Jurassic World 3 Le Monde d’après : Digne conclusion ou épilogue inutile ? Critique
Le 07/06/2022 à 11:35Par Pierre Champleboux
Après un premier film qui ressemblait surtout à un remake du premier Jurassic Park dénué d’ingéniosité, après un deuxième épisode inégal mais réjouissant, teasant un troisième opus qui nous montrerait cette fois-ci un monde envahi par les dinosaures, Jurassic World : Le Monde d’Après débarque avec la ferme intention d’offrir un chapitre final aux franchises Jurassic Park et Jurassic World. Pari réussi ?
Jurassic World : Le Monde d’après propose un spectacle enthousiasmant, bourré de clins d’œil habiles et efficaces, de scènes et de péripéties rocambolesques encore inédites dans la saga et nous offre enfin le retour des héros de 1993.
Si le film aurait gagné à avoir un rythme plus posé, s’il trahit quelque peu sa promesse de nous montrer un monde envahi par les dinosaures, et si le génie créatif de Spielberg reste sans surprise bien supérieur à celui de Trevorrow, Le Monde d’après n’en demeure pas moins une belle conclusion à l’inégale saga Jurassic World, doublée d’un sympathique revival du Jurassic Park originel.
Les haters vont détester, ceux qui sont venus retrouver Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Laura Dern, Sam Neil, et Jeff Goldblum se frotter à des dinosaures sans s’attendre à un chef d’œuvre devraient quant à eux être satisfaits.
Un scénario audacieux
S’ouvrant sur un reportage qui résume les événements survenus dans l’épisode précédent, Jurassic World Le Monde d’après déroule ensuite deux storylines distinctes qui ont beaucoup plus en commun que ce que nous sommes initialement amenés à croire.
Sans tarder, le film convoque les personnages du premier Jurassic Park, avec en tête, Ellie Sattler (Laura Dern) qui mêne aux côtés d’Alan Grant (Sam Neil) l’une des deux intrigues, centrée sur une enquête autour des agissements de la firme BioSyn et des répercussions désastreuses causées sur l’environnement.
Une invasion de criquets mutants détruit les récoltes dans les campagnes américaines, menaçant de provoquer la famine chez les humains, et Alan et Ellie comptent bien prouver que BioSyn est derrière tout ça.
Cette intrigue, située dans un univers où les dinosaures sont désormais en liberté et font l’objet d’un marché noir, pourrait suffire à construire un film. Mais il reste d’autres arcs narratifs à clore, et d’autres visages familiers à retrouver.
De leur coté, les deux héros de Jurassic World (Chris Pratt et Bryce Dallas Howard) se retrouvent contraints de sortir de leur retraite pour retrouver Maisie Lockwood (Isabella Sermon), la jeune clone humaine qu'ils ont adopté après les événements de Fallen Kingdom, kidnappée par ceux qui l’ont créée.
Pour retrouver leur fille, Owen et Claire vont devoir se changer en véritables aventuriers et se lancer dans une course contre la montre à travers le globe, tandis que de leur côté, Grant et Sattler s’infiltrent tels des agents secrets dans les locaux de la société qui fait joujou avec la génétique. Les deux intrigues, plutôt surprenantes de prime abord, se complètent à merveille et finiront bien entendu par se rejoindre, amenant avec intelligence la rencontre de l’ancienne et de la nouvelle génération de personnages.
Cadillacs and Dinosaurs
Étonnamment, la première partie de Jurassic World : Le Monde d’après ressemble à s’y méprendre à un blockbuster d’espionnage, avec notamment une course-poursuite en moto dans les rues de La Valette, incluant des dinosaures lâchés aux trousses de Chris Pratt, et Bryce Dallas Howard faisant la bagarre avec une méchante très méchante.
Si certains lèveront les yeux au ciel face à ce spectacle inattendu et presque incongru, d’autres (dont nous faisons partie) se réjouiront de découvrir un film d’aventure ponctué de séquences d’action aussi décomplexées que jouissives, emballées avec une certaine forme de naïveté qui n’est pas sans rappeler le ton et la fantaisie de La Momie de Stephen Sommers et sa suite. On est très loin du Jurassic Park de 1993, mais on a de quoi se régaler tout en dégustant un paquet de pop-corn caramélisé.
Nous revoilà dans la voiture !
Une fois passée cette première partie menée tambour bâtant, Colin Trevorrow réunit ses personnages et décide de se livrer à une sorte de (nouveau) remake de Jurassic Park.
L’unité de lieu change (tout le monde est de nouveau prisonnier d’une sorte de parc où tout déraille) et on retrouve bien vite des séquences déjà vues : héros coincés dans une voiture retournée et menacés par des dinosaures, un "méchant" lâche qui tente de fuir et se retrouve rattrapé par un dinosaure familier… On est sur une sorte de maxi-best-of remasterisé de ce qui a fait le succès du film de 1993, toutefois mieux fichu et plus divertissant que ce qu’à pu montrer le premier Jurassic World, dans lequel Trevorrow s’essayait déjà à l’exercice.
Revoir Alan, Ellie et Ian (Jeff Goldblum) se frotter aux dinosaures est un plaisir immense, et si cette partie sent parfois le réchauffé, elle montre tout de même bon nombre de dinosaures encore jamais vus dans la saga, tout en permettant aux personnages de Masie et Kayla (campée par une DeWanda Wise impeccable en Crocodile Dundee filoute au grand cœur) de s’épanouir et d’exister au sein de ce Scooby Gang menacé par les sauriens.
Le monde d’après… c’était mieux avant ?
Jurassic World : Le Monde d’après n’est pas un chef-d’œuvre. Ce spin-off aux allures de fan-film de luxe a tous les défauts des précédents films de la saga Jurassic World, mais il offre une prolongation plus que correcte de la franchise et réussit là où les autres suites de Jurassic Park n’avaient pas visé juste.
Tandis que Spielberg avait échoué à rendre spectaculaire l’arrivée d’un T-rex à San Diego dans Le Monde Perdu, Trevorrow est parvenu à créer des séquences réussies de dinosaures évoluant dans notre monde. Même le personnage de Ian Malcolm, bien qu’étant désormais une sorte d’extension Jeff Goldblum, est plus proche de ce qu’il était dans le premier Jurassic Park que ce qu’on avait pu voir dans The Lost World.
Le scénario de Derek Connolly et Trevorrow est l’une des très bonnes surprises de ce film. En se replongeant dans les racines du roman Jurassic Park, teintées de techno-thriller, pour les actualiser en dissertant sur les risques liés aux manipulations génétiques (thème déjà évoqué dans le précédent opus, mais davantage développé ici), ce script parvient à créer quelque-chose qu’on n’aurait pas été surpris de retrouver dans un livre signé par Michael Crichton.
Alors certes : Jurassic World 3 ne contentera pas tout le monde. Inégal, trop rapide, tentant de clore deux trilogies en un seul film, ce blockbuster s’égare par moments. Mais ce chapitre final parvient à clore de façon spectaculaire, respectueuse et généreuse la saga initiée il y a presque 30 ans.
Jeff Goldblum et Bryce Dallas Howard chantent Jurassic Park