Glory to the Filmmaker !
Le 18/07/2008 à 13:03Par Elodie Leroy
Après Takeshis', Kitano poursuit sa trilogie introspective avec ce Glory to the Filmmaker ! dans lequel il se met en scène dans son propre rôle de cinéaste, sorte de mise en abîme qui lui permet d'explorer de manière distanciée plusieurs genres typiques du cinéma japonais. Du chambara au film d'horreur en passant par la science-fiction kitsch et la comédie familiale, Kitano fait son cinéma à travers une succession de saynètes humoristiques, mélangeant l'hommage et la parodie avec plus ou moins de bonheur. Difficile dans un premier temps de ne pas se laisser séduire par l'humour décalé et les situations grotesques qui s'enchaînent sans prévenir, faisant intervenir des personnages tous plus cocasses les uns que les autres, Kitano lui-même n'étant pas en reste sur ce plan. On peut même lui prêter une volonté de s'auto parodier lorsqu'un caïd autoritaire fait un numéro de comique tout en interdisant à ses hommes de se laisser aller à rire - on se souvient que Kitano était connu pour engueuler ses spectateurs lorsque ceux-ci riaient en décalé avec ses spectacles.
Cependant, passés la surprise et le plaisir de la découverte, Glory to the Filmmaker ! finit malheureusement par montrer ses limites. La perplexité succède alors à l'enthousiasme initial devant ce film qui ne nous emmène en fait nulle part, et ce même si l'humour connaît quelques derniers soubresauts dans le dernier tiers. A force d'en faire des tonnes pour s'imposer comme le nouveau film culte de l'auteur, Glory to the Filmmaker ! se complaît dans une sorte de mégalomanie artistique assez fatigante et ne véhicule finalement pas grand-chose, pas même de la passion. Il est toutefois possible que le métrage trouve son public auprès des amateurs de comédies bouffonnes, déstructurées et sans but précis. De notre côté, nous préférons nous retourner vers les chef d'oeuvres immenses que sont Sonatine, L'Eté de Kikujiro ou encore Zatôichi, en attendant de retrouver un Takeshi Kitano plus inspiré.