Halloween - John Carpenter
Le 04/10/2007 à 19:15Par Arnaud Mangin
Le slasher école par excellence.
L'objectif de Mustapha Akkad était simple : mettre en chantier son propre film à budget dérisoire, et surtout au prix de ceux qu'ils rachetait et distribuait sans totalement rentrer dans ses frais. Halloween s'est imposé de lui-même pour la simplicité de son propos ainsi que celle de la mise en place technique (la réalisation de John Carpenter lui prouvera néanmoins que l'on peut imposer une certain style visuel sans une grande fortune) mais surtout pour la sensibilité populaire qu'il attaque de plein fouet. Plus qu'un énième film d'horreur, on cherche ici à proposer l'expérience de frousse ultime confrontant le mal absolu à la fragilité la plus frêle. Ramenant sur le devant de la scènes les fameuses histoires de boogeymen destinées à effrayer les chères têtes blondes, ne trouvant pas le sommeil parce qu'un monstre se cache peut-être sous leur lit, elles-mêmes inspirés par ces contes de fées où grands méchants loups pourchassent les gentils agneaux. Le dernier acte du film ne cachant d'ailleurs pas ses emprunts à un certain Petit chaperon rouge...
Une aubaine pour Carpenter qui y trouve l'occasion de faire un joli exercice de style et imposer un malaise sous-jacent pendant une heure et demi. Après une sauvage introduction où un petit garçon bien sous tout rapport poignarde sauvagement sa grande sœur, il se focalisera sur une pesante menace sournoise : il a déjà choqué sont public, on pense avoir vu le pire, plus la peine de se précipiter... Malgré les relents démoniaques évoqués à tour de bras par le pourtant pragmatique et cartésien Dr Loomis (Donald Pleasence, habité par le thème), le réalisateur ne s'intéressera pas aux motivations premières de son assassin - le second film s'en occupera bien mieux. Au contraire, il privilégiera la gratuité des actes, la froideur de l'anonymat via un masque livide au possible, la mécanique inhumaine et surtout cette affreuse sensation d'observer passivement un fait divers dont on pourrait un jour être la victime potentielle.
On laisse ensuite les ficelles de la peur se tisser elles-mêmes autour des angoisses populaires, sans trop en rajouter en matière de violence, en laissant de pauvres baby-sitters en proies à la folie meurtrière indicible. Ensuite, Carpenter se charge de peaufiner l'ensemble avec ces petites icônes qui font qu'Halloween sort et sortira toujours du lot. Une multitude de cerises sur un gâteau basique : son incroyable thème musical, l'une des plus simples et mémorables du cinéma, la froideur d'un monstre sans visage (qui deviendra le personnage culte qu'on connaît) et une réalisation carrée qui ne laisse jamais la place à une fantaisie quelconque et donc chaque recoin de chaque cadre regorge d'informations cinématographiques. A l'époque, ce film d'horreur n'est pas juste un pari fou au potentiel novateur, c'est aussi une concrétisation artistique qui n'arrive pas à vieillir...