Hokuto no Ken, 1-L'Ere de Raoh
Le 09/04/2008 à 07:43Par Caroline Leroy
Premier d'une trilogie moderne revisitant l'univers de Ken, Hokuto no Ken, 1-L'Ere de Raoh s'avère être un divertissement fun, enclin à raviver une certaine nostalgie chez les fans tout en allant plus loin encore dans le drame comme dans la folie furieuse des combats que la série elle-même. Une bonne surprise.
Ce n'est pas sans une certaine nostalgie que l'on aborde un nouvel opus de la saga Ken Le Survivant, réminiscence délicieuse de la glorieuse période des années 80 qui vit fleurir à la télévision française les cultissimes séries que sont Saint Seiya et Dragon Ball. On se souvient du scandale qui accompagna alors la diffusion de Ken, la plus saignante de ces productions diffusées à la télévision française le mercredi après-midi. Toute cette cabale injuste semble aujourd'hui bien loin, l'animation japonaise ayant depuis acquis la reconnaissance qu'elle mérite, grâce à un ciblage plus pertinent des publics auxquels les différentes œuvres s'adressent. La bonne nouvelle est que les trentenaires amoureux de la série Ken Le Survivant ne seront sans doute pas les seuls à même d'apprécier le charme et les qualités de ce Hokuto no Ken, 1-L'Ere de Raoh, réalisé tout récemment en 2006 par Takahiro Imamura : le long métrage possède en effet suffisamment d'énergie et d'arguments pour parler aux jeunes générations avec la même efficacité. Il sera intéressant d'observer si c'est ou non le cas, à sa sortie.
Créé en 1983 par le mangaka Tetsuo Hara, auquel vient se joindre un peu plus tard le scénariste Buronson, le personnage de Kenshirô alias Ken s'offre plus de vingt ans après une nouvelle jeunesse avec ce film d'animation revenant aux origines de son mythe. Hokuto no Ken, 1-L'Ere de Raoh s'ouvre ainsi sur un moment déterminant de l'épopée de Ken, alors qu'il n'est encore qu'un adolescent s'acharnant courageusement à prouver sa valeur à ses aînés Raoh, Souther, Shû et Toki, principaux acteurs de l'intrigue qui va suivre. Relookés par le grand character designer Shingo Araki (Saint Seiya), les personnages en imposent plus que jamais, gigantesques montagnes de muscles dessinées avec un souci du détail qui force le respect. Si l'animation reste honnête sans être transcendante, le graphisme représente de toute évidence le point fort du film. Aussi stylisés soient-ils, les protagonistes sont criants de réalisme, en particulier sur les gros plans d'une profondeur étonnante montrant leurs visages en contre-plongée - Souther, pour ne citer que lui. On serait même tenté de dire que le sacrifice de quelques images par seconde constituait certainement le seul moyen d'obtenir une telle précision graphique, et l'on ne peut guère en vouloir au réalisateur d'avoir réellement mis le paquet, en termes d'animation, sur les seules scènes d'action, très fluides et dynamiques.
Fondé sur l'affrontement de deux techniques d'arts martiaux ancestrales, le Hokuto Shinken pratiqué par Ken, Raoh, Toki et Reina, et le Nanto Seiken défendu par Souther et Shû, Hokuto no Ken, 1-L'Ere de Raoh se veut avant tout être un grand divertissement d'action. Fidèle à l'esprit des années 80 jusque dans les répliques inoubliables que s'envoient les personnages avant et pendant le combat - le coup des fameux "points vitaux", par exemple - , le film accentue encore la part de violence jubilatoire qui avait fait le succès de la série, les moyens en plus. Les affrontements sont bien chorégraphiés et les coups font mal, il n'est qu'à voir l'affrontement final dément (dans tous les sens du terme) entre Ken et Souther pour s'en convaincre. S'il laisse place à d'autres personnages durant la plupart des scènes de dialogue, Kenshirô donne le meilleur de lui-même lors de scènes de baston, plus déchaîné que jamais dès l'instant où l'on touche un cheveu de ses amis.
Pour autant, le pendant inévitable de cette violence qu'est le mélodrame n'est pas délaissé, toujours dans le respect de l'esprit très extrême des animés de l'époque. Rappelons qu'à l'instar de la série, Hokuto no Ken, 1-L'Ere de Raoh se déroule dans un univers post-apocalyptique dans lequel règnent la barbarie et le chaos, un monde à l'intérieur duquel l'innocence est une denrée rare, chacun luttant pour sa survie. Les enjeux demeurent toutefois très basiques, peut-être un peu trop lorsque l'on s'en tient strictement à l'histoire qui nous est contée à l'écran. Si sympathique soit-il dans sa démesure démoniaque, Souther reste un méchant très caricatural jusqu'au bout, et il ne faudra pas attendre davantage de subtilité de la part de Ken ou de ses amis. Seuls le sombre et imprévisible Raoh et sa compagne, la nouvelle venue Reina - créée pour l'occasion et designée par Tsukasa Hôjo -, participent de manière active à faire avancer l'intrigue de par leurs questionnements intérieurs, la seconde offrant d'ailleurs un contrepoint intéressant au premier. Au vu de la place accordée à l'action, on aurait pu craindre que l'intrigue soit totalement dénuée d'enjeux, or ce n'est pas le cas grâce à ces deux personnages attachants et solidement campés à défaut d'être complexes. Si l'on ajoute à cela le fun apporté par Ken et ses attaques fulgurantes lors des nombreuses (et longues) scènes d'action, le spectacle proposé par Hokuto no Ken, 1-L'Ere de Raoh s'avère au final être suffisamment stimulant pour donner envie de connaître les deux films qui y font suite et, pourquoi pas, se replonger dans l'univers de la saga.