reilly. Et au milieu de tous ces grands noms, Fracassés, de Franck Llopis.
Véritable film indé (le film a été produit, réalisé et distribué par Llopis, dont c'est le premier long-métrage), tourné en 2005 avec très peu de moyens, Fracassés sort enfin sur nos écrans après avoir été repoussé à plusieurs reprises (dont une fois à cause de la faillite de la société de distribution Limelight). Portrait croisé d'une grosse dizaine de personnages, Fracassés nous raconte 24 heures de la vie de jeunes parisiens contemporains dans leur quotidien le plus absolu. Un film choral assez juste qui brosse une peinture drôle et plutôt bien pensée de la faune de notre belle capitale (étudiants, dealers, dragueurs, squatteurs, teufeurs...). Personnages pittoresques et clichés ? Sans doute, mais c'est ce qui fait la force du film puisqu'au final, chacun reconnaitra un peu de son entourage dans au moins un des protagonistes du film. Et en ce sens, il est à souligner que le casting du film, réunissant d'une part quelques têtes un peu connues mais plutôt abonnées aux secondes rôles (Edouard Montoute, Vincent Desagnat, Armelle Deutsch, Olivier Sitruk, Damien Jouillerot, Matthias Van Khache, Alysson Paradis) et d'autre part de quasi inconnus au bataillon, est à la fois drôlement rafraîchissant (à l'heure où l'ont voit chaque semaine les mêmes têtes en haut des affiches) et plutôt audacieux, puisqu'il permet de s'attacher un peu plus à ces héros d'un soir qui pourraient être des voisins où des potes de fac.
Alors oui, l'ensemble sent bien fort le premier film fauché, tourné en numérique et pas forcément maîtrisé, ni dans sa mise en scène, ni dans son scénario, ni dans la direction d'acteurs. Mais on pardonnera aisément ces quelques approximations, tant le film de Franck Llopis s'avère agréable à suivre grâce notamment à des dialogues et des situations plutôt cocasses (des fois, ça sent même sacrément le vécu). Et même si au final Fracassés est plus une succession de saynètes (qui ne parlera sans doute qu'aux 20-30 ans qui plus est) qu'autre chose, on se surprend à prendre du plaisir en suivant la nuit mouvementée de cette poignée de personnages qui racontent leur vie de manière légère et authentique.