Hop

CRITIQUE DU FILM HOP

Vos amis et votre famille vous l'ont tous dit : "être parent, tu vas voir, c'est ce qu'il y a de plus beau au monde." Et lorsque vous leur demandiez pourquoi, ils répondaient tous : "tu comprendras quand ça t'arrivera". Alors, vous avez essayé de comprendre. Et il est arrivé. Ô joie ! Cela fait quelques années déjà que votre petit Théo (ou votre petite Léa, au choix) occupe une place importante dans votre existence. Il parle, il marche, il va à l'école. Vous l'appelez "petit bonhomme" et lui, ça l'énerve parce qu'il dit qu'il est pas petit. Lui-aussi il vous énerve parfois, surtout lorsque vous êtes au téléphone et qu'il en profite pour faire n'importe quoi, comme par exemple mettre des gâteaux dans le lecteur Blu Ray, ou se servir du bas de votre écran de Home Cinema pour se convaincre qu'il a l'étoffe d'un Picasso. Ou d'un Zep, c'est plus d'actualité. Mais malgré tout, il est et restera le soleil de votre vie. Et vous, vous avez enfin compris ce que vos amis voulaient dire lorsqu'ils évoquaient mystérieusement cet amour indescriptible que les parents ont pour leur progéniture.

Et Hop : du skate poussin !

Parfois, quand vous le regardez dormir dans son petit lit, vous ne pouvez vous empêcher de repenser – non sans une certaine satisfaction - à ces conversations que vous aviez avec votre moitié, lorsque vous évoquiez la possibilité de défier les règles de l'arithmétique en posant 1+1=3. Ces conversations dans lesquelles vous vous promettiez mutuellement que votre enfant, il ne serait pas comme les autres. Votre enfant, il saurait lire et écrire à 4 ans. Votre enfant, il ne couperait pas la parole aux adultes. Votre enfant, il ferait du sport, et il jouerait d'un instrument de musique. Votre enfant, il regarderait pas les "conneries à la télé". Et comme vous êtes cinéphiles, vous vous l'étiez promis : mon enfant, je ne l'emmènerai voir que des bons films. Alors, vous avez commencé par les classiques. Les vieux Disney inoffensifs, comme Les Aristochats, la Belle et le Clochard, Dumbo, Le Livre de la Jungle. La petite sirène ? Non, Ursula fait trop peur. Le Roi Lion ou Bambi ? Non, vous n'avez pas envie que le bout de chou pense que vous allez bientôt mourir. Mais vous savez que ce n'est que partie remise, et qu'il pourra bientôt tout découvrir. En attendant, vous lui montrez les films de Miyazaki (Porco Rosso et Totoro), les vieux Asterix animés de chez Gaumont, Mary Poppins ou encore Le Petit Dinosaure et la vallée des merveilles. Quelques Pixar aussi, car vous aimez bien le fait que ces films s'adressent aussi bien aux enfants qu'aux adultes.

Du coup, votre petit bonhomme est devenu accro au cinéma. Aux dessins animés et aux films d'animation, plus particulièrement. Il adore ça. Au début, vous en étiez fier. Vous vous imaginiez déjà lui faisant découvrir le septième Art : Leone, Coppola, Ford, Hitchcock. Vous n'en pouvez plus d'attendre le jour où vous pourrez lui montrer l'Empire Contre Attaque, juste pour voir son visage au moment où Luke apprend qui est son père. Vous le savez, ce serait un grand jour. Mais en attendant, vous devez satisfaire sa soif de curiosité. Et là, vous avez brisé votre vœu. En ouvrant cette boîte de pandore, vous vous êtes retrouvés à amener votre enfant voir des choses innommables. Des trucs avec des espèces d'écureuils en image de synthèses qui chantent du rock. Des bazars infâmes avec des lémuriens qui reprennent en chœur un vieux tube des années 90 ou des animaux de la forêt refaisant la chorégraphie des Village People... Vous espérez qu'en sortant il vous dise que c'est nul et qu'il veut revoir Le Roi et l'oiseau. Las. Il aime. Il adore même. "Il est trop marrant l'âne qui parle tout le temps". Il vous emmène dans un junk-food pour avoir le jouet. Il veut aussi la peluche. Il veut que vous chantiez la musique du film. Vous entonnez les premières notes de Everybody wants to be a cat, mais lui il veut Funkytown chanté avec la voix des "Tchimpunk". Fils indigne !

Alors vous vous êtes résignés. Cette semaine vous allez l'emmener voir Hop. Parce qu'il aime bien la pub des lapins crétins, et qu'il pense que Hop, c'est la même chose. Pendant une heure et demi, vous allez mettre votre cerveau sur off. Si vous le pouvez. Sinon, vous souffrirez en silence et vous vous satisferez de son sourire à la sortie de la salle. Le même qu'il avait lorsqu'il est sorti d'Arthur et les Minimoys... Rassurez-vous, vous n'avez pas fait mal les choses. Mais l'autorité marketing est hélas plus forte que l'autorité paternelle. Et lorsque vous retrouverez vos collègues à la machine à café le lundi, et qu'ils vous demanderont ce que vous avez fait de votre week-end, vous répondrez que vous avez été voir Hop. Puis à la question "c'est bien ?", lâchée par un mec de la compta qui lui a été voir le nouveau Joe Wright qui avait l'air bien, vous répondrez en baissant les yeux : "bah, c'est pour les gosses quoi ..."...

Critique de Hop publiée le 08 juin 2011.