Hyper Tension 2
Le 28/04/2009 à 06:12Par Arnaud Mangin
Pas la peine de tergiverser, Hyper Tension 2 est aussi bon que le premier, baignant dans une folie croissant encore plus prononcée qui compense sans mal la disparition de l'effet de surprise. Une expérience sur toile inespérée, hystérique, et qui a l'excellente idée de ne pas se limiter à un court métrage. Tout simplement bonnard !
L'énorme risque auquel se frottaient les réalisateurs d'Hyper Tension était la perte de l'effet de surprise, comme tout film concept (génial ou pas) qui se respecte. En effet, ceux qui auront vu l'un des rares récents films capables de s'autoproclamer culte et de pouvoir s'y tenir sans vergogne, n'oublieront pas de sitôt un déferlement d'énergie rare et inspiré de bout en bout, à tel point que cela ne semblait pouvoir fonctionner qu'une seule fois. Grossière erreur ! D'abord parce que le duo Neveldine/Taylor est suffisamment en marge du système commercial pour comprendre qu'une suite n'est pas uniquement là pour gonfler les brouzoufs, mais aussi parce que ces deux malades mentaux avaient vraisemblablement gardé des idées en réserves pour une suite et vraisemblablement pour autant d'épisodes qu'on voudra bien leur financer. En effet, dès le démarrage du film, on se rendra compte que la franchise Crank sera à considérer comme un rendez-vous régulier, avec ses propres codes, sa propre BO déjantée et sa galerie de personnages et de séquences pivots clichés jusqu'à la moëlle. Une série sous amphètes droite dans des pompes qui ne vont qu'à elle et qui respectera mordicus sa ligne de conduite, aussi déviante soit-elle, rien que pour ses propres fans. Un peu comme James Bond quelque part, mais le balais dans le cul en moins.
Le film commence donc pilepoil là où s'arrêtait le précédent sans prendre le temps de souffler à aucun moment, comme si l'on choppait le train en route... en s'accrochant désespérément à la barre, parce que ça remue non-stop jusqu'à la dernière seconde. Expérimental jusqu'au bout des ongles et ayant compris que s'il voulait garder son public, il devait y aller beaucoup plus fort, beaucoup plus loin, avec une irresponsabilité morale encore plus affichée. Le fond, tout le monde s'en cogne puisque le gros de l'intrigue est emballé dans les quatre premières minutes et semblera clignoter tout du long comme un néon au dessus de sa star avec ''Pretexte'' écrit dessus ! Le prétexte, c'est donc qu'à l' instant où Chev Chelios s'écrase sur le sol, suite à sa chute d'hélicoptère, un gang de mafieux chinois le décolle du bitume avec une grosse pelle pour lui voler son cœur. Un cœur d'étalon, un cœur résistant, qui a survécu aux pires épreuves, et qui conviendra parfaitement au parrain des parrains, une sorte de Fu-Manchu de 120 ans qui refuse de casser sa pipe. Mais Chev revient à la vie, avec un cœur artificiel de substitut. Et lorsqu'il entend que ses chirurgiens avaient également prévus de lui couper la quéquette, son sang ne fait qu'un tour, avec pour résultat de casser la gueule à tout le monde.
L'histoire c'est ça, et il ne faudra pas chercher plus loin... heureusement ! On assiste à ce moment là à une espèce de road-movie cumulant des séquences encore plus improbables à tour de bras. 1000 idées à la minute, sans queue ni tête, qui se subissent sur le moment pour une expérience globale qui offre cette inexplicable sensation de bien-être hystérique. Un truc de sale gosse, fou, dont il est impossible d'avoir retenu tous les égarements et qui se fout finalement de savoir si vous l'appréciez ou pas (voire un plan final particulièrement significatif)... Cascades improbables, baise sur un hippodrome, shotgun sodomite, baston façon sentai, motard atteint de Tourette et bien plus encore de personnages hystériques/violents/nymphomanes qui se bousculent à 200 à l'heure dans une espèce de délire façon Jackass (mais en mieux) et qui s'enfile comme un rail de coke, sans les inconvénients ! Du concentré de psychédélisme en barre à réserver aux gens de bon gout. Tant pis pour les autres !